LE CŒUR DE SALAZAR

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C'était une petite pierre précieuse verte, probablement une émeraude, plate, taillée en forme de cœur. Un grand S était gravé sur l'une des faces.
- Cette pierre doit avoir de grandes propriétés magiques... souffla Drago.
Il paraissait étonné lui même. Peut-être parce qu'il ne s'attendait pas à ce qu'un sortilège d'attraction fasse atterrir dans sa main un tel objet, si bien conservé.
Les deux sorciers se lancèrent regard satisfait et entendu. Ils allaient sortir du Département des Mystères et réfléchir dans le bureau de Harry.
- C'est ce qu'il y a de mieux à faire, dit-il.
Il mit la pierre dans la bourse offerte par Hagrid, qu'il avait dans une poche. Depuis ses dix-sept ans, il lui avait jeté un sort d'extension indétectable, comme Hermione l'avait fait pour son sac en perles et y rangeait tout ce dont il avait besoin, et ce qui lui tenait à cœur. En ce moment, il y avait laissé sa cape d'invisibilité, la Carte du Maraudeur, le miroir qui lui avait sauvé la vie, le Vif d'or légué par Dumbledore et une photo de sa famille. Ginny, souriante, portait une robe blanche ce jour là. James y courait après un Albus qui criait. Harry lui faisait les gros yeux en riant malgré tout. La petite Lily dormait dans les bras de sa mère. C'était sans doute la seule parfaitement immobile dans ce joyeux tableau animé.
Tout en marchant vers la sortie du département, Harry posa les yeux sur le cliché. Ginny devait être folle de rage. Si elle avait contacté le ministère, elle savait que le voyage de Harry était inventé et qu'il avait posé ses vacances pour un temps indéterminé afin de «bien s'occuper de sa petite famille».
- Comme c'est mignon... lâcha Malefoy d'un ton sarcastique.
Harry ouvrit des yeux ronds et regarda son partenaire.
- Toi aussi tu as une famille, dit-il calmement. ne vas pas e faire croire que tu ne gardes pas de photo d'eux sur toi.
- Et toi, le gentil petit pote Potter, le survivant, l'Élu, le héros, le sauveur du monde des sorciers, tu vas me dire que je dois culpabiliser si je pars de chez moi ? Je te signale que ma femme et mon fils me manquent !
Harry voulut rétorquer mais il l'interrompit d'un geste. Les voix d'outre-tombe n'étaient plus qu'un lointain et vague souvenir pour leurs oreilles.
- J'aime Astoria ! J'aime Scorpius ! Et par dessus tout, je ne supporte pas de les savoirs seuls. Astoria est fragile, précieuse... Elle demeure persuadée qu'en donnant la vie, elle a sacrifiée la sienne, qu'elle est condamnée. Ces derniers temps, elle a multiplié les séjours à Sainte Mangouste...
Il n'y eut plus un mot. En silence, Harry sortit Holy de sa poche et lui montra la serrure. Le Botruc, qui aurait bien aimé une récompense pou son travail parfaitement effectué, pinça le doigt de Harry suffisamment fort pour lui arracher un léger cri de surprise qui rompit le silence pesant. Drago éclata de rire, mais cela ne donnait toujours pas satisfaction à la petite créature.
- Qu'est-ce que ça mange ce  truc-là ? interrogea Malefoy alors qu'ils marchaient vers le bureau de Harry, sous la cape d'invisibilité.
- Aucune idée... Je dois avoir un sandwich et de la Bierraubeurre à l'intérieur, répondit le Directeur du Département de la Justice Magique en ouvrant son bureau.
Apparemment, les Botrucs n'aimaient pas les sandwiches au jambon, mais il se contenta des graines pour hibou que Harry trouva dans un tiroir, et alla les manger dans le pot de la plante verte absolument pas magique que Harry gardait près de la fenêtre. Quand Luna lui avait rendu visite, l'année précédente, elle lui avait garanti que ses feuilles avaient la faculté repousser les Nargolls. L'un des seuls avantages qu'on pouvait trouver à cette plante, c'était son pot auto-arrosant, offert par Neville quand il l'avait identifiée comme Ficus, une plante parfaitement inutile, dont Mrs Figg, la voisine des Dursley avait plusieurs exemplaires. L'un d'eux était mort à cause d'un des nombreux chats de la vieille cracmolle, un jour où Harry avait été envoyé chez elle, et bien sûr l'oncle Vernon s'était jeté sur l'occasion de priver son neveu de dîner.

