Chapitre 16

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Après cela, rien ne fus rajouté. Il avait juste attendu que mes larmes cessent et il était parti. Je ne savais même pas pourquoi il était passé à la boutique de base. Je me sentais vidée et décidais de fermer plus tôt. Je décommandais les rendez-vous de mon après-midi et rentrais chez moi, me cacher sous ma couette.


Le lendemain ne fut pas plus joyeux. J'ouvris la boutique de bonne heure et rattrapais mon retard accumulé.

J'étais concentrée par ma tâche, le tintement de la sonnette d'entrée se fit entendre, signalant l'entrée d'un client.

Je ne relevais pas la tête immédiatement, penchée sur la composition du bouquet, des mains manucurées se posèrent alors sur le plan de travail, me déconcentrant.

Je relevais alors le visage vers la personne qui venait d'entrer dans ma boutique et découvris Rachel, se tenant droite sur ses escarpins. Cette fille était définitivement parfaite à chaque instant.

Je m'efforçais d'être aimable et je la saluais :

- Oh Bonjour, en quoi puis-je vous aider ?

Elle me toisa encore un instant, son regard se balaya sur l'ensemble de ma personne, comme si je passais au rayon X. Puis elle se pencha légèrement vers moi.

- Tu vas laisser tranquille Benjamin. Je t'interdis de t'approcher de mon petit ami. Il est hors de question qu'il mette en péril son avenir de Champion du Monde pour une simple fleuriste de campagne. Tu vas sortir de sa vie immédiatement. Menaça-t-elle. De toute façon tu n'es rien. Tu m'entends, rien du tout. Juste une distraction de passage. Tu ne fais que le trainer vers le bas et non l'aider à évoluer. Alors c'est fini. Je te jure que si je te revois tourner autour de lui, je ferais de ta vie un enfer. J'ai des relations, je pourrais te faire fermer boutique en claquant des doigts. Ne te met plus jamais en travers de mon chemin. Je suis ce qu'il y a de meilleur pour lui.

J'écoutais ces menaces bouches bé, je ne m'attendais aucunement à ce débâcle de reproche, méchanceté et de mise en garde.

Elle ne me laissa pas le temps de prendre la parole et d'essayer de me défendre.

- J'espère que j'ai bien été clair. Dans le cas contraire, tu ne sais pas à qui tu as affaire.

Elle ponctua cette phrase en me toisant de nouveau et quitta la boutique aussi rapidement qu'elle était entrée.

Je restais stoïque, encore sous le choc de ces mots violents.

Qu'est ce qui lui prenait ? Avait-elle fini par savoir que j'avais échangé un baiser avec Benjamin ?

Mais au fond.. N'avait-elle pas tort ?

Cette semaine qui avait passé à une vitesse folle n'avait été qu'une montagne russe d'émotion. Nous avons passé notre temps à nous détester puis nous rabibocher. A nous faire du mal en nous remémorant notre passé. C'est ça, je le tirais dans le passé inlassablement. Alors que dans moins de 24 heures, il allait vivre un tournant dans sa vie. Pour son futur.

Ces paroles étaient donc plutôt réalistes. Le petit Benjamin que j'avais connu avait grandi et allait s'envoler bientôt pour une nouvelle vie, loin de sa campagne natale. Et moi, je resterais ici, dans cette campagne et.. Je ne bougerais malheureusement jamais d'ici.

Il fallait donc que je le laisse partir, comme il y a trois ans. Sauf que là c'était lui qui était parti sans rien dire. Mais là, c'est à mon tour.

Mon portable me tira de mes pensées sombres. Un message d'Alice.

« Repas familiale ce soir pour départ Benjamin demain. Tu viens ? »

Non Alice, je suis désolé.


Prise dans mon travail, je ne vis pas la journée passée. Quand je décidais enfin de fermer boutique, il était déjà tard. Je soupirais tout en éteignant l'ensemble des lumières et fermais la porte à clé une fois l'alarme mise.

Je traversais la route et rejoignis ma voiture garée sur le parking en face de la boutique. Je mis en route le contact et pris un instant avant de sortir de ma place. Il était dur pour moi de savoir que, même si je n'étais pas bon pour lui, je ne pouvais plus le voir.

J'avais passé la journée à ruminer les paroles de Rachel. Ces paroles qui sont devenu au fur et à mesure très vrai dans mon esprit.

Je me mis enfin en route, sans vraiment être mentalement concentré. Et en moins de temps qu'il en fallait, je me retrouvai à deux rues de la maison des Pavard.

Tous me ramener définitivement à cette famille.

Feu rouge.

Je mourrais d'envie de juste passer devant chez eux. Juste pour voir s'il va bien. Juste pour que je puisse lui dire adieu.

Rachel ne le saura jamais. Je ne m'arrêterais pas.

Je veux juste le voir, juste une dernière fois.

Un klaxon me tire de ma rêverie et sans plus de réflexion, je m'engage dans la rue de leur maison.

Mes mains sont moites sur le volant. Je jauge la pression de mon pied sur l'accélérateur, ne voulant pas me faire remarquer avec un excès de vitesse. Je freine légèrement à l'arrivée devant la demeure.

J'aperçois alors Benjamin, dans le jardin à côtés de la terrasse, occupé à faire cuire la viande sur le barbecue. Une main dans la poche de son short, l'autre retournant les saucisses.

Son visage est neutre et impassible.

Intérieurement, je prie pour qu'il tourne la tête vers la route et qu'il me voit. Qu'il m'invite à venir. Et que j'oubli l'ensemble de ces paroles et pensées négatives.

Un cri s'élève de la maison, des rires, puis je vois une personne se précipiter dehors et prendre dans ses bras par derrière Benjamin. Cette personne est bien sûr Rachel.

Le visage de Benjamin s'empare alors d'un sourire.

Il ne m'en faut pas plus pour voir qu'il est heureux avec elle. Qu'elle le satisfait amplement et que je n'ai plus rien à faire dans sa vie.

Je ravale mes larmes et je me dépêche de partir loin. Je prends la route direction mon appartement. J'ai juste besoin de temps pour moi.

Une fois chez moi, je laisse tomber mes affaires sur la commode d'entrée et me dirige vers la salle de bain. J'ai besoin de décompresser et rien de mieux pour ça qu'une bonne douche.

Après ma toilette qui ne me détend pas autant que je ne l'aurais voulu, j'ai l'impression d'être au ralenti et de ne plus faire face au temps qui s'écoule. Les heures semblent des minutes.

Je me sens déphasée avec le monde qui m'entoure. Il est alors peu après minuit quand je me décide de faire une tisane pour m'aider à dormir. Sentant déjà que la nuit va être compliquée.

Je joue avec mon sachet de thés lorsque quelqu'un frappe à la porte de mon appartement. Je sursaute de surprise, ne m'attendant à aucune visite à cette heure tardive.

- Juliette. Ouvre. Je sais que tu es là.

 Je sais que tu es là

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Come back Home - PavardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant