Chapitre 11 (partie 1) - Le bal.

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Le bal était grandiose, moi qui n'avait jamais été dans ce genre d'endroit, j'étais ébahie. L'orchestre nous offrait une musique sublime, chaque musicien semblait avoir été choisi avec attention. La musique, les gens, l'alcool qui commençait à monter aux joues des invités créaient une ambiance euphorique.

Étonnamment j'étais la seule - avec Octave - à remarquer les hommes masqués présents un peu partout dans la salle. Comme si une énorme tâche de peinture noire était au milieu d'un tableau représentant un après-midi d'été : ne pas la voir est impossible.

Quand je fis remarquer à Octave les étrangers, lui aussi les trouva suspects. Nous décidâmes de nous rapprocher d'eux. Plus on s'approchait, plus on pouvait remarquer que chaque action des hommes masqués étaient faites pour empêcher le prince et Cendrillon de se retrouver. Bousculades en chaîne, déséquilibrant le prince ou Cendrillon. Un changement de partition - certainement dû à la magie - changeant le rythme de la foule, éloignant encore plus nos deux âmes. Je voyais dans les yeux d'Octave que lui aussi avait compris ce qu'il se passait.

La foule de danseurs, les femmes et leurs jupons volants, la musique, l'orchestre, tout cela créait un tourbillon impossible à franchir, à chaque mouvement, je manquais de me faire écraser.

- Octave comment allons-nous... commençais-je à dire avant qu'il ne m'attrape.

Octave me serra un peu plus fort contre lui et nous entraîna à l'écart de la piste de danse.

- Nous devons trouver un autre moyen, dit-il, sans pour autant arrêter de m'enlacer.

J'étais toujours plaquée à son torse, au creux de ses bras, au milieu d'un bal, – il fallait avouer qu'à cette instant précis je ne m'étais jamais autant sentie comme une princesse. Même dans mes plus folles rêveries d'enfants. Cet instant d'égarement s'arrêta à mon plus grand malheur bien vite. Octave me lâcha et affichait un air renfrogné au visage.

- Je te parle ! Si c'est pour rêver comme ça et ne pas te concentrer sur ton travail, alors rentre tout de suite chez toi ; je n'ai pas le temps de jouer la nounou, me sermonna-t-il.

- Oui, pardonne-moi. Tu parlais d'un plan ? répondis-je, un peu honteuse de mon manque de sérieux.

Il leva les yeux au ciel. Je savais que j'avais fauté mais ce n'était pas une raison pour être aussi médisant. Mais bon, ça m'apprendra à être la cliché d'un roman d'amour, l'héroïne capricieuse et prétentieuse.

- Il faut que le prince et Cendrillon se retrouvent, c'est le plus important. Je m'occupe des hommes masqués et toi, va aider Cendrillon à aller jusqu'au prince Henri.

Nous nous séparâmes à la fin de sa phrase. Il fallait absolument que je parle à Cendrillon.

Cette dernière attirait l'attention, il fallait dire qu'elle était de loin la plus jolie fille de la soirée. Il fallait absolument que je l'empêche de danser avec quelqu'un d'autre.

Le prince Henri, lui, dansait avec une autre fille. J'espérais de tout mon coeur qu'il ne la trouvait pas à son goût. Il avait certainement dû être attaqué par toutes les filles de la soirée dès qu'il eut fini de danser avec moi. Les hommes masqués, quant à eux, par de malicieuses actions en chaîne, réussissaient avec succès à garder une distance entre les deux protagonistes.

J'avais finalement réussi à arriver jusqu'à Cendrillon, non sans peine. La pauvre, à force d'être accostée pour danser, n'en pouvait plus et s'était mise dans un petit coin un peu caché.

Ruby et le Maître des contesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant