Sarah Watson et l'héritier de Serpentard

11. Succès interrompu

Illustration réalisée par Ephinea

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    À présent, les feuillus étaient nus. Un vent glacial soufflait sur le château et ses alentours, couvrant le lac de givre et les branches des arbres de dentelle blanche. La neige ne tarda pas à s'ajouter et, bientôt, l'infirmerie fut pleine de rhumes, bronchites et angines. Quand les élèves n'étaient pas attelés à leur travail, ils sortaient dans le parc du château, profitant du manteau blanc qui recouvrait tout pour se lancer dans de grandes batailles de boules de neige – qui finissaient souvent par l'intervention d'un professeur. Un jour que Mulciber et Lestrange s'affrontaient en face à face, le professeur Têtenjoy, qui tentait de s'interposer, finit elle aussi à l'infirmerie, après avoir pris un bonhomme de neige ensorcelé de plein fouet. Mayalen Greengrass, qui jouait un peu plus loin avec Millicent Bangrull, fut obligée d'arrêter le combat. Protégée par son amie, elle eut plus de chance que Têtenjoy et, escortée par les fautifs, elle transporta la professeure jusqu'à l'infirmerie. Juste avant qu'ils n'entrent, Lestrange murmura quelque chose en pointant sa baguette sur Têtenjoy ; à son réveil, la vieille fut incapable de se rappeler ce qui lui était arrivé. On opta pour une mauvaise chute à la sortie du château. Étrangement, Tom Jedusor ne sortait jamais. À vrai dire, on ne le voyait jamais. Les seules fois où Sarah pouvait l'apercevoir, il était au fond de la bibliothèque ou dans un coin de la salle commune, entouré de vieux livres usés et poussiéreux.

    Malgré le froid, Godric montrait toujours plus de vigueur à l'entraînement. Au milieu du mois de décembre, les deux sorciers furent capables de jouer parfaitement quatre chansons d'Édith Piaf et, malgré les craintes de Sarah, ils décidèrent d'aller se produire aux Trois Balais. Chaque matin, Jasmin ouvrait une petite fenêtre du calendrier de l'Avent que lui avaient envoyé ses parents, sûrement grâce aux hiboux de l'école. Le calendrier était constitué d'une épaisse feuille de papier sur laquelle étaient collées vingt-quatre petites fenêtres. Quand Jasmin ouvrait son « jour », elle s'émerveillait en découvrant un pétale de fleur séchée, toujours différent. C'était, disait-elle, une tradition que sa mère voulait instaurer. Walter Shafiq était impatient de rentrer chez lui pour Noël, et ne faisait que parler des mince pies de sa tante, de petites tourtes farcies à la viande hachée et aux fruits confits ; une véritable tradition.

L'école était en effervescence. Rufus Sancejouche, le concierge, aidé des professeurs Dumbledore et Beery, avait monté un sapin de Noël dans la Grande Salle, décoré de boules, guirlandes et bougies. Dumbledore était tout excité de préparer l'événement. On trouvait des couronnes de Noël accrochées aux portes des salles de cours, et des branches de sapin recouverts de neige magique dans les couloirs. Difficile de se concentrer sur les cours avec toute cette agitation...

    Rapidement, Sarah et Godric avaient commencé à jouer sous les conseils de Lavande. La première fois, un samedi après-midi, Sarah manqua s'évanouir avant de commencer à chanter. Heureusement, Leonard Fawley, assis tout près, la rattrapa de justesse. Elle fut rouge de honte. La sorcière avait prévenu plusieurs de ses camarades et s'attendait à en trouver quelques uns attablés aux Trois Balais, une Bièraubeurre à la main. Mais, en entrant, quelle ne fut pas sa surprise quand elle trouva le bar empli de ses amis ! Même Winky Crockett, le capitaine de l'équipe de Serpentard, était venu assister au concert. Mary Gercilni, Andrew Smith et Eowayn Callaghan se tenaient, tranquilles, dans un coin, accompagnés de Jasmin, plus fatiguée que jamais. Louise Monet regardait son frère avec tendresse, assise aux côtés de Lavande. Enfin, au grand étonnement de Sarah, Tom Jedusor s'était joint à la partie ; il était venu en compagnie de Mulciber, Avery et Rosier. Godric portait un pantalon à bretelles, une chemise et une veste – le meilleur costume qu'il eut trouvé – et, Sarah, une robe vert émeraude que Louise avait eu la gentillesse de prêter. Jasmin lui avait fait deux tresses qui se rejoignaient au niveau de sa nuque, laissée découverte.