Chapitre 7

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Elodie veut me voir plus souvent mais je la freine un peu. Nous faisons l’amour mais je ne ressens rien. Je pense à Jassem et je décide de reprendre mes recherches au quatier Saint-Jean. Cet après-midi, Elodie m’enlace et me dépose des baisers sur la nuque. Elle voit que je ne réagis pas. « Tu m’as l’air ailleurs, Lo. » Je ne réponds pas. « A quoi tu penses ? » Je me lève et me rhabille.

« Tu me fatigues avec tes questions Elodie. Je n’ai rien. » Elle se lève et s’habille à son tour. Elle est contrariée. Elle se met à pleurer. « Je t’aime putain. Je t’aime et toi t’en a carrément rien à foutre ! »

Ses pleurs me calment. Je m’approche d’elle et je lui caresse les cheveux. « Chut Elo. Ne dis pas ça. Je suis simplement préoccupée par les cours c’est tout. D’ailleurs, il faut que j’aille à la bibliothèque. On se voit plus tard, d’accord ? » Elle comprend par là que je veux qu’elle parte. Elle s’en va en essuyant ses larmes.

Vers minuit, je suis à Saint-Jean, je déambule dans les rues. La nuit, la population est tout à fait différente, jeunes gens éméchées, clochards, prostitués. Je marche tranquillement. Parfois, on m’interpelle pour me demander une cigarette ou pour me draguer, je ne réponds pas et continue de marcher. J’arrive dans une ruelle remplie de prostitués. Hommes et femmes. Je scrute attentivement les visages pour trouver Jassem. Dans un petit coin, derrière une poubelle, un mec est en train de se faire sucer par un autre, je reconnais les cheveux ondulés. C’est lui. Je suis écœurée alors je me retourne le temps qu’il ait finit. Cinq minutes plus tard, le type repart, l’air content. Jassem m’a repéré. « Qu’est-ce que tu fous là, Lola ? » Il est en colère. Ses yeux verts brillent. Comme toujours, je suis scotchée par sa beauté.

« Je ne sais pas trop. » Je me demande tout à coup ce que je fais là. « Je crois que je voulais t’aider. »

Il se radoucit. « Tu veux à tout prix voir le monde dans lequel je vis. Tu vas le voir. Viens » Il me prend la main et nous traversons la ruelle sous le regard des autres prostitués. Nous arrivons dans une autre ruelle et il y a encore plus. D’autres baisent devant tout le monde. D’autres se font sucer. Il y a des emballages de capotes partout. C’est sale. D’autres se droguent. Je ne pouvais pas imaginer cela. Jassem me fait entrer dans un bâtiment délabré. Les escaliers sont défoncés, des bouts de plâtre sont tombés. Il me fait entrer dans un appartement où il y a des matelas partout. L’endroit est vétuste et très sale. Une douche semble hors d’usage et il y a des bassines qui servent probablement à se laver. De grosses marmites qui ne semblent pas avoir été lavées depuis plusieurs jours trainent au sol. Jassem me désigne l’endroit  de la main. « Voilà où je vis. » Je suis choquée au-delà des mots. J’imaginais beaucoup de chose mais pas ça. Je ne réfléchis pas et lui dit : « Tu ne peux pas rester là. Viens vivre chez moi en attendant de te trouver quelque chose de mieux. La vie ne se résume pas à tailler des pipes à des gros dégueulasses dans des ruelles derrière des poubelles. Tu peux faire autre chose putain ! » Jassem se met à rire. « Poupée ! Ouvre un peu tes yeux et regarde le monde dans lequel je vis. Il y a les uns et les autres. Je fais partie des autres. Maintenant rentre chez toi, va faire des bisous à ta copine et vit ta vie. » Mon cerveau est sur pilotage automatique. Je ne veux pas partir. Je lui propose alors quelque chose que je n’aurais jamais osé proposer.

Le prostituéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant