Illustration réalisée par Chikorina
*
Au réveil, Sarah réalisa ce qu'il s'était passé la veille. Qu'est-ce qui lui avait pris ? Elle avait dansé avec Tom Jedusor, elle avait été collée à Tom Jedusor, elle avait embrassé Tom Jedusor... et le pire, dans tout ça, c'est qu'elle n'avait aucun regret ! Sarah ne se comprenait pas elle-même. Tout était allé beaucoup trop vite. Pourquoi s'était-elle laissée faire ? Elle aurait pu simplement lui souhaiter bonne nuit, aller se coucher, et rien de tout cela ne se serait produit. Vraiment... comment allait-elle se comporter face à Tom, à présent ? Oserait-elle le regarder dans les yeux ? Ces yeux qui lui avaient paru si doux, si bienveillants, dans la pénombre de la salle commune... elle ne savait pas comment réagir. À peine Jasmin se faisait-elle pétrifier qu'elle se jetait dans les bras de celui que son amie craignait ? Non, c'en était trop : Sarah décida de faire comme si rien ne s'était passé.
Tom vint toquer à la porte du dortoir à neuf heures pétantes ; Sarah démêla ses pensées et le rejoignit, mal à l'aise. Elle le salua et se mit aussitôt en route. Devant la Grande Salle, ils croisèrent Rubeus Hagrid qui sortait précipitamment, les mains fourrées dans les poches. Il adressa un signe de tête à Sarah et fila à grands pas vers les cachots. Lors du petit-déjeuner, tous les oiseaux entrèrent par les fenêtres ouvertes ; parmi les chouettes et les hiboux, contre toute attente, Hedwige fonça vers sa maîtresse et déposa sur sa tartine un petit paquet de papier alezan. La chouette remonta en piqué et disparut dans le tourbillon de plumes. Sarah décolla le paquet de sa confiture et l'examina : maintenu sans glu, il s'agissait bien d'un emballage magique, mais il était couvert de traces brunes ; des marques de gouttes de pluie ou de flocons de neige ayant séché pendant le voyage. La sorcière tenta de l'ouvrir, avec succès : le paquet contenait un épais livre et une lettre. Elle décida de la lire à l'écart et quitta la Grande Salle, sans un regard pour Tom. Sarah monta le grand escalier jusqu'au troisième étage. Là, elle erra un moment avant de trouver un banc renfoncé dans un mur, face à une grande fenêtre. Isolée, face au chant du large, elle se mit en tailleur et ouvrit la lettre. Dès les premiers mots, elle reconnut l'écriture rapide et légère de Martha Shinckullen.
Ma chère Sarah,
J'espère que ton année scolaire se passe bien à Poudlard, et que tes vacances ne sont pas trop tristes sans nous. Owen et moi te souhaitons un joyeux Noël et une bonne année 1943, avec toujours plus de joie et d'amour. Je joins à cette lettre ton cadeau, en étant sûre qu'il te plaira, et en priant pour que ta chouette puisse le porter jusqu'à l'école sans qu'il ne soit trop abîmé...
À bientôt,
MarthaSarah sourit malgré elle, sans savoir si c'était de joie ou de malaise. L'attention de Martha lui faisait chaud au cœur, mais elle ne pouvait s'empêcher de lui en vouloir : comment pouvait-elle ignorer les atrocités qui avaient lieu au château ? Bien sûr qu'elle ne savait rien, et elle ne pouvait pas savoir, mais sa gaîté faisait mal à Sarah... elle caressa le papier en pensant que Jasmin aurait pu être assise avec elle, se réjouissant du cadeau que ses parents lui avaient envoyé, si la Chambre n'avait pas été ouverte... elle ne pouvait chasser de son esprit l'idée que c'était de sa faute si tous ces malheurs avaient eu lieu, qu'elle en était responsable. Pourtant, comment aurait-elle pu savoir ? La sorcière décida d'ouvrir le paquet qui accompagnait la lettre. Son cadeau de Noël... l'an dernier, elle se souvenait avoir reçu une sorte de presse-papier de la part de Mrs Manson, en réalité un porte bonheur : enfermés dans une boule de verre de la taille d'un poing de nourrisson, des fleurs et des pétales séchés ayant leur signification propre, choisis spécialement pour Sarah. L'objet devait toujours être dans sa valise, attendant une occasion de se rendre utile. Une autre personne lui avait également offert quelque chose : Walter Shafiq, un Sang-pur de sa maison, lui avait ramené le livre Croc-blanc de son séjour à Londres. Un présent très apprécié, car Croc-blanc était un livre Moldu : la sorcière était ravie d'avoir fait découvrir cette littérature à son ami. Depuis, le garçon était friand des aventures d'Hercule Poirot ou de Sherlock Holmes.
VOUS LISEZ
Sarah Watson et l'héritier de Serpentard
FanfictionSeptembre 1942. Sarah entre en cinquième année à Poudlard, retrouvant ses amis et son quotidien. Mais un soir, un étrange message est découvert sur un des murs du château... en lettres de sang. « La Chambre des Secrets a été ouverte. Ennemis de l'hé...