Chapitre 12

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La pression sur ma main se fit plus forte, essayant de me donner du courage. Mais je ne pouvais relever la tête pour le moment, je sentais son regard sur moi. Il devait se poser des questions au vue de ma réaction.

Un rire mélodieux éclata alors autour de la table. Celui de Rachel.

- Oh navrée vous n'êtes pas encore grand parent.. Cet enfant n'est pas de lui. Mais il s'en occupe très bien. Il a la fibre paternelle votre fils.

Fibre paternelle.. Benjamin avait la fibre paternelle.

Je n'étais pas sûr de survivre à ce dîner, l'ascenseur émotionnel était trop fort, digne des montagnes russes.

Rachel repris alors la discussion. Expliquant qui était le véritable père de son fils, son premier mariage ainsi que son divorce. Un footballeur. Encore un. Décidément, elle ne fréquentait que des sportifs !

J'accueillis la pause avant le dessert avec une grande bénédiction. Je m'excusais auprès de tous et sortis prendre l'air. J'avais besoin de m'éloigner d'eux, de prendre du recul afin de reprendre mes esprits.

Les mains tremblantes j'ouvris la portière de ma voiture et fouilla la boîte à gant à la recherche de ce petit paquet rouge. Je pestais contre moi-même, n'arrivant pas à mettre la main dessus. Soudain, je le sentis sous mes doigts, un sourire de satisfaction s'empara de mes lèvres et c'est avec fébrilité que je l'ouvris. Un paquet à moitié plein mais c'était suffisant, enfin je l'espérais.

Je portais une cigarette à ma bouche et l'allumais rapidement. La nicotine se propagea alors instantanément dans mon corps après 5 ans d'abstinence. Un soupir de satisfaction s'échappa de mes lèvres avec la fumée.

Je levais mon regard vers le ciel et observais cette noirceur d'un calme absolu.

- Je pensais que tu avais arrêté, s'exclama une voix derrière moi.

- Je pensais aussi, soufflais-je.

Je me retournais et le découvris assis sur les marches du perron. Je restais un instant à le regarder de ma place, observant le vent jouer dans ses bouclettes et je le rejoignis, prenant place à ses côtés. Il était légèrement tendu cela se voyait. Il ne savait pas quoi dire ou alors pas par où commencer.

- Je suis désolé.. J'aurais dû te dire que j'avais quelqu'un dans ma vie.

- Ça va Pavard, ça fait 3 ans qu'on est plus ensemble pas 48h.. Tu avais tous les droits de refaire ta vie. Déclarais-je compréhensive.

Il hocha la tête, se détendant enfin face à ma réponse.

- Par contre, je ne pensais pas que tu changerais radicalement de style de femme !

Un sourire prit place sur ses lèvres.

- C'est vrai que vous êtes complètement à l'opposée toute les deux.. Mais c'était le but. Je ne pouvais pas me remettre avec quelqu'un comme toi après nous.. C'était trop douloureux.

Je restais impassible à ces côtés, réfléchissant à ces paroles. A chacun de nos échanges nous étions obligés de revenir au passé. De revenir sur cette époque, ce douloureux moment. Est-ce qu'un jour nous pourrions avoir une conversation où nous pourrions faire abstraction de notre passé ?

- Il faut que tu arrêtes Pavard.

- De quoi donc ?

- De parler du passé, m'exclamais doucement tout en l'évitant du regard. Tu sais que ça reste douloureux. Évitons de parler de nous, juste un moment je t'en prie.

Nous restâmes alors côtes à côtes dans un silence plus qu'apprécié. Je terminais alors ma cigarette, soulagée.

- J'ai bien crus que t'allais faire une crise cardiaque tout à l'heure, déclara Benjamin.

Je me retournais vers lui, le dévisageant.

- Si tu sais, quand Rachel a annoncée qu'elle avait un enfant. Tu aurais vu ta tête !

- En l'espace d'une soirée, j'ai appris que tu avais une copine et possiblement un enfant. Excuse-moi d'être surprise ! m'écriais-je en enfonçant mon coude dans ses côtes.

- Outch Juliette ! Tu es violente ! Tu n'as pas le droit de blesser le futur champion du monde !

Je ne pus retenir un rire franc s'échapper de mes lèvres, en le voyant faire sa moue de victime. Il me dévisagea, surpris de ma réaction face à ces paroles et me poussa. Je tombais alors à la renverse, il plaqua mon bras sur le sol, sur le parvis de la maison.

- Pour qui tu te prends Juliette ? Je te fais rire ? s'exclama-t-il.

Son visage était sérieux sauf ces yeux, ils pétillaient de malice. Moi, j'étais juste surprise de me retrouver dans une position improbable et dans un lieu tout autant improbable. N'importe qui pouvait ouvrir la porte d'entrée et nous retrouver ainsi. A quoi il jouer ?

- Ramène la coupe à la maison et on verra si tu es un champion, Pavard, défiais-je en le repoussant.

Je me relevais, me libérant de son emprise. Je fis quelques pas, m'éloignant pour écraser ma cigarette.

- Je te prends au mot. Je la ramènerais à la maison, je ferais tout et même plus.

Je me retournais vers lui et l'observa. Il s'était relevé lui aussi. Ces yeux ne rigolaient plus, il était sérieux et déterminé. Sa mâchoire était contractée.

- Je la ramènerais pour toutes les personnes qui sont dans cette maison, dit-il en pointant du doigt la demeure familiale derrière lui et en avançant vers moi, Je le fais pour ta mère... Pour ton père, mon premier entraîneur...

Je le fixais, ne sachant pas quoi répondre à sa tirade rempli de détermination. J'étais surprise de le voir avec cette envie de rendre les personnes fières, alors qu'il y avait quelques heures il était effrayer et empli de doute. Il parcouru les derniers mètres qui nous séparés comme un prédateur avançant vers sa proie. J'étais stoïque face à son comportement.

Il attrapa alors soudainement mon bras et me tira dans ses bras, m'encerclant avec son autre bras en me prenant l'arrière de ma tête.

Je me retrouvai en l'espace d'une seconde dans son étreinte forcée. Ma tête collée contre son torse, je sentais la crispation de ces bras autour de moi et sentie qu'il n'avait aucunement envie de me laisser m'échapper.

- Pour te rendre fière toi.. 

 

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Come back Home - PavardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant