Dixième partie

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Ça a été très dur pour moi d'accepter les sentiments que j'avais pour Louis. Plus les jours passaient, plus son temps sur terre diminuait. Plus les jours passaient, plus je me suis mis à l'aimer.

Je ne saurais pas dire quand c'est arrivé exactement, à quel moment mes sentiments pour Louis se sont transformés en amour. Je sais juste qu'un matin je me suis réveillé et j'étais amoureux de lui. Je ne voulais pas l'aimer de cette façon-là, car je savais qu'un jour lui ne se réveillerait plus, seulement j'étais incapable de lutter contre ce que je ressentais.

Nous passions de plus en plus de temps ensemble. Mes parents étaient heureux de me voir sortir, pour la première fois je ne passais pas mes vacances d'été enfermé dans ma chambre. Bien sûr ils ne savaient pas ce que je faisais de mon temps. Alors qu'ils me pensaient avec mes amis, en réalité je regardais la personne que j'aimais, mourir un peu plus chaque jour.  Je ne sais pas encore aujourd'hui, comment j'ai réussi à leur cacher mon secret aussi longtemps.

Dans les livres, les films, les gens partout dans le monde disent que l'amour est quelque chose de magnifique, mon histoire avec Louis n'avait rien de beau. C'était douloureux et un peu plus triste chaque jour, car plus le temps passait, plus nous savions que la fin se rapprochait.

Louis est tombé amoureux de moi lui aussi et je sais qu'il m'en a voulu pour ça. Je lui donnais une nouvelle raison supplémentaire de ne pas vouloir mourir. Jusqu'au dernier moment il a tenté de faire croire à tout le monde qu'il avait accepté sa mort, mais moi je savais que ce n'était pas vrai. Louis ne voulait pas mourir, je voyais dans ses yeux à quel point il avait envie de vivre.

Je n'avais que seize ans et j'en voulais déjà à la vie.

Louis m'a aimé très fort, je le sais parce qu'il me l'a dit. À sa façon. Louis n'était pas comme tout le monde, je crois qu'il a toujours été différent, même avant sa maladie. Je me souviens de ce jour-là, je me souviens de chaque jour, chaque moment que j'ai passé avec lui, mais celui-là était particulier. Nous étions allongés sur le canapé dans son sous-sol, ma tête posée contre son épaule, j'écoutais le bruit du goutte à goutte de sa perfusion. C'était un son que j'avais appris à aimer parce qu'il me montrait qu'il était encore en vie.

"Si je n'étais pas sur le point de mourir, je te dirais sûrement que je t'aime."

Je me rappelle n'avoir rien répondu. Il avait raison, il allait mourir et je ne pouvais rien faire pour empêcher ça.  Je ne pouvais pas sauver Louis, l'amour que je ressentais pour lui, n'avait pas le pouvoir de guérir les cancers. Je me souviens avoir pensé une fois de plus que la vie était injuste, et que c'était difficile d'accepter que sur elle non plus, nous n'avions aucune emprise.

J'ai aimé Louis aussi fort que lui m'a aimé.

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