Douzième partie

1.5K 189 5
                                    

Une semaine dans toute une vie ce n'est pas grand chose, c'est même très peu, mais quand nous sommes fâchés avec les personnes qu'on aime et qui nous aime, c'est long. Pour Louis une semaine c'était beaucoup.

Pendant tous ces jours, je n'ai pas adressé la parole à mes parents, je savais qu'ils n'en avaient pas conscience, mais ils me faisaient trop de mal. Je restais enfermé dans ma chambre, je n'en sortais que pour les repas, parce que j'y étais forcé. Je ne mangeais pas beaucoup, en plus de mon silence, c'était ma façon de leur montrer que j'étais en colère contre eux. Tous les jours papa et maman essayaient de discuter avec moi, mais je refusais de leur parler. Ils ne réalisaient pas ce qu'ils étaient en train de faire, il restait peu de temps à vivre à Louis et ils m'éloignaient de lui, je leur en voulais pour ça. Je me suis souvent demandé, si Louis était mort cette semaine-là, est-ce que j'aurais pu leur pardonner ? Je ne connais toujours pas la réponse à cette question.

Je sais qu'ils pensaient bien faire en m'éloignant de lui. Mon père savait ce qui l'attendait et il ne voulait pas que j'assiste ça, il ne voulait pas que je m'attache à quelqu'un qui allait mourir. Seulement c'était trop tard, j'étais déjà attaché à Louis.

Mes parents m'aimaient et en me voyant aussi malheureux, ils ont compris l'erreur qu'ils faisaient.

Nous étions samedi après-midi. Le dernier week-end avant la rentrée scolaire. Je ne voulais toujours pas leur parler, je ne les ai pas regardé quand ils sont entrés dans ma chambre. Ils me retenaient prisonnier dans ma propre maison, alors je m'emprisonnais dans ma tête.

"Habille toi."

J'ai relevé les yeux vers eux sans comprendre. Je n'avais pas envie de sortir.

"Tu tiens vraiment à lui, n'est-ce pas ?"

Il y avait tellement de tristesse et de résignation dans la voix de ma mère quand elle m'a posé cette question, que j'ai senti quelque chose se serrer en moi. J'ai hoché la tête, parce que oui, je tenais énormément à Louis.

Ce jour-là mes parents ont compris qu'ils ne pourraient pas me protéger de la mort de Louis, et moi j'ai réalisé que le jour où il partirait, je ne serais pas le seul à être malheureux. Papa et maman aussi.

"Tu sais qu'il-

- Je sais papa, mais il est encore là."

Il m'a regardé un long moment sans rien dire. C'est lui qui m'a appris à ne jamais abandonner dans la vie, à ne jamais baisser les bras. Il n'a jamais abandonné l'un de ses patients, même quand il savait qu'il n'y avait plus d'espoir. Tant qu'une personne respire, elle a besoin de quelqu'un auprès d'elle pour vivre. Je n'étais pas malade, pourtant j'avais besoin de Louis.

Cette après-midi là, mes parents m'ont déposé chez Louis et notre secret s'est transformé en un lien très fort entre nos deux familles.

J'avais besoin de ma famille, autant que Louis avait besoin de la sienne, même si c'était dur pour lui de l'admettre.

À Demain Où les histoires vivent. Découvrez maintenant