Chapitre 17 : Souvenirs (1)

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Plusieurs semaines avaient passé depuis la première fois que le sujet A5 m'avait adressé la parole. J'avais, en quelque sorte, sympathisé avec lui. Bien sûr, nous nous cachions de mes collègues de travail, car nous enfreignions bon nombre de règles. Mais j'aimais parler avec lui, passer du temps avec lui. Malgré tout, cela me faisait du mal de le voir participer à tous ces tests. Mais nous le faisions au nom de la science.

Le soir, alors que j'administrais le sédatif au autres sujets, je m'occupais du sujet A5 en dernier. M'assurant qu'aucun docteur ou autre rat de laboratoire traînait dans les parages, je lui faisais quitter le dortoir commun pour lui faire prendre l'air sur le toit de l'immeuble. Il pouvait contempler la ville et toutes ses lumières. C'était le peu de bonheur que je pouvais lui offrir. Pendant quelques minutes, il avait droit à un moment de liberté.

J'ignorais pourquoi je faisais cela pour lui. Les conditions de vie dans lesquelles évoluaient les sujets étaient médiocres. S'ils n'étaient pas en train de passer des tests, ils étaient sous sédatifs pour récupérer et pour ne générer aucun problème. Un autre collègue éprouvait les mêmes remords. Il voulait agir, mettre fin à cette usine à torture.

- Nous avons grandi avec eux, Kayla ! s'insurgea Thomas. Et comment se fait-il que nous leur infligions toutes ces souffrances ? Parce que "WICKED est bon"? Il n'y a rien de bon là-dedans, et tu le sais. Je n'en peux plus de les voir disparaitre un par un.

- Qu'est-ce que tu proposes ? lui demandai-je.

- J'ai entendu parler d'une organisation qui s'attaquait aux implantations dirigées par WICKED. Si j'arrive à entrer en contact avec eux, nous pourrons tous vivre libres.

- S'ils t'attrapent avant, ils te tueront, le mis-je en garde.

- C'est toujours mieux que d'espionner mes amis à travers des écrans, sachant qu'ils n'ont aucune idée de qui ils sont, d'où ils sont et de ce qu'ils sont censés faire. Ils risquent leurs vie tous les jours à cause de nous. Cela doit cesser.

Il marqua une pause avant de reprendre.

- Si je t'en parle, c'est aussi parce que je sais que tu as un intérêt à les faire libérer. Je t'ai vu, la dernière fois, avec Newt...

- Oh...

Je pensais avoir été plus discrète que ça.

- Je n'en ai parlé à personne, me rassura-t-il, mais tu joues à un jeu très dangereux.

Je pouvais sentir l'ironie de la situation. D'ailleurs, nous ne tardâmes pas à nous mettre à rire en y pensant.

- Pourquoi ? Pourquoi fais-tu ça ? me demanda-t-il.

- Honnêtement, je n'en sais rien. Il me fait de la peine, à chaque fois que je le vois revenir des tests. En plus, il n'a pas sa place ici. J'ignore pourquoi Ava s'acharne à le garder ici. Les journées sont longues, plus pour eux que pour nous. Peut-être pour apaiser ma conscience, je ne sais pas, mais, lorsqu'il arrive sur ce toit, il est heureux. Et cela me fait du bien. On ne reste pas longtemps, mais le peu qu'on discute me change les idées des horreurs que nous leur faisons subir quotidiennement.

Thomas soupira avant de reprendre la parole.

- Je comprends. Mais fais quand même attention à toi.


Plus tard dans la soirée, je me retrouvais sur le toit, en compagnie de Newt. Il avait décidé de jouer les téméraires et s'était assis sur le rebord de l'immeuble, les pieds dans le vide. La tour où nous étions était la plus grande de la ville et aussi la plus belle. Newt me tendit la main pour m'inviter à le rejoindre. Je glissai ma main dans la sienne et il m'aida à m'assoir en toute sécurité. Nous nous mîmes à regarder les lumières de la ville.

- Je voulais te remercier, me dit-il en tournant la tête vers moi. Ces petits moments volés sont ceux que je préfère. Ils me font tenir, tu sais.

