En cours d'anglais, je me suis assis au premier rang parce que la prof m'adore. Il y a de quoi. Mon père vient de Birmingham et elle aussi. Elle se sent dépaysée en France et je suis la seule chose qui lui rappelle sa ville et son pays, parce que je comprends tout, que j'ai l'accent et que je sais de quoi elle parle quand elle donne son cours. J'ai toujours eu 20 de moyenne en anglais et je crois que c'est ce qui a sauvé ma moyenne générale toute ma vie. C'est un avantage injuste parce qu'ici, ils ont tous le même niveau nul, mais qui suis-je pour me plaindre ?On lisait un texte et la prof commençait à s'impatienter parce qu'un mec assis loin derrière lisait avec un accent abominable et butait sur ses mots comme s'il le faisait exprès.
« Thank you, Louis, that'll do. »
Elle m'a demandé de poursuivre la lecture après l'avoir interrompu. J'ai vite trouvé la ligne et j'ai lu à voix haute.
« The current London Bridge was designed by architect Lord Holford and...»
« Comment il se la pète avec son accent ! 'Scuse nous, Prince Harry. »
Alors là.
Je me suis retourné et je l'ai vu.
Le mec de la soirée. Mon cœur a fait un bond, j'ai cru qu'il allait sortir de ma poitrine. Il était là et il me regardait avec un sourire complice et j'ai compris qu'il ne se moquait pas vraiment de moi. Il voulait seulement que je le regarde. Et quel regard il a. Ses yeux brillent autant que la première fois.
« I beg your pardon, Mister Tomlinson? » La prof s'est indignée. « That's how he speaks! Et il parle mieux que vous tous ! »
« Certes. Mais il se la pète, on est d'accord ? »
« Oh, really? Should he fake a bloody French accent just to please you? »
« Moi j'suis pas contre. »
La cloche a sonné. Je n'ai pas bougé de ma table. Les gens ont commencé à ranger leurs affaires et sont sortis petit à petit. Moi, j'ai bien pris mon temps pour réorganiser mon classeur, ranger mes feuilles, ma trousse, tant et si bien que lorsque j'ai terminé je me suis retrouvé seul. La prof était encore là, elle rangeait elle aussi.
J'ai senti qu'on s'approchait de moi, alors j'ai tourné la tête, et il était là. Assis sur la table à me regarder de haut.
« Salut. »
« Salut. » J'ai répondu, hésitant.
« T'as quoi comme cours, après ? »
« Euh... Histoire. »
Il a fait un signe pour dire « c'est mort » et m'a dit de venir avec lui pour fumer dehors. Je n'ai rien dit, et il a dit qu'il avait de l'herbe et des feuilles alors par automatisme je me suis levé. Il a regardé la prof, elle nous a regardés et j'ai cru un instant qu'elle allait nous balancer mais non :
« Well go on then! Out. »
Et out, on est allés.
On a marché en silence jusqu'au portail, on a quitté le lycée et bizarrement, à ce moment-là, je ne réfléchissais plus. Je savais juste que je marchais avec lui et que ça ne me faisait rien de sécher. Même quand il marchait, il avait du rythme. Ce type est trop bien dans sa peau.
Il faisait encore chaud dehors. Il y avait un parc, pas loin, alors on s'est assis sur un banc. Pas sur le banc, en fait, mais sur le dossier. Il a ouvert la petite poche de son sac et il en a sorti de quoi faire un joint. Il m'a demandé si j'avais du feu, j'ai sorti mon briquet et je lui ai donné.
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Художественная прозаC'est les années 80 en France. Harry Styles, dix-sept ans et la tête pleine de questions en tout temps, vit une vie des plus simples. Il est un peu perdu et cherche encore à savoir qui il est vraiment, lorsqu'il fait la rencontre de Louis, un jeune...