huit.

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Je savais que je n'aurais pas pu supporter cette soirée si je n'avais pas bu au moins un peu. Avant qu'on sorte, j'ai fait descendre le long de ma gorge tant bien que mal le peu d'alcool qui restait dans la première bouteille. Ça m'a brûlé, mais tant mieux.

   Dans le bus, Florence retouchait son maquillage devant un petit miroir de poche. Louis était assis à sa droite, moi à sa gauche. Et heureusement. Parce qu'à cette heure-ci, le bus est rempli de vieux pervers et de gens douteux qui la regardaient sans gêne et qui l'auraient déjà attaquée si Louis et moi on n'était pas là. Ça m'a dégoûté. Quelle galère ce doit être, d'être une fille.

***

   Vers minuit, quand ma tête tournait et que Party All the Time résonnait dans mes tympans, j'ai fait l'erreur de m'asseoir sur un vieux fauteuil en cuir déchiré, près du jukebox qui ne fonctionne plus. Tout le monde dansait, et entre les coiffures folles et les vêtements flashy, j'y ai vu Louis et Florence. Partenaires de danse, ni plus ni moins. Ils bougeaient ensemble, elle dansait, les yeux fermés, les cheveux dans tous les sens. Louis repoussait les mecs qui essayaient de la toucher et bizarrement, comme c'est Louis, lui-même un homme, qui leur dit de dégager, ils respectent, alors qu'on sait très bien que toute seule, Florence ne s'en serait pas sortie.

   Je me suis dit qu'on vivait quand même dans une putain d'époque, qu'il n'y en aurait pas deux comme celle-ci.

  Eddie Murphy hurle dans mes oreilles, My girl wants to party all the time, party all the time, party all the time, et moi je ne regarde que lui.

Girl I've seen you in clubs, just hanging out and dancing

You give your number to every man you see

Un homme s'est approché de Louis, il s'est arrêté derrière lui, je crois qu'ils se connaissent, parce qu'il a placé sa main sur son biceps, il l'a embrassé dans le cou. Louis a seulement tourné la tête, il l'a embrassé sur les lèvres en caressant sa nuque.

You never come home at night because you're out romancing

I wish you'd bring some of your love home to me

L'homme a pris ses aises, il a posé son autre main contre le ventre de Louis en l'attirant vers lui. J'ai vu Louis sourire, puis il s'est éloigné en le repoussant tout doucement.

    Je crois qu'il valait mieux que j'arrête de l'observer. Ça ne me fait que du mal. Je ne suis pas le seul à être prêt à lui donner mon coeur sur un plateau en or parce que le trois-quart de la communauté gay de Lyon est à ses pieds aussi.

   Une fille est venue s'asseoir près de moi. Elle avait les cheveux noirs, très frisés, et un grain de beauté au-dessus de la lèvre.

« T'es tout seul ? »

    Je n'ai pas répondu, je me suis contenté de désigner la piste d'un mouvement de tête approximatif. Je crois qu'elle l'a pris pour un oui.

« Tu danses ? » C'est quand elle a dit ça que j'ai entendu son accent. Ça m'a fait hésiter, mais si on peut parler du Sud ensemble alors pourquoi pas.

« Oui. » Je me suis levé. « Comment tu t'appelles ? »

« On s'en fiche, viens danser. »

   Bah d'accord. On a dansé. Alors j'ai fait de mon mieux, même si je n'étais pas tellement d'humeur. Après quelques minutes elle m'a demandé si ça allait, j'ai dit oui, elle a souri et elle a pris mes deux mains dans les siennes pour me faire danser. J'ai souri, aussi, parce que j'appréciais ses efforts et que ce serait con d'être le mec qui lui gâche sa soirée. Aussi, elle a un beau sourire.

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