Hybride

Chapitre 78

Je parcours la foule au pas de course cherchant désespérément Cécile et Georges. Je veux m'assurer qu'ils sont en vie quelque part mais personne ne semble pouvoir m'aider dans mes recherches. Aaron me rejoint rapidement, lui aussi inquiet pour ses parents. Au bout de plusieurs longues minutes de fouille, nous les apercevons enfin dans un coin de la pièce. Ils sont tous les deux étendus à même le sol, côte à côte, avec trois personnes autour d'eux en train de leur prodiguer des soins. Mon âme-sœur et moi nous approchons à grandes foulées si bien qu'en quelques secondes, nous sommes à leurs côtés. Cécile à l'air de souffrir mais d'après la jeune femme qui s'occupe d'elle, ses jours ne sont plus comptés. Georges et simplement écroulé de fatigue mais n'a pas de blessure particulièrement importante. Mes jambes cèdent sous mon poids mais je me rattrape à l'aide de mes mains. Les savoir en vie m'enlève un grand poids et je me sens enfin victorieuse de cette guerre. La fatigue est tellement forte que je m'endors à même le sol à côté des parents d'Aaron.

Quand j'ouvre les yeux je reconnais immédiatement l'endroit où je me trouve : ma chambre. Aucune trace d'Aaron mais j'aperçois un petit mot qui porte son odeur sur la table de chevet. Il m'indique qu'il est resté avec la meute pour aider à gérer les blessés et que je peux rester me reposer si je le souhaite. Évidemment, je sors de la maison et vais le rejoindre pour l'épauler. Je ne vais pas me prélasser tandis que lui endosse seul le rôle d'Alpha. Quand j'arrive près de lui, il m'évalue du regard et je fais de même. Il a l'air épuisé mais tient bon pour la meute.

- Tu peux aller te reposer, je prends le relais. Je lui dis d'une voix douce.

- Tout ira bien ? Il demande.

- Ne t'en fais pas, en plus tu as fait la plus grosse partie du travail. Tu as vraiment besoin de te reposer alors va dormir à la maison.

Il acquiesce, dépose un léger baiser sur mes lèvres et se dirige vers la maison. Pour ma part, je donne quelques indications aux loups qui m'entourent et pars à la recherche de mon père. Je ne mets pas longtemps à trouver son odeur et à suivre sa trace. Il discute avec quelques Deltas de notre meute. Je m'approche et les entends rire avant que les trois Deltas ne partent aider d'autres loups laissant mon père seul. Il me sourit quand j'arrive à sa hauteur et je fais de même.

- Tu as pu récupérer ? Il demande.

- Oui ça va mieux, j'ai pu dormir un peu. Je voulais te demander, comment tu as su ce qu'il se passait ici ?

- Vous avez eu de la chance. Hier, j'ai enfin su où Thomas se cachait et j'avais prévu de lui rendre une petite visite aujourd'hui. Sauf que comme tu t'en doutes, il n'y avait personne. J'ai trouvé ça suspect mais mes loups ont commencé par supposer que c'est notre informateur qui s'était trompé mais par précaution j'ai demandé à mes loups de quadriller la zone. On a rapidement entendu les hurlements venant d'ici donc on vous a rejoint. J'aurais aimé arriver plus tôt, tu aurais dû me prévenir. Il finit avec un regard sérieux.

- Tu n'aurais pas pu venir m'aider comme ça. Si l'Alpha suprême commence à faire du favoritisme ça va se savoir et tu seras destitué. Je ne voulais pas que tu perdes ta place par ma faute. Cependant, au nom de la meute éclipse et de nos alliés, merci d'être venu. Je ne sais pas ce que nous serions devenus sans vous.

C'est à cet instant que je me suis réellement sentie Alpha, mais au-delà de ça je me suis sentie louve. Avant je n'étais qu'une erreur cherchant vainement à survivre dans un monde hostile. Ce jour-là, une page de ma vie s'est tournée et je n'avais aucune idée de ce qu'allait me réserver l'avenir mais je savais une chose, c'est que ma meute serait avec moi.

C'est difficile de comprendre les gens qui nous entourent. J'aurais aimé mieux connaître Thomas. Il était mon frère et c'est injuste qu'il n'ait eu personne pour l'épauler quand il en avait besoin. Je regarde le ciel en sentant mon cœur se serrer. Il s'est mis à pleuvoir. Certains disent que le ciel pleure comme pour rendre un dernier hommage aux défunts. Je n'y crois pas. Pour moi, il ne fait que nous rappeler que même si des gens se battent, sont tristes, perdus ou seuls, le monde continuera d'avancer et que nous devons faire de même. Nous n'avons pas tout notre temps pour pleurer, nous devons avancer pour ceux qui nous ont quittés ou juste pour prouver à la vie que nous n'allons pas nous laisser faire. Il faut toujours avancer, mettre un pied devant l'autre, même si on tremble, même si on tombe, il faut se relever et toujours avancer.