7. La sorcière borgne

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Illustration réalisée par Ephinea

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    Deux jeunes hommes descendirent en courant le grand escalier ; l'un était brun et l'autre roux. Tous deux semblaient inquiets et leur visage était étonnamment sérieux ; quelque chose de grave arrivait. Ils disparurent un instant dans un écran de fumée, puis le garçon brun réapparut, debout dans l'infirmerie – c'était bien l'infirmerie, même si elle semblait différente. De plus près, il devait être majeur, et portait des lunettes rondes et sales. Ses vêtements avaient beaucoup été portés et son visage était figé dans une expression crispée. Il avait une blessure au front, presque entièrement cachée par ses cheveux en pagaille. Soudain, le jeune homme brun se remit à courir ; cette fois, il était dans un couloir. Un autre garçon se trouvait près de lui, les vêtements en lambeaux et le visage couvert d'hématomes ; le jeune homme à lunettes ouvrit grand les yeux et hurla d'une voix aiguë et glacée : « Si tu as besoin d'un conseil, va voir les centaures, dans la forêt ! », puis il s'envola dans le ciel orageux de Londres.

    Sarah se réveilla en criant : « CENTAURES ! » dans la partie haute du lit superposé qu'elle partageait avec Jasmin. La sorcière aux cheveux tressés, assise en-dessous, sursauta et se leva.

    — Ça ne va pas de hurler comme ça ?! s'exclama-t-elle encore plus fort.           Il y a des gens qui aimeraient bien se reposer !

D'autres Serpentard acquiescèrent, le regard sévère.

    — Mais... ce n'est pas moi, balbutia Sarah, stupéfaite, c'est Harry...

Aussitôt après avoir prononcé ce nom, elle se demanda ce qu'elle venait de dire. La sorcière ne connaissait aucun garçon nommé Harry.

    — Harry ? répéta Jasmin en haussant un sourcil.

    — Je... je ne sais pas, répondit Sarah en secouant la tête. Je ne le connais pas !

    — Mais que t'a-t-il fait ? demanda la jeune fille aux cheveux tressés en se voulant rassurante.

    — Il m'a murmuré d'aller voir les centaures, dans la forêt. Non... il me l'a crié, plutôt. En fait, je ne sais pas, dit-elle en se massant le front.

La sorcière décida d'aller marcher dans le parc du château pour se changer les idées. Encore haletante, elle enfila un pantalon volé, une chemise et mit sa robe de sorcière. Elle n'oublia pas son écharpe violette ; le soir, l'air était frais et, bientôt, les élèves sortiraient gants et bonnets. Dans la salle commune, elle remarqua Walter Shafiq en train de se morfondre, affalé sur un fauteuil.

    — Enfin, Walter, qu'y a-t-il ? demanda Sarah en ébouriffant sa belle tignasse brune.

    — Ils sont tous au Club de Slug, se lamenta-t-il, et moi, je suis là, tout seul... ai-je fait quelque chose de mal ? dit-il avec de grands yeux tristes.

    — Eh, tu n'as pas à t'en faire, le rassura la sorcière. Être invité chez Slughorn n'a aucune valeur. En même temps, qu'y a-t-il de si bien, là-bas ? pouffa-t-elle pour essayer de l'aider.

    — Des caramels mous... commença-t-il, larmoyant. Du thé excellent, des petits gâteaux, des sièges confortables...

    — Bon, bon, d'accord, peut-être, le coupa Sarah. Mais ce prof est un vieux gâteux qui fait du favoritisme et qui dénigre les élèves sans aucun scrupule !

Walter la regarda avec une mine tristounette.

    — Tu sais ce qu'on va faire ? Je vais t'apporter quelque chose. Tu en auras pour toute la nuit, satisfaction garantie.

Sarah Watson et l'héritier de SerpentardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant