Chapitre 30 : Suspicions

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Les gardes refermèrent la porte derrière moi d'un coup sec. Je me retrouvais seule dans un dortoir rempli d'une dizaine de lits. Je n'avais que l'embarras du choix. Je choisis une couchette inférieure, près du coin sanitaire. J'appréciais l'intimité qui m'était offerte, mais j'aurais préféré partager ma chambre avec mes amis. Et avec Newt. Depuis que nous nous étions embrassés, la seule nuit que nous avions passés ensemble était au gnouf. Et encore, nous n'étions pas seuls. J'aurais aimé qu'il puisse me rejoindre, maintenant, pour profiter de cette immense pièce et pour nous retrouver en tête-à-tête.


Après m'être débarbouillée, je m'allongeais sur la banquette que j'avais choisi quelques minutes plus tôt. Je n'étais pas habituée à ce silence total. Au bloc, il y avait des bruits familiers, comme ceux des animaux, celui des portes du labyrinthe qui s'ouvraient tôt le matin, les petites discussions matinales entre blocards. Pas une seule fois depuis que j'étais arrivée au bloc, je n'avais connu une seule seconde de silence. C'était tout nouveau, mais cela m'angoissait. Je ne voulais pas être seule ce soir.

Comme si mes prières intérieures venaient d'être exaucées, des bruits métalliques provenant de sous mon lit se firent entendre. Hésitant d'abord à vérifier si ces sons étaient réels ou le fruit de mon imagination, je décidai de me contorsionner pour essayer de voir ce qui se passait là-dessous. A ma grande surprise, la tête d'un jeune homme, que je ne connaissais pas du tout me faisait face. A cause de la pénombre, je n'arrivais pas bien à distinguer son visage.

- Suis-moi, chuchota-t-il.

Comment avait-il fait pour arriver jusqu'à mon dortoir ? Et surtout, pourquoi voulait-il que je le suive ?

- Qui es-tu ? lui demandai-je.

- Suis-moi, nous n'avons pas beaucoup de temps, insista-t-il.

Qu'est-ce que je risquais à le suivre, au final ? songeai-je. Je me glissai hors du lit et me mis à ramper sur le sol pour atteindre la grille de ventilation par laquelle mon invité mystère venait d'arriver. Je m'engouffrai dans un tunnel métallique qui ressemblait fortement au système de ventilation. Des lumières rouges dont j'ignorai la provenance éclairait le chemin.

- Où va-t-on ? lui demandai-je, intriguée par sa soudaine visite.

Allait-il me mener au dortoir des garçons ? Après avoir tourné dans tous les sens (cela me rappelait étrangement le labyrinthe), le jeune homme s'arrêta et se mit à regarder à travers une autre grille, se trouvant en dessous de lui. Je m'approchai pour regarder ce qui l'intriguait autant. Un couloir désert se trouvait sous nos corps.

- Qu'est-ce que je suis supposée voir ? demandai-je.

- Attends, chuchota-t-il, gardant les yeux rivés sur le couloir.

En effet, quelques secondes plus tard, des bruits de pas et de roues sur le sol se firent entendre. Une femme portant une blouse blanche apparut dans mon champ de vision. Je l'avais déjà croisé lorsque nous étions arrivés et emmenés dans le laboratoire. Elle sortit un badge qu'elle scanna pour ouvrir une porte. Jusque là, rien d'anormal. Par contre, ce qui suivit me perturba : deux espèces de caissons étaient poussés dans cette pièce. Ils semblaient contenir des corps.

- Qu'est-ce que c'est ? demandai-je.

- Je ne sais pas mais, tous les jours, à la même heure, cette porte s'ouvre et des caissons similaires sont transportés dans cette salle.

- Et qu'est-ce qu'ils leur font ?

- Je l'ignore. Je ne suis jamais allé plus loin, me répondit le jeune homme. Le tunnel d'aération ne va pas dans l'autre section. Mais une fois qu'ils ont franchi cette porte, ils n'en ressortent pas. Je pense que personne ne quitte jamais vraiment cet endroit.

W.C.K.D. IS BAD -- Le Labyrinthe/NewtOù les histoires vivent. Découvrez maintenant