Hybride

Chapitre 45

Les loups se jaugent, grognent et sortent les crocs. Les nouveaux venus sont tous des jeunes mais ne sont nullement impressionnés par nos auras combinées. Ils continuent d'avancer vers nous sans se soucier des conséquences de leurs actes. Ils sont contrôlés par leurs instincts et nous ne pouvons malheureusement pas faire grand-chose pour le moment. On est coincés, se battre contre eux ne rimerait à rien et fuir les inciterait à avancer plus loin sur le territoire. Nathan et Aaron sont toujours devant moi alors j'en profite pour monter sur le dos d'Aaron.

- Il faut qu'on les ramène sur leur territoire.

Ils acquiescent et se mettent à courir vers le groupe de loups. Au dernier moment, ils sautent par-dessus et accélèrent vers la frontière. Les jeunes tombent dans le panneau et se mettent à nous poursuivre en s'enfonçant toujours plus dans la forêt. On parvient à la limite en quelques secondes et il ne nous faut pas plus de temps pour apercevoir l'Alpha de la meute voisine. Aaron lui fait un signe de tête mais les présentations sont vite coupées par nos poursuivants. L'Alpha nous remercie d'un autre signe de tête et s'occupe de ses loups avec son aura. Nous ne perdons pas plus de temps et repartons sur notre territoire.

Une fois de nouveau dans la clairière, le loup de Nathan semble ailleurs. Sa première sortie semble lui faire de l'effet comme un enfant un jour de Noël. On dirait qu'il vient seulement de se rendre compte qu'il n'est plus sous forme humaine. Il semble fasciné par tout ce qui l'entoure, même l'herbe sous ses pattes récolte regards et glapissements joyeux. Aaron s'est transformé pour me dire que tout se passe bien au village et que nous pouvons rester ici encore un peu. Les jeunes loups se transforment après s'être calmés mais je pense que Nathan va rester comme ça toute la nuit. On finit par se remettre sous forme lupine ce qui plaît visiblement au loup de Nathan qui a une folle envie de jouer. On se mord, on saute, on court, on plonge dans l'eau glacée du petit lac. Puis, je propose à Nathan et Aaron d'aller chasser sur un territoire neutre. C'est ce que j'ai fait quand je me suis transformée pour la première fois. J'étais seule c'est pour ça que je m'étais isolée au cas où ça se passait mal mais Lua a été très calme et tout s'est bien passé. Je me souviens que c'était la plus belle partie de chasse de ma vie. On part donc en direction d'une zone où on peut chasser librement.

Je me transforme, j'ai repéré une biche qui boit non loin de nous. J'avance, à pas feutrés, impossible à détecter. Enfin je l'aperçois, la tête baissée pour recueillir le liquide qui coule devant elle et inconsciente du danger qu'elle court. Nathan est intenable, il veut sauter, courir vers elle et la poursuivre jusqu'au fin fond de la forêt. Mais s'il fait comme ça, il ne l'aura jamais. Il faut être discret et ne pas se faire remarquer. Je m'élance la première, mon travail est de lui faire peur pour qu'elle courre droit sur Aaron et Nathan. Je suis courbée, mon cœur bat vite, mes sens sont en éveil. Je contourne la biche pour être devant elle et face aux deux loups qui l'attendent patiemment. Elle ne m'a pas vue, j'avance. Un pas après l'autre, toujours dissimulée par les buissons et les arbres. Une brindille craque, elle lève la tête, ses oreilles dressées sur sa tête mais ce n'est pas moi qu'elle regarde. C'est l'oiseau qui vient de prendre son envol et qui a fait bouger les branches de son arbre. Le vent joue également en ma faveur, il souffle fort, perpendiculairement à moi faisant bouger les feuilles mortes au sol. Ma proie se remet innocemment à boire tandis que je l'approche toujours plus. La course va commencer. Trois. Deux. Un. C'est parti. Je m'élance vers elle toutes griffes dehors. Elle prend peur et comme prévu se met à courir en plein sur Nathan qui n'attend que ça. Elle ne le remarque pas, trop occupée à m'échapper et quand les crocs du Beta se plantent dans sa chair, elle gémit de douleur et de surprise. En quelques secondes Aaron l'aide à l'immobiliser et Nathan plante ses crocs dans son cou pour la tuer. Elle tombe au sol, inerte, et notre repas est servi. Nous mangeons rapidement puis abandonnons la carcasse, de toute façon, d'autres animaux viendront la finir.