Sixième partie

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Quand je suis rentré à la maison Maman et Papa avaient déjà terminé de dîner. Évidemment ils étaient en colère contre moi, parce qu'ils ne savaient pas où j'étais et que je n'avais répondu à aucun de leurs appels. Ils se sont inquiétés pour moi et je m'en suis voulu pour ça. Puis ils se sont vraiment énervés quand j'ai refusé de répondre à leurs questions. Je n'avais pas envie qu'ils sachent que j'étais avec Louis. Ils ont voulu me punir mais ce n'était pas facile pour eux. Je n'étais pas comme la plus part des adolescents de mon âge, ils ne pouvaient pas me priver de sorties ou de voir mes amis, car je ne sortais jamais. Ils auraient pu me punir de téléphone ou d'ordinateur mais c'était inutile aussi car je ne parlais à personne, alors ils m'ont simplement envoyé dans ma chambre.

Si seulement mes parents avaient su que c'était le seul soir où j'aurais pleuré, s'ils m'avaient confisqué mon téléphone.

Je suis resté un long moment étendu dans mon lit cette nuit-là, à fixer mon portable. J'avais promis à Louis de lui envoyer un message, mais je ne savais pas du tout quoi lui écrire. Il était 01h33 quand j'ai décidé d'arrêter de réfléchir et de tenir ma promesse.

SMS à Louis : C'est ta mère qui a tricoté ton pull ?

Si je me rappelle encore de l'heure exacte à laquelle je lui ai écrit, c'est parce que j'ai gardé tous nos messages. Plus tard quand je l'ai aimé, je voulais garder chacun de nos souvenirs, même les plus insignifiants, je savais qu'il allait mourir et je voulais me souvenir de tout. Dans un cahier, toutes les semaines j'écrivais toutes nos conversations avec la date, l'heure et les virgules exactes. Il m'est même arrivé d'écrire les messages vocaux qu'il me laissait sur mon répondeur, je les écoutais plusieurs fois en les notant. C'était peut être idiot mais je ne voulais pas oublier qu'un jour il avait eu un numéro de téléphone, qu'un jour il y avait eu une ligne téléphonique au nom de Louis Tomlinson. Ça comptait pour moi.

Il m'avait répondu immédiatement et je me rappelle que ça m'avait fait sourire. J'ai su plus tard qu'il avait passé sa soirée à attendre, comme moi, avec son téléphone à la main, mon message. Un jour je lui ai demandé s'il avait douté que je lui écrive et il m'avait répondu : Pas un instant. Il m'avait dit que même sans me connaître, il avait confiance en mes promesses.

Je crois que même si je n'avais pas retranscrit tous nos messages, je me serais rappelé de celui-là tellement il le représentait. Je ne pourrais jamais l'oublier.

SMS à Harry : J'ai un cancer, je vais mourir et toi tu me parles de mon pull ?

Louis était dur dans ses mots face à sa maladie et à sa mort, mais parfois il me parlait du ciel et des Anges. Il avait cette façon de rendre la mort belle, alors que moi je la détestais de toute mon âme. Il ne m'a jamais parlé de Paradis, je crois qu'il n'y croyait pas ou qu'il pensait ne pas y avoir sa place. Il avait raison. Louis n'avait pas sa place au Paradis, il ne l'a jamais eu. Il n'était pas un ange aux ailes blanches et pures, les siennes étaient noires et brisées par une leucémie. Il n'était pas un Ange comme ceux qu'il y a dans le ciel, il était déchu. La vie l'avait déchu injustement et les Anges déchus n'ont pas leur place au Paradis.

Je n'ai jamais réussi à savoir si je croyais en Dieu, mais je crois en Louis et en son âme. Je ne sais pas où il est aujourd'hui, mais je sais qu'il est quelque part dans un endroit fait pour lui, un endroit où il ne souffre plus. Un endroit où il peut veiller sur moi, parce qu'il veille sur moi je le sais. Chaque jour, je peux le sentir dans chaque partie de mon être. Même s'il n'est plus là, il n'est pas entièrement parti, il est là avec moi, tout le temps. Il m'arrive encore aujourd'hui de lui parler et d'imaginer ses réponses. Je l'imagine en colère contre moi quand je fais des choses qui ne lui plaisent pas, triste quand je pleure, fier quand je réussis, heureux quand je le suis.

Quand je ferme les yeux je vois son visage, je m'en souviens dans les moindres détails. De ses yeux trop bleus pour être réels, de son sourire trop magnifique pour être ignoré, de sa peau trop blanche pour qu'il soit en bonne santé.

Quand il nous a quitté j'avais peur d'oublier à quoi il ressemblait avec le temps. J'avais peur qu'il ne s'efface de ma mémoire. Je n'ai aucune photo de Louis, pas même une seule. Il ne voulait pas, il refusait que quelqu'un prenne des photos de lui malade et toutes les photos de lui datant d'avant sa maladie étaient trop douloureuses pour lui. Il n'avait pas la force de les regarder et il ne voulait pas m'en donner parce qu'il disait que le Louis d'avant, je ne le connaissais pas et que je ne le connaitrais jamais. Je crois qu'il avait peur qu'en voyant à quoi il pouvait ressembler avant, je ne l'aime plus.

Louis était beau même s'il n'avait plus de cheveux, plus de cils, plus de sourcils et qu'il était trop maigre. Je n'ai jamais oublié son visage. Jamais.

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