Chapitre 4

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Elodie et moi, nous nous affichons ouvertement. Les premiers jours ont été teintés de gêne mais après, la tenir par la main quand je le voulais était un véritable bonheur. Cela n’a pas vraiment plu à tout le monde et surtout pas à Eric, qui ne s’est pas gêné pour me le faire remarquer.

« Alors toi et… Elodie ? » m’a-t-il apostrophé un soir alors que je sortais de cours.

« Oui moi et Elodie. » lui ai-je simplement répondu.

« Je ne savais pas que tu aimais les filles. » Il me dit ça avec un sourire mauvais.

« On n'en a jamais parlé puis ça ne te regardait pas vraiment. » Je préfère m’en aller avant que ça ne dégénère.

Lorsque je rapporte la conversation à Elodie, elle m’avoue qu’Eric avait un gros faible pour moi. « Il m’a avoué qu’il comptait te mettre dans son pieu. »

« Sympa pour moi ! » Je suis énervée. Comment le fait de séduire quelqu’un peut-il juste se résumer au sexe ?

« Allez laisse tombé et vient par-là ma poupée. J’ai deux, trois choses à te faire. » Elodie m’enveloppe et je me laisse emporter par le tourbillon de sensations qui m’aspire chaque fois qu’elle me touche. Elodie ne passe jamais la nuit chez moi. Elle vit encore chez ses parents et ils veulent qu’elle rentre. Elle étude la psychologie sans grande motivation. Le soir, j’ai l’habitude de me mettre par la fenêtre pour observer le prostitué. Parfois, il a des clients, parfois, rien du tout. Il se contente de fumer des cigarettes. Il part en général vers 4 heures du matin et je me demande toujours où il vit, qu’est-ce qu’il fait de ses journées.

Un soir, alors que je suis en train de réviser, j’entends des éclats de voix. Je mets ma tête par la fenêtre et quelle n’est pas surprise lorsque je vois le prostitué aux prises avec ce que je suppose être un client. « Donne-moi mon fric, connard. T’en a bien profité alors je veux mon fric. » Le prostitué à l’air en colère. « Je te donnerai rien, sale pute ! » Le prostitué reçoit un coup de poing et tombe à terre, le conducteur remonte dans sa voiture et démarre sur les chapeaux de roue. Je ne réfléchis pas longtemps avant de descendre et de m’approcher de lui pour l’aider. « Tout va bien. » Je lui tends la main pour l’aider à se relever. Il refuse mon aide et se relève. Un filet de sang lui coule du nez. « Merci merci mais rentrez chez vous. » Il s’essuie le nez avec son débardeur. Je peux enfin voir de plus près le visage de l’homme que je vois chaque soir par ma fenêtre. Il est mat, sûrement d’origine maghrébine, ses cheveux sont noirs, coupés courts, et ondulent légèrement, ses yeux sont verts et ils brillent un peu. Il est beau. Je ne pense pas avoir déjà rencontré un homme si beau. Etonnée de ma propre audace, je m’entends lui dire « Est-ce que tu veux monter chez moi pour te débarbouiller ? » Il me regarde avec étonnement et fait mine de réfléchir. « Ok, je te remercie. » Nous montons dans mon petit appartement, l’espace semble encore plus petit depuis qu’il est entré. Il est grand, il doit faire au moins 1m80, il est fin mais musclé, à travers son débardeur, ses abdominaux parfaitement dessinés sont bien visibles. Je vais lui chercher une serviette et la mouille. Je lui tends et lui demande « Comment tu t’appelles ? » Il s’essuie le nez et le visage et me regarde. « Je m’appelle Jassem. N’as-tu pas peur de laisser des inconnus monter chez toi ? » Il me fixe gravement. « Tu n’es pas vraiment un inconnu, je te vois chaque soir en bas de chez moi depuis un bon moment et là, tu étais blessé alors je voulais juste t’aider. Tu veux boire quelque chose ? » Je lui désigne le clic clac et lui fait signe de s’asseoir. « Si tu as quelque chose de fort, je veux bien. » Je me dirige vers le placard. « J’ai un fond de whisky. Je t’apporte ça. Pourquoi est-ce que tu fais le trottoir ? » Je lui pose cette question comme ça en espérant qu’il ne se vexe pas. Je le trouve tellement beau que je ne peux m’empêcher de me dire qu’il devrait être mannequin. Il me raconte alors son histoire.

Le prostituéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant