Quand je me suis réveillé le lendemain matin, j'ai constaté l'ampleur de la connerie que je venais de faire. J'ai mal à la tête et j'ai soif. J'étais au lit, couvert jusqu'au cou, je sentais son bras contre le mien, sa peau brûlante. Il dormait profondément et je pouvais le sentir respirer. J'ai ouvert les yeux pour de bon, j'ai regardé autour de moi. Ma chambre est baignée de lumière parce que je n'ai pas fermé les volets, la veille. Ça sent le café, alors il ne doit pas être extrêmement tard. J'entends quelque chose, dehors. Dans la cuisine, ma mère mangeait sûrement son petit-déjeuner parce qu'il y a les couverts qui claquent entre eux et une cuillère qui tourne dans une tasse en céramique. Elle est toute seule, donc mon père n'est pas là. J'ai regardé le plafond pendant ce qui m'a semblé être une éternité, et je pensais. Je pensais à ma mère. Je me suis souvenu qu'hier, je m'étais mis dans la tête que j'allais tout lui dire, parce que je n'aime pas lui cacher des choses – quand j'essaie de le faire, même si ce n'est pas mal intentionné, elle est toujours triste. Elle me dit toujours que je peux tout lui dire et qu'elle ne se fâchera pas, mais, quoi, c'est ma mère, je ne vais pas tout lui raconter. Pourquoi ? Je ne sais pas, c'est comme ça, c'est tout. Et je ne suis pas prêt à ce qu'elle me voie autrement. Donc, quand je l'ai entendue se diriger vers ma chambre, j'ai remonté le drap encore plus haut pour qu'elle ne voit pas Louis et j'ai fermé les yeux. Elle a ouvert la porte, s'est assurée que j'étais bien rentré de la soirée, et elle est retournée dans la cuisine. J'ai baissé le drap et j'ai soupiré. Quand je dis que je suis un lâche, ce n'est pas pour rigoler.
Louis s'est réveillé un peu après. Il a seulement ouvert les yeux mais il n'a pas bougé. On s'est regardés, et je n'ai pas su quoi dire donc je me suis contenté de regarder le plafond comme le dernier des imbéciles.
Je me suis souvenu qu'il m'avait dit qu'il ne voulait rien de sérieux et que, certainement, ça m'arrangerait. Je mentirais si je disais que ça ne m'aiderait pas. Temporairement, du moins.
« T'as bien dormi ? » Il a demandé. « Je t'ai pas trop soûlé cette nuit ? J'sais que je bouge. On me le dit toujours. »
« J'ai rien remarqué. Tu m'as gardé au chaud, j'aime bien. »
« Pff. »
Je me suis levé et j'ai pris mon paquet de clopes qui traînait sur mon bureau. Il ne m'en restait qu'une, alors j'ai pris mon briquet et j'ai ouvert la fenêtre en grand pour fumer vers l'extérieur. Je me suis un peu penché pour voir la rue et éviter d'avoir à le regarder, lui. Il faisait froid, parce qu'on est en novembre, maintenant, mais je m'en fiche. Une moto qui est passée, puis un énorme camion, et la pollution m'a frappé en pleine gueule. J'ai tapoté ma cigarette sur le bord de la fenêtre pour faire tomber les cendres et je lui ai parlé, enfin.
« T'as faim ? »
« Pas trop, mais faut que j'aille pisser. » Il a commencé à se lever et j'ai dû le stopper.
« Non, attends un peu. Ma mère part dans quelques minutes. Et je te ferai à manger, après. »
« D'accord. »
Il s'est recouché et j'ai fermé les yeux un instant.
« Pourquoi ta sœur s'est énervée, l'autre jour ? »
« J'sais pas. Elle aime bien prendre des décisions pour moi. »
« Elle est plus jeune que toi. »
« Seulement sur son certificat de naissance. »
« Même ta mère était plus cool. »
« Ma mère. » Il a rigolé. « Elle est pas de ce monde. »
« Comment ça ? »
« J'sais pas, elle est ailleurs, elle réalise pas ce qui arrive autour d'elle. Ça l'accable, ce qui se passe, donc elle se distance de nous... 'Fin, de moi. »
VOUS LISEZ
Partenaires Particuliers
Ficción GeneralC'est les années 80 en France. Harry Styles, dix-sept ans et la tête pleine de questions en tout temps, vit une vie des plus simples. Il est un peu perdu et cherche encore à savoir qui il est vraiment, lorsqu'il fait la rencontre de Louis, un jeune...