Chapitre Quatre: Confusion

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  Ça fait combien de temps que je suis ici déjà?

J'essaie de bouger mais j'ai mal. 

Le ventre tordu par la peur, j'ai quand même le courage de regarder autour de moi. Un rayon de soleil passant à travers les volets crée une petite source de lumière.

À coté de moi, à ma droite,  je vois un bureaux rempli d'affaires en tout genre.

En faisant plus attention, je remarque que ce ne sont que des objets coupants.

À ma gauche sont entreposés des cartons poussiéreux, déchirés et sûrement humides. Certains sont renversés. Il y a aussi un tabouret cassé, des chaises en plastique déchirées qui semblent rongées par le temps et de vieux livres qui appartenaient sûrement à mon grand père, dont les pages sont dispersées un peut partout dans la pièce. 

  La porte est plus loin, au fond.

Mais devant il y a une sorte de forme blanche... Avec un visage? Un visage de marbre, sans expressions, sans détails, on dirait un masque. Un peu brumeuse, la forme de bouge pas.

D'un coup je reprends mes esprits et me redresse. La forme, ou devrais-je dire le fantôme, tourne la tête vers moi et me fixe dans les yeux.

Mais qu'est ce qui se passe? Qu'est ce que j'ai fait? Je veux sortir! 

Attends... La forme n'est pas plus grande qu'avant? Oh mon dieu elle s'approche! Je n'entends pas ses pas mais elle arrive vers moi! Son visage stoïque me fixant, ce silence brisé par les battements de mon cœur, ce vide... 

-Non!

Je crie et enfoui mon visage dans mes mains. Je ne veux pas voir! Je ne veux rien voir!!! 

Ça doit faire une minute que je ne regarde plus. Une minute qu'il ne s'est rien passé. Mais je n'ose pas ouvrir les yeux. Et si le fantômes était à un centimètre de moi? Et si elle profitait du fait que je regarde pour se transformer en un monstre horrible? Et si elle était en train de me tuer? Ce silence, c'est insoutenable.

Je veux ouvrir les yeux. 

J'écarte tout doucement les doigts et ouvre un œil. Il n'y a personne et d'ailleurs, cet endroit ne ressemble pas au grenier. J'enlève mes mains et ouvre grand les yeux. Je suis dans ma chambre, sur mon lit.

-Hein?

-Deux?

Cette voix rauque me fait sursauter. Ma mère est à coté de moi, toujours avec son visage horrible, son sourire démoniaque et ses yeux vides d'expression. Sur le coup, je lui donne un gros coup dans la figure et me retourne dans mon lit en criant. Je hurle de toutes mes forces. Faites que quelqu'un vienne, sauvez moi!!!

-Léa!

Cette voix me parait lointaine. J'arrête de crier et me retourne. Je vois flou.

Mon père me fait face. Il a l'air désespéré. Enfin je crois.

-Pa...P...Pa... Je... Il...

-Quoi? Calme toi!

J'essaie de former une phrase quand mon regard tombe sur ma mère, juste derrière mon père avec son visage déchiqueté et son sourire de psychopathe. Ses yeux se posent sur lui, dévoilant ses intentions.

Je la montre du doigt en criant quelque chose d'incompréhensible. J'ai du mal à respirer.

Mon père se retourne et ma mère reprend tout de suite son visage normal. Elle me regarde avec inquiétude.

-Ma chérie, qu'est ce qu'il t'arrive? Tu t'es mise à crier! Me dit elle avec sa voix douce.

Je n'arrive pas à parler. Je remarque qu'elle a les mains derrière le dos.

Mon père me regarde puis regarde ma mère. Je commence à voir plus net.

-On va appeler le médecin. Déclare mon père en regardant ma mère.

Elle hoche la tête pour confirmer. Puis me sourit.

-Ne t'en fais pas. C'est fini.

Ils sortent de la pièce. 

Au dernier moment, j'aperçoit ma mère de dos quand elle sort. Et là, je vois ce qu'elle avait dans les mains tout le long.

Un énorme couteau.



Je déboule dans le couloir mais, dans mon élan, glisse et tombe sur le meuble avec les photos dans un énorme fracas. Ma cheville et mes coudes me font mal maintenant...

Une minute...

Je n'ai plus mal aux côtes? Apparemment non. De toute façon, pourquoi me soucier de ça? Je me relève et m'apprête à courir quand mes yeux ce posent sur une photo.

Celle qui montre ma grand mère toute seule. Marguerite. Ma grand mère Marguerite.

-Marguerite... Mais bien sûr!

C'est peut être de cette photo dont parlait mon grand père! Je la ramasse et la met dans ma poche. Un énorme bruit se fait entendre dans la cuisine, suivit d'un cri. Un cri d'homme.

-Papa!!!

Je fonce vers la cuisine et essaie d'ouvrir la porte sans succès. La poignée est bloquée. 

Je l'entends crier une nouvelle fois, seul bruit dans le silence. C'est un cri d'horreur, un cri qui glace le sang. Je me met à pleurer et secoue la poignée de toutes mes forces.

-Papa!!! Papa!!!

-AAAAAH!!!

Un bruit métallique se fait entendre suivit d'un coup. Je n'en peux plus. Je recule de quelques pas puis cours vers la porte avant de l'enfoncer avec mon épaule.

Je m'attendais à ce que la porte tombe par terre mais elle s'ouvre d'un coup et c'est moi qui me retrouve au sol! Je lève vite la tête sans chercher à comprendre et vois ma mère en train de faire la vaisselle et mon père le ménage.

Ils me regardent avec étonnement.

-Léa? 

Ma mère pose l'assiette qu'elle avait dans les mains et s'avance vers moi.

-Retourne dans ta chambre, il faut que tu te reposes. Le médecin va arriver.

Ça suffit! Quelle hypocrite! Je ne la laisserai pas faire!

Je pointe mon index vers ma mère dans un geste accusateur.

-Non! Dis-je, tu veux que je parte pour pouvoir tuer papa sans que je te gène.

Elle écarquille les yeux. Pendant un instant j'aurais juré lire du doute dans son regard.

-Mais... Enfin de quoi parles-tu Léa? Demande mon père.

-Tu es sûre que ça va ma chérie? Me dit ma mère en posant ses mains sur mes épaules.

Dans un geste brusque, je me dégage et la fixe dans les yeux.

-J'ai tout vu, arrête de mentir! Tu avais un couteau dans les mains quand tu as quitté ma chambre! Et même, tu m'as frappée avec un parapluie avant de m'emmener dans le grenier avec le... Le fant...

Je me rends compte que je pleure. Ma mère me regarde avec effroi. Mon père qui passait le balai est suspendu dans son geste.

J'étouffe. J'ai l'impression d'être coincée dans cette pièce. Je fais demi tour en courant et fonce dans ma chambre.

Si mon père ne me croit pas, qui va me croire?




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