Hybride

Chapitre 65

Je rumine dans le lit un moment sans pouvoir trouver le sommeil. Certes, la meute m'a acceptée mais ça me paraît difficile de leur demander d'intégrer un groupe entier de Deltas. En plus, avant même d'en parler à la meute, il faut que j'arrive à convaincre Aaron, ce qui va peut-être poser problème. Il va stresser en tant que nouvel Alpha. Avant, ses parents étaient là pour nous guider. Maintenant, ils ne sont plus que l'ombre d'eux-mêmes. J'espère que si on arrive à mettre fin à cette guerre et à tuer Thomas, ils arriveront à tourner la page. Aaron et moi l'avons fait, par obligation et non par choix mais nous l'avons fait. Je sais que ce n'est pas pareil puisque Michael était leur fils, mais ils doivent s'en remettre au plus vite parce que ce n'est pas ce qu'il aurait voulu.

Je tourne une énième fois en m'enroulant dans nos couvertures sans trouver de position à adaptée. Je sais qu'Aaron ne dort pas non plus puisque que je sens ses réflexions à travers le lien tout comme lui doit sentir les miennes. Je me tourne vers lui et me blottis contre son torse. Sa chaleur m'entoure et je me laisse bercer sans pour autant trouver le sommeil. Il me serre contre lui et hume mon odeur sans rien dire. On sait tous les deux que ce n'est pas le moment de discuter. On en parlera demain à tête reposée et autour d'un bon petit déjeuner.

Nous finissons par nous endormir et malgré le peu d'heures de sommeil que nous avons eues, celles-ci étaient plutôt réparatrices. Quand j'ouvre les yeux, je suis toujours dans la même position que quand je les ai fermés, c'est à dire collée à mon âme-sœur. Il se réveille à son tour et m'embrasse gentiment avant de s'étirer souplement. Il me sourit et nous nous levons sans un mot pour aller préparer le petit déjeuner.

Je pense toujours à demander à des Deltas de nous aider mais j'ai un peu peur de me lancer. Évidemment, Aaron le remarque par le lien et me demande ce qui ne va pas.

- Je me disais que la guerre avait fait beaucoup de morts. Les forces étaient trop équilibrées et ça n'a fait que démultiplier le nombre de victimes. La prochaine fois, il faut qu'on soit plus forts pour protéger la meute mais aussi le territoire. Nous ne sommes pas les seuls à vivre sur ces terres, il y a des humains mais aussi d'autres loups. Et même s'ils n'appartiennent pas à la meute, ils ne méritent pas de se faire chasser sans raison d'ici. Surtout que je sais que si Thomas prend le contrôle du territoire, il tuera tous ces loups. Je sais que ce sont des Deltas, mais ils ne font rien de mal, ils se contentent de survivre dans un monde qui leur est hostile. J'ai l'impression de les envoyer à l'abattoir, il faut qu'on gagne à tout prix. Ce sang de Delta coule aussi dans mes veines. Je sais que tu as compris où je voulais en venir étant donné que tu peux lire en moi, et je ne te force à rien. Je sais que c'est difficile pour vous... Je termine doucement.

- Je vais y réfléchir mais la décision ne m'appartient pas. Je suis peut-être l'Alpha mais toute la meute a son mot à dire à ce sujet. Je suis d'accord pour qu'on aille leur demander si ça les intéresse, mais tu veux qu'en échange ils soient intégrés à la meute ? Je sais que nos loups t'ont complètement acceptée mais de là à ce qu'ils consentent à partager leur vie quotidienne avec des loups qu'on leur a appris à détester...

- Je sais, je souffle d'exaspération, mais ça serait une force non négligeable que Thomas n'aura jamais.

- Exact ! mais on a un peu de temps devant nous je pense. J'y ai pas mal réfléchi et c'est certain qu'il ne pourra pas nous attaquer avant de s'être trouvé de nouveaux alliés. De nombreux loups ont péri, mais pas que de notre côté. Ils ont aussi subi beaucoup de pertes et ils ne sont pas en état de recommencer une guerre maintenant. Il va leur falloir du temps, tout comme à nous, pour récupérer leurs forces et se préparer convenablement à la revanche.

- Des alliés... Nous aussi, il nous en faudrait. Évidemment, je peux demander à papa mais même s'il est l'Alpha suprême, sa meute ne suffira peut-être pas et dans ce cas, ce sera comme si je les avais envoyés se faire massacrer. Je réponds en sentant mon cœur se serrer à cette pensée.