Chapitre 15

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En rentrant de la bibliothèque, j’espère pouvoir discuter avec un Jassem plus calme mais dès que j’entre dans l’appartement, je remarque de suite qu’il n’est pas là. Je trouve un mot sur la table basse. Je me contente de m’asseoir sur le clic clac. Jassem me quitte. Il ne veut plus de moi. Je ne pleure même pas, à quoi bon ? Je me suis battue de toutes mes forces depuis que je connais cet homme et je pensais surmonter toutes les épreuves avec lui mais il le refuse. Je suis fatiguée et lasse de me battre seule. Je décide de ne pas le chercher. Je décide de ne plus penser qu’à mon bébé et moi.

Je me sens de plus en plus fatiguée, voilà deux longues semaines que je suis seule. Vivre une grossesse seule et une chose que je ne souhaite à personne. Je suis épuisée entre le travail, les courses et autre… Je n’ai pas de vie sociale. Je ne vois que le médecin qui nous a annoncé la séroposivité de Jassem et qui prend de mes nouvelles de temps en temps. Le bébé se porte bien, du moins jusqu’à cet instant.

Un après-midi, je suis sur le chemin de la bibliothèque, dans le tramway pour rentrer, lorsqu’un incident éclate entre deux jeunes hommes. Apparemment, ils sont de bande opposée de deux quartiers différents, qu’importe mais cela dégénère très vite. J’étais debout car il y avait un monde fou et que malgré le fait que je sois enceinte, personne ne me laisse sa place et l’un deux en fuyant m’a bousculé violemment. Je suis tombée brutalement. Quelques personnes présentes m’ont aidés à ma relever et je suis rentrée directement me reposer. Quelques heures plus tard, couchée sur mon lit, je suis prise de violentes douleurs au ventre, je me lève pour aller aux toilettes et je vois du sang. J’appelle immédiatement les pompiers. Ils sont assez rapides et m’emmènent aux urgences de l’hôpital mais il est trop tard, j’ai perdu mon bébé. Le fruit de l’amour que j’avais pour Jassem. Je n’ai plus rien. Il ne me reste plus rien. Je suis effondrée. Je ressors de l’hôpital quelques jours plus tard. Docteur Trimes, le docteur qui nous suivait depuis un moment Jassem et moi, est le seul qui vient me rendre visite à la maison. Il ne voit plus Jassem depuis qu’il m’a quitté. C’est comme s’il n’avait jamais existé.

Docteur Trimes est très gentil. Il prend souvent de mes nouvelles et m’apporte des pâtisseries. J’ai réussi à avoir un petit congé au vu des circonstances et je ne sors pas de chez moi. Il me fait beaucoup rire, il a un sens de l’humour hors du commun. Il est charmant et sa présence me fait oublier quelque peu mes soucis. Je crois même qu’il m’apprécie un peu trop même si il n’a jamais eu de gestes déplacés envers moi. Je me sens vraiment déprimée et je décide de m’ouvrir un peu plus à lui.

« Docteur Trimes… » Il sourit.

« Appelez-moi Patrice s’il vous plait. Pas de Docteur entre nous. » Je lui souris également.

« Patrice, je suis vraiment mal. Je me dis qu’il faudrait que je parte quelques temps, que j’oublie, que je déménage. Ici, tout me rappelle mon enfant perdu et son père, perdu également… C’est trop dur. Je n’y arrive plus. » Il me prend la main.

« Je comprends parfaitement votre détresse et j’aimerais vous faire une proposition. J’ai un ami à l’université Sorbonne Nouvelle à Paris qui recherche une assistante pour ses cours de sociologie et je me disais que vous seriez parfaite. Cela vous permettrez de prendre un nouveau départ. » Je suis surprise et ravie qu’il ait pensé à moi.

« Mais je ne suis pas qualifié pour ce job. » Il me sourit encore.

« Au contraire Lola, vous êtes tout à fait qualifiée pour ce poste et j’en ai déjà parlé à mon ami. C’est le Professeur Leroy et il est d’accord pour vous embaucher. Vous pourriez commencer la semaine prochaine. »

Et c’est ainsi que me voilà partie pour Paris.

Le prostituéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant