Histoires De Minuit

Chapitre Cinq: Un Livre et un Médecin

  J'ai lu tout le livre de mon grand père. Je sais tout sur les fantômes. Aussi qu'au moment où ils disparaissent, dans les quinze minutes après minuit, tout leurs sorts ne fonctionnent plus. Donc ma mère redeviendra normale de minuit à minuit quinze.

  Mais le seul moyen de la libérer totalement serait de détruire le fantôme.

Je fais les cents pas dans ma chambre depuis tout à l'heure. Mon frère est venu me déranger mais je l'ai envoyé bouler.

  Et si ma mère l'attaquait lui aussi? Et si... Et si mon père était mort? Et si ce n'était pas ma mère? 
Je met machinalement mes mains dans les poches et continue à tourner en rond. Si je veux détruire le fantôme, il me faudra beaucoup de courage. Beaucoup trop pour moi. Mais si c'est pour sauver ma famille...

Une minute... Il y a quelque chose dans ma poche...

J'en sors un petit sachet en plastique avec une poudre blanche. Dessus, sur un autocollant blanc, on peut lire << poudre de titane >>.

Mais qu'est ce que ça fait là? C'est génial! Et si je faisais l'expérience tout de suite?

J'ouvre le sachet et sort la photo de ma poche. Puis je pose un peu de poudre dessus. J'espère que ce n'est pas toxique! 
Une fois une bonne dose de titane mise sur la photo, une espèce de substance noire apparaît. C'est quoi ce truc? La substance se mélange à la poudre blanche et donne une pâte grise. 

Il faut que je trempe la boussole dedans?

Je me dirige vers le meuble à coté de la porte et l'ouvre.

Puis j'entends un bruit.

Des pas dans le couloir.

Les pas s'arrêtent devant ma porte.

  Mon cœur fait un bond dans ma poitrine au moment où j'entends quelqu'un toquer. Un bruit régulier... Non, ma mère est revenue... Nooon!

Je prend la boussole et la trempe vite dans la pâte grise, espérant avoir une sorte d'arme. Puis met tout sous mon lit. Sauf la boussole, elle, je la garde dans les mains.

Quelqu'un frappe à la porte de ma chambre et la personne ne s'arrête pas. Évidemment que c'est ma mère, qui d'autre? Avec son visage couvert de sang, ses dents pointues, ses yeux globuleux et vides d'émotions, sa peau pâle et son sourire machiavélique... Un véritable scène d'horreur. 

Je me demande comment j'en suis arrivée là.

-Léa? Dit la voix rauque de ma mère.

Mon souffle se coupe. Nooon...

-Je peux entrer?

Faites qu'elle n'entre pas! N'importe qui, faites qu'elle n'entre pas!!!

Je vois la poignée se baisser. Je tends la boussole devant moi. 
Un instant, je crois voir les yeux horribles de ma mère se poser sur moi, mais c'est mon père qui vient d'ouvrir la porte.

-Pa... Pa...

-Léa? Tu es toute blanche! Le médecin va arriver, ne t'en fais pas!

-C'est... Pas de médecin! C'est hanté! Maman est possédée!! L'endroit est hanté!!!

Et si lui aussi faisait partie du complot? Et si il était possédé aussi? 
Dans la pièce d'en face, de l'autre coté du couloir, je crois apercevoir une ombre avec un objet brillant dans les mains. Ma mère? 

-Léa, allonge toi! Me dit il d'un ton sévère, et qu'as-tu dans les mains?

Je lâche l'ombre des yeux et regarde la boussole.

-C'est... Je la trouvais jolie.

Inutile de dire la vérité. Il ne me croira pas. Enfin, si je lui montre des preuves peut être que...

-Papa, je dois te parler.

Il soupire.

-Vas y.

Je ramasse le livre sur les fantômes et le montre. Puis va chercher le carnet.

-Regarde, dis-je, c'est Papy qui l'a écrit. Et ce carnet il...

Je me coupe dans ma phrase car mon père a l'air de plus en plus affolé. Qu'est ce que j'ai dit?

-Léa, laisse tomber. Ne crois pas à ces trucs. Dit-il enfin d'une voix grave.

-Mais papa!

-Non! Reste en dehors des affaires de ton grand père!

J'en étais sûre! Il est possédé! J'en ai marre de tout ça!

Les larmes aux yeux, je me jette sur mon lit. 
J'ai rien demandé moi.

-Vas-y, qu'il vienne ton médecin... Dis-je.

Il sort de la pièce et ferme la porte derrière lui.

Je pose la boussole sous le matelas, dans un endroit où personne sauf moi ne la trouvera. 
Car je suis seule.

Papy, pourquoi as-tu inventé un truc pareil? Je n'en peux plus d'avoir peur dès que je regarde dans le couloir, je n'en peux plus qu'on ne me croie pas! Je ne veux plus entendre parler de fantômes, jamais! Je n'en peux plus de voir ma mère ressembler à un zombie...

-Léa! Le médecin est arrivé! 

-Qu'il entre! Dis je sans enthousiasme.

Pourquoi ont-ils appelé un médecin au fait? 

Je me posais cette question jusqu'au moment où il franchit la porte.

Je crois que je viens de trouver la réponse.

Ils sont tous possédés.

Le médecin en question a le visage pâle et ensanglanté, des yeux globuleux, un sourire de psychopathe avec du sang sur les dents... Comme ma mère quoi.

Je hurle.

Que faire d'autre?