Chapitre douze : cachés

1.9K 167 46
                                    

PDV REMUS

J'étais, encore une fois, allongé sur un matelas de l'infirmerie. Ils devraient avoir un lit à mon nom...
Mes poumons brûlaient mais le reste de mon corps était gelé. Je me souviens avoir été tiré hors du lac et avoir vomi de l'eau et puis j'avais perdu connaissance.
Là, je venais de me réveiller et ma vue trouble me permettait d'apercevoir deux silouhettes à mon chevet. Une troisième s'était levée et j'entendais l'horrible voix aigue de Peter hurler à Mme Pomfresh que j'étais réveillé. J'avais mal à la tête....

L'infirmière s'approcha de moi puis me fis avaler un liquide brûlant qui me fit tousser de nouveau. Mais je me sentais mieux désormais. Je ne voyais plus flou et distinguais parfaitement les visages de mes deux meilleurs amis. Sous leurs masques d'inquiétude je voyais le jugement dans leurs regards.

C'est la seule chose que les masques ne cachent pas, les yeux.

Je les avais déçus. J'étais déçu. J'aurais voulu mourir.

PDV SIRIUS

Actuellement j'avais envie de tuer Remus et de le serrer dans mes bras en même temps. Bien trop d'émotions contradictoires dans mon cerveau.
Malgré mon calme apparent je bouillais de l'intérieur. Tout cela me dépassait. Comment pouvait-on détester la vie au point d'en arriver à de telles extrémités ?

J'avais eu un mauvais pressentiment sur la mère de Remus quand je l'avais vue à St Mangouste mais manifestement c'était bien plus que ça. Quelle était la partie immergée de l'iceberg ?
Mon ami parlait actuellement avec le professeur Dumbledore et moi je réfléchissais. Il ne pouvait retourner chez lui cet été...

PDV REMUS

"Professeur Dumbledore je vous en supplie ! Je ne peux pas retourner chez moi. Je ne peux pas !
- Mr Lupin, personne ne peux rester à Poudlard l'été, ça ne s'est jamais fait.
- Alors vous ne me verrez probablement pas l'année prochaine professeur.
- Pourquoi ne pas vouloir rentrer Remus ?"

Remus remarqua l'utilisation de son prénom à la place de son nom de famille. C'était probablement pour le mettre en confiance et le forcer à avouer. Mais il avait trop l'habitude de cacher.
Il ne répondit rien.

"Remus, vous devez me parler si vous voulez de l'aide...
- Je ne veux pas rentrer.
- Pourquoi ? Dites-moi pourquoi.
- Elle va me tuer."

PDV SIRIUS

J'attendais en faisant les cents pas devant la gargouille en forme de griffon. Bon sang ce que je détestais attendre ! Enfin, après ce qui me sembla des heures, Remus descendit les escaliers tournants, la tête basse.
Ses yeux brillaient légèrement et je voyais clairement qu'il retenait ses larmes.

"Hey, Remus, qu'est-ce qu'il s'est passé ?
- Je ne pourrais pas rester l'été. Et ma mère passe cette après-midi.
- Je suis vraiment désolé.
- Tu n'y es pour rien Sirius.
- On ne peux rien faire ?
- Tu as une idée ? À moins de m'échapper de chez moi... Et encore, elle appellera le ministère et ils me retrouveront.
- On trouvera une solution, je te le promets.
- Merci."

Encore une solution à trouver. Décidément, il en avait des problèmes notre petit loup-garou. J'allais devoir en parler à James. C'était souvent lui qui avait les meilleures idées.

Notre marche nous avait menés dans un minuscule couloir. C'était un raccourci que j'avais trouvé au hasard derrière une tapisserie en essayant d'échapper à Rusard. Aucun tableau n'ornait les murs et quelques torches éclairaient faiblement le lieu sans fenêtres. Ici, nous étions bien. Cachés.
Loin de nos familles qui ne voulaient pas de nous, loin des professeurs méprisants, de Rusard qui nous empêchait de nous amuser, loin du regard des gens qui jugent.
Ici, on pouvait être qui on voulait.
Personne n'en aurait rien à foutre que Remus sout un loup-garou. Parce que personne n'en saurait rien.
Cet endroit était si agréable...

Sentant Remus qui me fixait je tournai les yeux vers lui. Il détourna le regard, gêné.
Je passai alors la main sur sa joue barrée de cicatrices profondes.
"Je suis désolé de t'avoir frappé l'année dernière.
- On s'en fiche de ça, j'avais oublié."

J'en fus heureux. Il ne m'en voulait pas. Une douce tièdeur vint réchauffer ma cage thoracique. Un sourire rare, et pour une fois sincère, éclaira mon visage. Un petit sourire timide passa sur les lèvres de mon ami malgré son abattement et sa panique évidents.

"Tu es un véritable ami tu sais." Ai-je dit maladroitement, exprimer les sentiments n'étant pas mon point fort.

Il ne dit rien mais son sourire en fut renforcé.

PDV REMUS

Nous avons discuté dans le passage secret avec Sirius. Je me souviens que j'avais été étrangement bien malgré la peur qui le serrait le coeur.
J'avais ensuite rejoint le bureau du professeur McGonagall où je devais retrouver ma mère. Les deux femmes se trouvaient face à face dans la pièce et il y règnait une tension presque  électrique. Elles se regardaient en chien de faillance depuis visiblement un bon moment.
Un toussotement de ma part leur fit tourner la tête vers moi.

"Ah ! Rem, hum Mr Lupin vous en avez fini avec le professeur Dumbledore. Je vais donc vous laisser, dit le professeur en me voyant.
- Oui.
- NON !"

J'avais hurlé sans même m'en rendre compte, la panique ayant repris le dessus subitement. Ma mère n'y avait pas prêté attention mais Minerva McGonnagall avait perçu ma peur.

"V-vous, pouvez rester, c'est pas gênant... Ai-je bafouillé maladroitement.
- Maintenant que j'y pense, le règlement stipule que la rencontre d'un élève avec quelqu'un d'extérieur à l'école doit se passer en présence d'un professeur, même s'il s'agit d'un parent." Dit le professeur de métamorphose du ton le plus crédible possible.
Évidemment que rien dans le règlement n'indiquait ceci, elle venait d'inventer cette règle pour éviter de retrouver mon cadavre dans son bureau dans vingt minutes.
Elle invita donc ma mère à s'asseoir sur la chaise des visiteurs et m'assis sur la sienne. Elle resta debout derrière moi, une main crispée sur mon épaule dans un élan protecteur. Finalement, elle devait savoir quand elle avait effectué le même geste à l'enterrement. Comment ? Mystère.

J'en fus infiniment reconnaissant cepandant, sa présence me donnant assez de courage pour lever les yeux vers le monstre qui me servait de mère.

Comme Chien et LoupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant