Hybride

Chapitre 62

Quelques jours ont passé depuis la bataille qui nous a opposés à Thomas et c'est aujourd'hui que nous allons incinérer les corps. L'ambiance est terriblement tendue et la tristesse générale est déprimante. Les corps sont transportés vers le four qui servira à leur incinération dans le plus grand silence. Une fois qu'ils seront réduits à l'état de cendres nous les remettrons dans la nature. Dix loups sont partis accomplir la première partie du travail et ensuite toute la meute ira se recueillir à l'endroit où nous les déposerons.

Tout le monde attend patiemment le retour des loups que nous avons envoyés. Le temps est gris et la pluie menace de tomber mais pour l'instant cela se maintient. Aaron, Kelly, Nathan et moi discutons tranquillement dehors malgré la tristesse qui est omniprésente. Certains ont perdu un mari ou une femme, un frère ou une sœur ou même un fils ou une fille. Tous les loups sont en deuil et le calme règne partout. Les dix envoyés arrivent avec les cendres de nos compagnons. La meute se rassemble et la marche commence à travers la forêt.

Le silence est maître tandis que nous montons de plus en plus haut dans la montagne sous forme humaine. Les parents d'Aaron mènent la marche, Aaron et moi sommes derrière eux, ensuite il y a les Betas, adultes puis enfants, et pour finir les Omégas. La forêt est calme, éblouissante et les immenses arbres nous surplombent. La nature semble immortelle comparée à nous.

Nous débouchons enfin sur une clairière au milieu des bois. La journée est bien avancée et le soleil, même si on ne le voit pas derrière les nuages, va bientôt se coucher. La luminosité descend de seconde en seconde mais ça n'a aucune importance pour nous. Nos sens nous permettent d'y voir comme en plein jour. Les trous sont creusés et les cendres enterrées. Le père d'Aaron se place devant la foule pour faire un petit discours. Il a l'air complètement vide de vie, son fils doit beaucoup lui manquer.

- Nous sommes réunis aujourd'hui pour un triste événement. Certains de nos camarades nous ont quittés, c'est pourquoi nous nous devons de leur rendre hommage. Comme l'ont fait nos prédécesseurs, nous allons prier la déesse Luna pour qu'elle apporte sa protection aux défunts. Depuis l'époque des fondateurs, les loups qui ont porté avec eux le nom de la meute ont toujours respecté cette tradition et c'est aujourd'hui notre tour. Il conclut sans qu'aucune émotion n'ait traversé son visage.

Certaines personnes pleurent pendant que d'autres font de petits discours. Chacun des loups présents passe devant toutes les cendres pour prier la déesse Luna. Quand je m'approche de celles de Michael, Aaron est devant, les yeux fermés. Je viens derrière lui et pose ma main sur son épaule en signe de réconfort. Il me regarde puis commence à parler à son frère.

- Adieu Michael, merci d'avoir été là pour moi pendant tout ce temps. Tu étais d'abord mon frère mais aussi mon confident et c'est aussi grâce à toi que je suis la personne que je suis aujourd'hui. Tu étais toujours joyeux, toujours de bonne humeur et ce, malgré les épreuves que tu as dû traverser. Tu m'as aidé quand j'étais au plus bas et je ne t'en remercierai jamais assez. Papa et maman sont dévastés et moi aussi mais je sais que ce n'est pas ce que tu voulais alors je vais faire mon possible pour les aider. Je te vengerai, Emily m'a expliqué que celui qui a tiré était ton ami mais je ne compte pas l'épargner et elle non plus n'y compte pas. Je ne peux pas réprimer mes émotions. On ne se reverra plus, et je le regrette Michael. Tu t'es occupé de moi jusqu'à maintenant, alors merci et encore une fois, adieu. Il finit déterminé mais une larme dévalant sa joue. Il me regarde et me laisse la place devant le petit tas de terre sous lequel sont enterrées les cendres.

Je m'agenouille et joins mes mains devant moi pour réaliser une prière silencieuse. Quand j'ouvre à nouveau les yeux, la pluie se met à tomber. Les gouttes d'eau s'écrasent sur le sol et sur mon visage déjà mouillé de larmes. Je renifle bruyamment et sans aucune élégance avant de commencer à parler.