Chapitre 7 - Donne-moi un peu de temps.

390 31 2
                                    

Aurélien toqua doucement contre la porte de la chambre d'hôpital de Guillaume et attendit quelques instants avant d'entrer. Il le trouva allongé sur le lit, en train de regarder un documentaire sur l'Amazonie, et malgré le serrement qu'il sentait dans son cœur il esquissa un petit sourire. Aujourd'hui, ça faisait deux semaines que Guillaume était réveillé.

« Et bien ! rit-il en s'approchant de Guillaume et s'arrêtant à côté de son lit, se tournant vers la télévision. Je vois que tu as enfin réussi à leur faire comprendre le genre d'émissions que tu aimais, hein ? »

Il se tourna vers Guillaume et lui sourit, le cœur lourd. Il devait rire, sinon il s'effondrerait. Et il se devait d'être fort pour son meilleur ami. Celui-ci arrêta de regarder son documentaire une demie-seconde pour le regarder et après lui avoir lancé un regard froid, Guillaume se tourna de nouveau vers la télévision. Aurélien sentit ses yeux le piquer et tourna les talons, prétextant le fait de devoir rapprocher la chaise appuyée contre le mur du lit pour se passer une main furtivement sur les yeux. Il ne devait pas laisser le comportement de Guillaume l'attrister à ce point. Si ça se trouve, c'était seulement parce qu'il ne pouvait pas parler normalement avec lui qu'il avait l'impression qu'il l'ignorait ? Et pourtant, une petite voix lui répétait qu'il ne se comportait pas ainsi lorsque les autres étaient présents. Alors pourquoi il lui faisait ça ? Comme s'il voulait lui faire regretter de vouloir s'occuper de lui. Le culpabiliser d'être là.

« Alors, reprit-il en forçant un sourire sur ses lèvres, comment va le grand Guillaume Tranchant aujourd'hui ? »

Il fut récompensé de ses efforts par un long soupir et... Il n'avait pas rêvé, c'était un soupir. Il resta bouche-bée, oubliant ce qu'il voulait dire ensuite et dévisagea Guillaume qui lui resta les yeux rivés sur la télévision. Ses yeux se remplirent de larmes et il baissa la tête, honteux. Il ne put retenir un sanglot et il entendit plus qu'il ne vit Guillaume faire un mouvement sur le lit à côté de lui.

« Pourquoi tu fais ça, Gringe ? »

Il releva le visage, les larmes coulant à présent sur ses joues, et planta son regard dans celui de son ami qui le regardait à présent avec un regard coupable sur le visage.

« Pourquoi j'ai l'impression que tu ne veux pas que je sois là ? Que tu m'en veux pour quelque chose ? Tu sais, si je suis là, c'est parce que tu es important pour moi ! dit-il en haussant la voix et en se levant subitement, faisant sursauter son ami. C'est parce que ça me parait important d'être à tes côtés durant une telle épreuve ! Mais si je t'embête... Si tu préfères que je partes... alors fais-le moi savoir et je partirai ! »

Aurélien le regarda, essoufflé. Il avait essayé de ne pas s'emporter mais ça avait été trop dur. Ça faisait deux semaines qu'il se sentait rejeté, non-voulu... alors que tout ce qu'il voulait faire, lui, c'était l'aider. Il vit un éclair de panique traverser le regard de Guillaume et ses traits se radoucirent en un air coupable.

« Gringe... Est-ce que tu veux que je parte ? » demanda-t-il, les larmes aux yeux, en se rapprochant du lit.

Guillaume releva la tête vers lui et il le vit secouer la tête précipitamment.

« Désolé Orel, dit ce dernier en butant sur ses mots, comme s'il les prononçait pour la toute première fois de sa vie. Je ne beux pas que tu tartes. »

Aurélien haussa les sourcils en entendant enfin sa voix, après tout ce temps. Il se rassit et prit sa main dans la sienne, la serrant doucement entre ses doigts.

« Me daisse pas, s'il-te-blait, dit Guillaume brusquement en serrant sa main en retour.

— Non... Non, Gringe. Je te laisserai pas. Mais je ne veux pas que tu me fasses sentir comme si tu voulais que je disparaisse. Ça fait mal, expliqua-t-il en regardant son ami d'un air sérieux.

— Désolé, je suis gon. »

Aurélien lui offrit un petit sourire. Sa voix était enrouée et il butait sur certaines consonnes. Il comprenait maintenant où l'orthophoniste rentrait en jeu.

« Oui, tu es con Gringe. Avec un c. »

Gringe rougit, embarrassé, et il lui lança un petit sourire narquois.

« Je sais que t'aimes pas être en position d'infériorité mon pote mais là, va falloir que tu prennes sur toi encore quelques temps si tu veux être en capacité d'utiliser tout ton vocabulaire et pouvoir m'insulter. »

Guillaume lui lança un regard noir et leva les yeux au ciel, ce qui le fit rire.

« Il faudra beaucoup de patience et de temps... mais j'en ai justement à revendre, hein ? continua-t-il d'une voix douce. Pour toi, j'ai tout le temps. Tant que tu voudras de moi. »

Guillaume le dévisagea d'un air surpris avant de lui sourire et de se rallonger dans le lit sans jamais le quitter des yeux. Oui, il faisait la promesse de rester à ses côtés tant qu'il le voudrait, jusqu'à ce qu'il soit complètement rétabli.

Fiction OrelxGringe - Jusqu'où tu m'aimes ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant