Sarah Watson et l'héritier de Serpentard

2. Une visite inattendue

Illustration réalisée par AradeaChan

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Le lendemain soir, après sa journée de travail, Sarah remarqua une vieille voiture rouge et noire garée devant la librairie. Lorsqu'elle entra dans la boutique, une jeune fille aux cheveux bruns tressés lui sauta au cou.

— Sarah ! s'exclama-t-elle, le visage rayonnant, tu m'as manqué !

Cette sorcière – car c'en était une – se nommait Jasmin Manson ; elle était la meilleure amie de Sarah. Toutes deux s'étaient rencontrées l'an dernier, au buffet du premier soir à Poudlard. Plus loin dans la boutique, Martha Shinckullen discutait avec une dame brune aux yeux en amande : la mère de Jasmin ; elle la salua d'un sourire.

— Tes affaires sont-elles prêtes ? demanda Jasmin avec impatience.

— Hein ? Euh... non, répondit Sarah, prise au dépourvu.

— Alors vite, dépêche-toi ! On t'emmène !

Sarah regarda Martha avec interrogation, et celle-ci lui répondit par un petit signe de tête. La sorcière prit Jasmin par la main et se rendit au premier étage, dans sa chambre. Hedwige attendait sagement dans sa cage ; elle émit un léger roucoulement à l'arrivée des deux amies. La pièce était jonchée de livres et de vêtements, et une grande valise gisait près de la fenêtre. Sarah sortit sa baguette et la pointa vers tout ce désordre.

— Failamalle ! s'écria-t-elle, et toutes ses affaires se précipitèrent dans sa valise, qui se referma aussitôt. Je suis prête, déclara-t-elle. Ah, non ! attends.

Sarah souleva son oreiller et prit un petit carnet usé, qu'elle rangea dans la ceinture de sa jupe. La jeune fille s'exclama « Locomotor ! » et sa valise s'envola, puis elle attrapa la cage d'Hedwige et descendit, suivie de Jasmin. La malle en lévitation cognait contre les vieilles marches de bois des escaliers, mais elle arriva au rez-de-chaussée sans s'ouvrir. Les deux sorcières retournèrent dans la librairie. Martha ouvrit les bras, et Sarah vint s'y blottir.

— Au revoir, ma poulette, lui murmura-t-elle, la voix tremblotante. Tu vas me manquer.

— Reviens vite, compris ? ajouta son mari en émergeant de l'arrière-boutique.

— Ne vous inquiétez pas, le rassura Sarah avec un grand sourire, je vous rendrai visite aux prochaines vacances. Merci pour tout.

Ils se séparèrent et, après avoir jeté un dernier coup d'œil au magasin, Sarah sortit sur le trottoir. Elle déposa sa valise dans le coffre de la voiture et plaça la cage d'Hedwige à ses côtés, sur la banquette arrière, avec la plus grande précaution. Mrs Manson s'assit à droite, à la place du conducteur, et Jasmin monta près de Sarah.

— Vous conduisez ? demanda la sorcière aux cheveux châtains.

Dans son souvenir, c'était Oscar Manson, le père de Jasmin, qui était au volant de la voiture.

— Mon mari travaille aujourd'hui, alors j'ai pris les devants, répondit-elle en souriant.

Jasmin raconta à Sarah ses vacances avec son enthousiasme habituel. Accompagnée de ses parents, elle s'était rendue sur la côte Ouest, moins susceptible d'être touchée par les raids Allemands. C'était la première fois qu'elle quittait Londres – à part pour aller à Poudlard – depuis le début de la guerre ! Mais Sarah n'écoutait qu'à moitié ; appuyée contre la portière, elle regardait défiler les immeubles et les rues de la ville. Au bout d'un moment, la voiture bifurqua dans une petite rue et s'arrêta devant une maison aux murs de briques sombres. Lorsque toutes trois traversèrent le jardin, une poule se mit à courir vers elles en caquetant, laissant tomber quelques unes de ses plumes blanches et ocres. Deux élégants hiboux grand-duc apparurent dans le ciel – ce qui fit redoubler les caquètements de la poule – et lâchèrent chacun deux lettres dans les mains de Sarah et Jasmin. Elles étaient cachetées du sceau de Poudlard, l'école des sorciers.