Chapitre Dix: Nouvelle Arrivée

31 4 0
                                    


N'est ce pas mieux?

Je commençais à ne plus supporter cette maison.

Je suis dans la voiture, le silence règne. Mes parents me jettent des coups d'œils inquiets. En même temps leur fille, qu'ils ont retrouvé à la gendarmerie, devient folle alors c'est compréhensible... 
Même mon frère ne dit rien, ce qui est troublant.
Quand à moi, j'essaie de mettre de l'ordre dans mes souvenirs.

Je vais être suivie par un psychiatre qui va essayer de comprendre ce que j'ai. J'aimerais bien comprendre moi aussi! J'ai l'impression d'avoir une double personnalité ou quelque chose du genre! J'ai peur de faire du mal aux gens autour de moi à n'importe quel moment alors je me recroqueville dans mon siège et regarde par la fenêtre.

-Papa? Dis-je enfin.

-Oui ma chérie?

Ma chérie. Ce mot sonne mal dans sa bouche crispée. A-t-il peur de moi? C'est vrai que pour nous tous, l'hôpital psychiatrique est un endroit où vont les gens complètement fous qui passent leur temps à baver ou à griffer des murs.

-C'était où la rue dans laquelle la police m'a retrouvée? Je continue.

Il marque une pause puis me répond.

-Une à une vingtaine de kilomètres de la maison de papy, je ne me souviens plus de son nom. Réponds ma mère à sa place.

-Normalement on met des heures pour y arriver à pied! Ajoute mon père.

"Normalement". 
Je ne suis pas normale, voila ce que j'ai entendu.

-Papa, maman, j'ai peur.

Je comprends à leur silence qu'ils ne savent quoi me répondre.



J'entre et je suis éblouie par la lumière. Encore? J'en ai assez de la lumière, je voudrais vivre dans le noir.

On m'a accueillie puis on m'a montré ma chambre. Mes parents vont rentrer à notre vraie maison, ils viendront me chercher le week-end. Je devrais rester ici la nuit pendant toute la semaine car c'est trop loin.
Quand j'ai su ça, je leur ai demandé si il n'y avait pas d'hôpital psychiatrique plus proche de chez nous.
Apparemment non.
Je hais ce monde.

Puis je suis passée voir ma psychiatre, le docteur Them. Elle m'a expliqué que les personnes ici ne sont pas des psychopathes et ne sont pas débiles, mais ce sont juste des gens qui ont besoin d'aide.
Et ce qu'elle nous a dit, à moi et mes parents (mon frère jouait dans une pièce à part) était plutôt troublant.
"Écoutez, j'ai bien étudié son cas et votre fille ne présente aucune maladie mentale. Elle ne va pas bien certes, mais j'ai plus l'impression que c'est du à un choc qu'à autre chose. Bien sûr nous la garderont ici jusqu'à que son cas s'améliore."

Alors d'après elle, je ne suis pas folle. Et cette histoire de choc, ça veut dire quoi? Apparemment on est lundi, j'ai loupé l'enterrement de mon grand père.
Je ne sais pas si c'est une mauvaise nouvelle.


Il fait nuit noir dehors, silence dans l'hôpital. On m'a donnée quelques médicaments pour que j'évite de faire une nouvelle "crise" comme ils l'appellent.
Je n'arrive pas à dormir, je ne sais pas ce que j'ai. Je ferme les yeux et tente de me glisser dans mes pensées, ce flux qui ne s'arrête jamais, pour qu'elles m'emmènent au pays des rêves. Sans succès.

-Pssss!

C'est quoi ce bruit? Sûrement un robinet. Ou un chat. Oui, ça doit être un chat. Pourtant il n'y a pas de chats ici!

-Psssss!!!

Faut croire que oui. Ils ne peuvent pas faire taire leur chat?

-Hé!

-Ah!

C'est pas un chat. C'est quelqu'un. Une personne dont je ne vois que l'ombre et les yeux brillants se tient à côté de mon lit.

-Mais qu'est ce que...

Je n'arrive pas à terminer ma phrase.

-Chuuut! Tu vas nous faire repérer!

La personne me parle. Nous faire repérer... Par qui?

-Mais... je... 

-Écoute, à minuit tu vas dans la salle à manger. Ok?

La personne ne me laisse pas le temps de répondre et sort de la pièce. À la lumière de la lune venant d'une fenêtre au plafond du couloir je la vois. C'est une jeune fille aux longs cheveux roux attachés en couettes de chaque côtés de la tête.

Je regarde l'heure. Vingt-deux heures trente-sept.
Ok. Faut juste pas que je m'endorme.

Histoires De MinuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant