Chapitre Un: L'Arrivée

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   Je descend de la voiture et une légère brise effleure mon visage. Nous savons tous pourquoi on est là, ce qui va se passer. C'est peut être pour ça que personne ne parle.

  Quand j'ai su la nouvelle, j'étais très triste. Papy était génial. C'était quelqu'un de compréhensif, drôle et indépendant, un grand père qui offrait des bonbons à ses petits enfants malgré l'interdiction des parents, un grand père qui rassurait quand personne n'en avait le temps, un grand père qui racontait des histoires mieux que quiconque. 
Un grand père avec qui on peut s'amuser, raconter sa vie sans être jugé, avec qui on peut être soi-même...

  Et maintenant, malgré sa joie de vivre, malgré la force de sa détermination, il n'est plus là.

  Crise cardiaque, ont-ils dit. Il est tombé au milieu du jardin et ne s'est pas relevé. Au fond c'est peut être mieux comme ça, il va reposer avec Mamy, la seule personne qu'il n'ai jamais accepté dans sa vie. Il m'a dit une fois de rêver de liberté, de voyage... 

  Je lève la tête vers le ciel et lui souhaite, par pensée, un bon voyage vers l'au delà.

  J'espère qu'il retrouvera Mamy et qu'ils continueront à être heureux ensembles.

  J'espère aussi qu'il pensera à nous, mon frère et moi. Et à ma mère, sa fille. En tout cas il peut compter sur nous pour penser à lui.

  L'enterrement va se passer après demain. On est arrivé cet après midi et nous allons dormir dans son ancienne maison pour les deux nuits. Moi, mes parents et mon frère Théo.

-Les fleurs! Albert aurait pu en prendre soin! Quand Marguerite était là, elles n'étaient pas dans un si triste état! S'exclame mon père.

-Et bien t'as qu'à t'en occuper toi Fabrice! Soupire ma mère, Élodie. Allez les enfants, on entre. Théo dépêche toi.

  Ma mère est un peu froide. En même temps, elle va aller à l'enterrement de son père. Si je trouve ça triste, je n'ose pas imaginer ce qu'elle éprouve. Elle pensait qu'il avait encore du temps devant lui, il n'était pas si âgé! Comme Mamy! Mais sa mort à elle n'était pas vraiment une surprise. Elle tombait souvent malade, elle se sentait faible et délirait un peu... Quand on passait la voir elle nous parlait de la fin, d'esprits, de choses étranges et formulait parfois des phrases incompréhensibles entre celles qui donnaient la chair de poule.

  Ma mère déverrouille la porte avec une clé puis l'ouvre avec un petit bruit. Nous entrons dans la maison chacun son tour. La porte, blanche en bois ne grince pas contrairement à ce que je me suis imaginé pour la maison d'un mort. En même temps une maison c'est une maison, que quelqu'un soit mort dedans ou pas! Je me fais vraiment des idées... Papy m'a toujours dit que j'avais une imagination féconde.

  L'entrée mène dans un long couloir avec une série de portes. Je suis déjà allée ici plusieurs fois, mais jamais pour dormir.

  Encore moins sans un de mes grands parents... Rien que d'y penser j'ai les larmes qui me montent aux yeux...

  J'allume la lumière qui éclaire le couloir, avec son parquet noir et ses murs en papier peint blanc cassé. Je ne trouve pas ça très beau. Ma grand mère aimait cette décoration et mon grand père en avait strictement rien à faire.
 La lampe de couleur verte se balance légèrement, entourée de quelques toiles d'araignées. La peinture du plafond tombe un peu en lambeaux. Cette maison semble souffrir de la mort de son dernier propriétaire... Comme si elle allait mourir avec lui et qu'aucune trace ne resterait de mon grand père.

  J'avance et me dirige vers la grande entrée qui mène au salon. Passant la tête devant, je remarque que la fenêtre est grande ouverte! Sûrement ce qui faisait bouger la lampe! Mais pourquoi est elle ouverte? Peut être qu'elle est cassée et qu'elle s'ouvre toute seule? Peut être que mon grand père aérait quand il est sorti et qu'il est... Qu'il est... Tombé.

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