Je n'ai jamais su si Louis et moi avions été un couple. Est-ce que nous pouvions nous considérer comme tel ? Nous ne nous embrassions jamais, je crois qu'une part de moi aurait aimé connaître le goût de ses lèvres.
J'aurais souhaité avoir le pouvoir de ralentir le temps. La fin de l'été est arrivée. J'ai dû reprendre le lycée, seulement j'étais incapable de me concentrer en cours, je pensais à Louis à chaque instant. Plus les jours passaient, plus il s'affaiblissait, j'avais peur qu'il ne parte pendant que j'étais loin de lui, à essayer d'apprendre des choses qui ne m'intéressaient plus.
Je voulais passer chaque seconde de sa vie auprès de lui.
En août les médecins, mon père, lui avaient annoncé qu'il lui restait encore deux mois à vivre, trois à ses yeux à lui. Je suis né un 3 novembre, j'avais peur qu'il ne s'en aille le jour de mon anniversaire. C'était une pensée irrationnelle, car personne n'avait prédit de date précise, mais je savais que cela pouvait arriver. Le début du mois de novembre représentait à peu près la moitié du temps qui lui restait : environ deux mois et demi.
Je lui en aurais voulu s'il était parti le jour de mon anniversaire. Je n'aimais pas particulièrement le fêter, mais je ne voulais pas que ce jour devienne le plus douloureux souvenir de toute ma vie, le souvenir de sa mort. Je le lui avais dit, une après-midi où nous nous promenions dans son jardin, je lui avais interdit de mourir le soir de mon anniversaire. Il m'avait répondu que la vie serait vraiment une pute si elle lui faisait ce coup là.
Je me souviens que cela m'avait marqué, je ne disais jamais de gros mots, alors que Louis, lui, ça ne le dérangeait pas d'en prononcer. Mais il avait raison, la vie était une pute, comme il disait, et le jour où il est parti j'ai souhaité que la mienne s'arrête aussi.
Louis vivait encore pour mon anniversaire, c'était le plus beau des cadeaux que je pouvais espérer recevoir. Il était trop faible pour assister au repas que ma famille m'avait préparé, mais ça n'avait pas d'importance car il était encore vivant. Gemma était revenue pour l'occasion, et même si ma sœur, maman, papa et mes grands-parents étaient présents, le cœur lui, était absent. Tout le monde était au courant de ce qu'il se passait, et ce n'était pas facile à vivre. Il y avait tellement de peine et de compassion dans leurs yeux quand ils les posaient sur moi, à chaque instant, que j'avais le sentiment d'étouffer. Personne n'a rien dit quand je suis monté dans ma chambre, prétextant que j'étais fatigué.
Je voulais voir Louis, j'en avais besoin car je savais que plus jamais je n'aurais la chance de passer un de mes anniversaires à ses côtés. J'ai fait le mur pour la première fois de ma vie. Je n'ai pas escaladé ma fenêtre car c'était trop dangereux, j'ai attendu un peu, puis je suis redescendu doucement et je suis sorti par la porte de la cuisine, celle qui ramenait au garage. J'ai envoyé un message à Louis en lui disant que j'étais dans son jardin. Quand il m'a rejoint, son visage était tellement fatigué que je m'en suis voulu de l'avoir réveillé.
Il avait besoin de se reposer, j'espérais que plus il ferait, plus il resterait longtemps en vie.
Malgré ça, il a sourit en me voyant. Je me souviens qu'il s'était moqué de mon pull parce qu'il était rouge et qu'il y avait un énorme gâteau d'anniversaire tricoté dessus.
"C'est genre ultra cliché t'es au courant ?"
Je me rappelle avoir haussé les épaules.
"C'est ma mamie qui l'a fait.
- C'est pas une excuse valable."
Je ne me suis pas senti vexé, j'avais appris à connaître Louis, il n'était pas une personne méchante. Malgré sa maladie il avait réussi à garder son humour, je crois que c'était l'une des façons qu'il avait trouvé pour se protéger. Il a pris ma main, la sienne était froide mais pas seulement parce que nous étions en novembre, son corps n'avait plus la force de se réchauffer tout seul.
Nous avons passés notre première nuit ensemble ce soir-là. Dans son sous-sol, sur son canapé. Même si ce n'était pas confortable pour moi, j'ai tout fait pour que ça le soit pour lui. À notre réveil, j'ai eu l'impression qu'il était bien plus reposé qu'il ne l'avait été durant les jours précédents.
Quand mes parents se sont rendus compte que j'avais disparu, ils ne se sont pas fâchés, ils savaient où j'étais. Le lendemain, un lit était installé pour nous dans le sous-sol.
Louis et moi n'avons peut être jamais été un couple, mais même la mort n'a pas réussi à nous empêcher de nous aimer.
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À Demain
FanfictionUne nouvelle histoire à partager avec vous. En espérant que vous l'aimerez, comme moi j'ai aimé l'écrire. Bonne lecture. ♡