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Je ne voulais même pas y aller, à cette fête, mais j'y suis pour trois raisons : Cédric m'a invité et c'est le seul mec que je peux considérer comme un pote depuis la rentrée en Terminale dans le nouveau lycée. Deuxièmement, il y a de l'alcool. Donc bien sûr j'ai bu comme un trou dès que j'ai mis le pied chez Cédric et ce n'était pas comme s'il allait m'en empêcher, contrairement à Gemma. Troisièmement, je savais que Florence y serait. Florence, elle est jolie. Un jour, en cours d'anglais, on s'est regardés et j'ai senti un truc. On ne s'est jamais adressé la parole mais je me dis que j'ai encore le temps parce qu'on n'est que le douze Septembre.

Il était presque minuit et le grand salon de l'appart de Cédric est bondé de monde. Il fait chaud et tout le monde danse et la musique est forte parce qu'il a une énorme Boom box. Si j'étais son voisin, j'aurais appelé la police sans aucune gêne.

Je n'aime pas trop danser. Quand j'ai rejoint Cédric et ses potes avec mon énième verre en main, j'ai quand même remarqué que je hochais la tête au rythme de la musique disco. Cédric m'a demandé si je comptais danser, j'ai dit non. Il m'a demandé si je comptais draguer, j'ai dit non alors qu'en fait oui. Il m'a dit qu'il me donnait exactement trente minutes avant de me voir danser collé-serré avec une fille, alors j'ai rigolé et j'ai dit que je n'étais pas là pour ça, puis il m'a dit qu'il avait un plan.

Jusqu'ici, les gens dansaient sur L'Aventurier d'Indochine, mais quand il a mis une autre cassette, l'ambiance a changé du tout au tout. Il y a eu des cris et puis tout le monde s'est mis à chanter en chœur, un brouhaha de voix fortes et de voix fausses, surtout les filles. Dès que la première phrase a retenti, j'ai senti que la soirée allait être longue. Un peu spéciale, elle est célibataire, le visage pâle, les cheveux en arrière, et j'aime ça. Ma mère, elle adore Marc Lavoine mais mon père déteste, donc quand il y a Elle a les yeux revolver à la radio, elle a exactement quinze secondes pour se réjouir avant que mon père change de chaîne.

Cédric m'a fait remarquer que Florence était toute seule dans un coin du grand canapé, alors je lui ai demandé ce que ça pouvait me faire. Il m'a dit d'aller lui parler, j'ai dit que je voulais un autre verre avant, et il m'a poussé donc j'ai atterri devant elle et j'ai eu l'air d'un idiot. Elle aussi, elle avait un verre à la main et une jambe croisée sous ses fesses. Je vois bien qu'elle a fait un effort avec ses cheveux châtain parce que son brushing est particulièrement bouffant. Florence, elle est un peu bronzée et puis elle a les yeux noisette et un visage rond. J'ai décidé de m'asseoir près d'elle et j'ai posé mon verre sur une petite table. Elle m'a regardé, attendant sans doute que je fasse le premier pas. C'est la première fois qu'on se retrouve tous les deux et c'est aussi la première fois que j'ai vraiment l'occasion de lui parler. Elle s'assoit loin devant en classe et je ne la vois jamais dans les couloirs.

Elle attend que je parle, mais si je parle, je sais que je vais sortir la pire réplique de toute l'histoire des premières répliques. Comment je le sais ? Là, dans ma tête, tout ce qui me vient à l'esprit, c'est : T'as les yeux revolver, t'as le regard qui tue. Donc voilà, je garde ma bouche fermée et je me contente de la regarder.

« Ça va? » elle a finalement demandé, et pour toute réponse j'ai acquiescé. Je me suis senti trop con alors j'ai parlé.

« Je m'emmerde un peu. T'avais l'air seule. »

« Je m'emmerde aussi. »

« Ah. Tu veux... »

Elle m'a interrompu en s'approchant et en agrippant le col de mon tee-shirt pour m'attirer à elle. Sans que je le réalise, mes lèvres se sont retrouvées sur les siennes et puis on s'embrassait. Je suis content parce que je n'ai rien eu à prouver et que je n'ai pas eu d'efforts à faire. Je dis ça parce que je n'aime pas travailler, c'est tout. Florence, ce n'est pas la première fille que j'ai embrassée, mais c'est la première qui se lance avant moi. Et c'est la première fois que ça me plaît, je crois. Et elle aussi, elle me plaît, parce que ça prend des couilles pour faire ce genre de choses. Peut-être qu'au final ce qui me plaît c'est les gens avec des couilles, bref.
Quand la musique change, on ne s'est toujours pas lâchés. Ça recommence à danser, quelqu'un a ouvert une fenêtre, et il y a un peu de vent frais qui est entré. J'ai senti que quelqu'un s'asseyait à côté de moi. Peut-être qu'on nous regardait mais je m'en fiche. Entre temps, elle avait posé son verre quelque part pour s'en libérer, puis sa main s'est posée sur ma joue.
Je ne sais pas trop combien de temps s'est écoulé, mais c'était probablement assez de temps pour qu'un mec normal ait envie d'aller plus loin. Surprise : je n'ai pas envie d'aller plus loin. On s'embrasse et c'est bien. Je sens qu'on secoue mon épaule et j'entends Cédric :

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