Hybride

Chapitre 23

Après le concours on est rentrés chez nous sans plus de cérémonies. Les entraînements ont été fixés le lundi et le jeudi de quatorze heures à dix-huit heures, on a une autorisation spéciale pour louper les cours et se concentrer sur l'entraînement. Cependant on a décidé de commencer la semaine prochaine donc aujourd'hui on n'a pas eu. Aaron a essayé de venir me parler aujourd'hui, j'ai esquivé, comme d'habitude. Il était triste je l'ai vu dans ses yeux mais je ne peux pas faire autrement, en tout cas pas pour l'instant. Je suis fatiguée, donc après une rapide douche je m'endors sans même avoir mangé.

*rêve*

Je suis dans une sorte de bulle noire, entourée de miroirs. Je suis au milieu de cette bulle et le silence est maître. Je me tourne sur moi-même pour regarder les miroirs qui ne me reflètent pas, comme si j'étais invisible. Simple spectatrice de ce qu'il se passe. Dans l'un des miroirs apparaît mon reflet et en face de celui-ci c'est Aaron qui est reflété. Mais pas le Aaron que je connais, non un Aaron froid, sans émotions, vide. Mon reflet semble presque effrayé, mes traits sont tirés par l'angoisse et la peur mais je ne sais pas de quoi. Moi je ne bouge pas, toujours au milieu de la bulle, entre moi-même et mon âme-sœur. Mon reflet prend la parole sans pour autant ouvrir la bouche. Mes paroles résonnent dans la bulle alors même que mon reflet ne bouge pas d'un pouce.

- Pardonne moi... mais entre nous c'est impossible. Tu es un Alpha, les loups les plus respectés tandis que moi... moi je suis une Delta. Une exclue de la société. Tu ne peux pas être ne serait-ce que vu avec moi, ta réputation en serait ruinée. Je n'ai pas le droit d'être heureuse. C'est ce que tous m'ont toujours répété. J'aimerais bien que nous ayons une vraie histoire mais c'est difficile pour moi. Je ne suis pas comme toi, je n'ai pas toujours vécu comme je l'entendais, je n'ai pas toujours été libre. Tu as toujours pu faire ce que tu voulais quand tu le voulais alors que moi je n'ai fait que fuir, fuir la réalité. Je n'avais pas le choix, je devais survivre pour maman pour qu'elle ne soit pas morte pour rien. Cependant, même elle me le disait, je m'en souviens même si j'étais jeune.

Le visage de ma mère apparaît sur un autre miroir. J'aurais aimé l'approcher mais je ne peux pas je suis figée. Spectatrice.

- Monstre

C'est bien ce que ma mère vient de me dire en me regardant droit dans les yeux. Pas mon reflet, non moi, moi qui me tiens au milieu. Les larmes ruissellent sur mes joues sans que je ne m'en rende compte. Je me rappelle du jour où elle a dit ça pour la première fois, quand elle a vu mes yeux, elle a eu la réaction de tous ceux qui les voient. Elle a eu peur, de sa propre fille, d'une enfant de 2 ans inconsciente de ce qu'elle était. Elle l'a redit quelques fois depuis ce jour, comme si elle ne s'y était pas encore fait et que dans tous les cas c'était une fatalité.

La peur est naturelle chez les hommes comme chez les loups. Cette peur de l'inconnu qui pousse parfois à des actes irréfléchis et à terme à des regrets. Mais je ne suis pas sûre que tous regrettent, certains sont bien contents de ce qu'ils ont fait. Comme eux. Comme elle. Ma mère ne regrettait pas et je le savais mais elle était ma mère, ma génitrice, mon sang et surtout ma seule lumière dans ce monde de ténèbres. Alors peu importe si au fond elle me détestait, je ne voulais pas être seule. J'étais égoïste et peut-être que si je ne l'avais pas été et que j'avais accepté le fait que ma propre mère avait peur de moi, elle serait en vie.

Mon reflet ne dit rien laissant le silence revenir dans la salle. Puis dans le miroir opposé à celui de ma mère apparaît un homme, aux cheveux bruns foncés et aux yeux noirs et profonds. À côté de lui le visage de Thomas apparaît, ils se ressemblent énormément et on devine aisément qu'ils sont père et fils.