J'étais heureuse de l'entendre dire ça. Au moins, je ne prenais pas des risques inutilement. Je me mis à sourire et à rougir, ce qu'il remarqua. Il se mit à rire.

- Quoi ? J'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas ?

- Non, non, dis-je, en secouant la tête. C'est juste que... tu me remercies alors que... tu devrais me détester.

Le blondinet écarquilla les yeux, surpris par ma réponse.

- Te détester ? Pourquoi devrais-je te détester ?

- A cause de tout ce qu'on vous fait subir. Jour après jour, nuit après nuit...C'est tellement injuste. Et je ne peux pas faire grand-chose pour pallier à cela, sauf... ces petits moments, qui ne sont rien par rapport à la souffrance que l'on vous inflige.

Les larmes me montaient aux yeux tellement cette situation, cette vie, ce travail m'était devenu insupportable. Comme Thomas, je ne pouvais plus les regarder sans rien faire. Nous devions agir. Maintenant. Newt posa une main sur ma joue et me força à tourner la tête vers lui.

- Jamais je ne pourrais te détester. Même si tu me dépeçais... enfin, peut-être sur le coup, à cause de la douleur, pouffa-t-il, mais... non, je te peux pas te détester, Kayla.

Son trait d'humour me détendit et je me mis à sourire. Il plongea ses iris brunes dans les miennes et, avec sa main, approcha mon visage du sien. Nos lèvres finirent par se toucher et mon cœur s'emballa. Je posai à mon tour ma main sur sa joue qui suivit sa course dans sa chevelure blonde. Sa main descendit dans le creux de mes reins pour m'attirer plus près de son corps.

Ma montre se mit à sonner, indiquant que le temps de notre escapade interdite était terminé. Le baiser prit également fin. J'étais confuse, mais en même temps tellement heureuse. Je savais que c'était une erreur de l'avoir embrassé, mais j'en avais envie depuis tellement longtemps.

- Nous devons rentrer, lui rappelai-je, à contrecœur.

Lorsque nous arrivâmes dans l'aile des sujets, le couloir était désert. Je savais qu'aucune caméra de surveillance ne scrutait cette partie du bâtiment. Nous étions "en sécurité" pour le moment.

A l'aide de ma carte, je déverrouillai la porte du dortoir. Newt s'y engouffra sans enthousiasme. Avant d'atteindre son lit, je l'interpelai. Il revint sur ses pas.

- Écoute... ce qui s'est passé... ne doit plus se reproduire, balbutiai-je à contrecœur.

- Tu parles du baiser ? me demanda-t-il.

- Si on venait à se faire attraper, ils te feraient disparaitre et je ne pourrais pas le supporter, avouai-je. Je t... Je tiens trop à toi pour ça.

Le blondinet sembla toucher par mes mots. Il saisit ma main et entrelaça ses doigts dans les miens. Bien que j'aurais dû protester, je n'en avais plus la force. Dès qu'il me touchait, je devenais faible.

- Je t'ai menti, tout à l'heure... lorsque je t'ai dit que c'était les moments de liberté que tu m'offrais qui me faisaient tenir. C'est faux. En fait, c'est... toi. Sans toi, je ne sais pas ce que je ferais ici.

Ses propos me touchaient et ne m'aidaient pas à tenir mes résolutions. J'avais tellement envie de l'embrasser en cet instant. Et puis, tant pis ! Je me hissais sur la pointe des pieds pour atteindre ses lèvres. Il encercla ma taille de ses bras.

- Kayla ? Newt ? fit une voix féminine surprise derrière nous.


******

Bonsoir !

Nouveau chapitre en ligne ! Chapitre consacré aux souvenirs de Kayla. D'ailleurs, le prochain sera la suite de celui-là.

J'espère qu'il vous plaira ! Comme toujours n'hésitez pas à commenter, je suis là pour répondre à vos questions !

Qui, d'après vous, a surpris nos deux amoureux à la fin ? Des idées ?

Sur ce cliffhanger, je vous souhaite une bonne soirée et une bonne lecture :)

W.C.K.D. IS BAD -- Le Labyrinthe/NewtOù les histoires vivent. Découvrez maintenant