Harry s'assit sur son fauteuil, derrière le bureau, et invita Drago à faire de même, mais celui-ci préféra rester debout, et se mit à faire les cent pas à travers la pièce.
- Si je résume ce que l'on a compris, cette petite pierre est capable de faire revenir Dumbledore et Voldemort ensemble, ou bien d'en finir avec Voldy et donner le repos auquel il a droit au plus grand sorcier de tous les temps...
- Il n'y a vraiment aucun moyen de  n'en faire revenir qu'un seul ?
-Non, répondit Harry, je ne pense pas. On n'a jamais pu faire revenir les morts...en fait ça ne tourne pas rond. Si cette chose peut faire revenir deux personnes, et non les ressusciter, cela voudrait dire...
- ...quelle ne sont pas vraiment mortes !
Harry blêmit. Ce rêve... Il commençait à comprendre. Il demanda à Drago de lui donner la pierre, mais dès qu'elle fut entre ses mains, des picotements se firent sentir sur son front. Était-ce sa cicatrice ? Harry n'en eut aucune idée car a douleur disparu dès qu'il lâcha l'émeraude brillante.
- Comment ça fonctionne à ton avis ?
Harry avait très bien entendu, mais il ne voulait pas répondre. Il n'avais pas la moindre idée concernant le fonctionnement exact de l'objet, et il ne voulait pas le savoir. Apprendre à faire revenir le seigneur des ténèbres, celui qui avait tué ses parents et tous les autres...
- Je suis d'avis qu'on détruise ce fichu truc, répondit-il simplement.
- L'ennui c'est de savoir comment, rétorqua  Malefoy, agacé. Ça doit résister à tous les pires sortilèges...
Harry posa les yeux sur ses notes, étalées sur tout le bureau. Il les relut rapidement, et s'arrêta sur un vers.
- L'arme du mien ennemi...Hé ! Si on considère Serpentard comme auteur de ça, son ennemi est Gryffondor, non ?
Drago le dévisagea sans comprendre, puis soudain se frappa le front.
- Nom d'une gargouille ! Tu parles de l'épée !
Harry hocha la tête, prit un parchemin et ils élaborèrent une liste des lieux où pourrait se trouver l'épée de Gryffondor. Elle comportait entre autres Godric's Hollow, Pré-au-Lard, le Bureau de McGonagall, la Salle commune de Gryffondor, ainsi que Gringotts. Ensuite, ils inscrivirent les noms de gens à interroger, McGonagall et le Choixpeau Magique figuraient en tête. Il n'était plus du tout question de rentrer sagement à La Gazette du sorcier. Si leurs suspicions étaient fondées, rien de tout cela ne devait parvenir aux oreilles de Cuffe.

Potter ouvrit un tiroir et en sortit une vieille plume abîmée, sur laquelle il pointa sa baguette magique.
- Portus. On va commencer par Poudlard. ça devrait aller vite, ils sont déjà au courant qu'on peut débarquer.
Malefoy approuva et au signal de Harry, ils posèrent tous deux la main sur le Portoloin.

D'abord, Harry eut l'horrible sensation que tous ses organes s'étaient retournés. Ils tourbillonnaient à une vitesse folle alors que son bureau devenait flou, de plus en plus lointain. Ils voyageait dans l'obscurité, un atroce sifflement, mille fois pire que les cris de l'œuf d'or à l'air libre, menaçant de faire imploser leurs tympans. Puis il y eut un "Bang !" sonore et après un instant de suspension, Harry s'étala brutalement sur le sol brut du couloir du deuxième étage de Poudlard. Il se redressa nonchalamment, remit en place ses lunettes, et pu voir son acolyte atterrir sans peine, sur ses deux jambes, à quelques mètres de là.
- Tu n'as toujours pas appris à atterrir normalement ? lança-t-il d'un ton narquois.
- Ne te moques pas, Malefoy, répondit Harry en époussetant sa robe pour tenter de préserver sa dignité. Ton casier judiciaire est trop bancal pour ça.
Il marchèrent jusqu'au griffon de bronze, et se rendirent compte qu'ils n'avaient aucune idée du mot de passe, car aucun des deux ne se souvenait de celui qu'Hagrid avait utilisé la veille.

Ils se mirent donc à énoncer une quantité de mots susceptibles d'ouvrir le passage, au hasard. après sept longues minutes, Harry se demanda si, à l'inverse de Dumbledore, le mot de passe ne pourrait pas être quelque chose que Minerva McGonagall haïssait par-dessus tout.

- Dolores Ombrage ? tenta-t-il, hésitant.

A sa grande surprise, la statue pivota, et les laissa accéder à l'escalier magique. Aucun des deux ne prit la peine de frapper, ils ouvrirent la porte et entrèrent brusquement dans la pièce.

Drago Malefoy Et Le Coeur De SalazarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant