6. Sombre dessein

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Illustration réalisée par xX-Garvera-Xx

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Quelques jours plus tard, le concierge vint trouver Sarah alors qu'elle sortait de la Grande Salle, après manger. Sans explications, il la conduisit jusqu'à la statue d'une gargouille, dans un couloir du deuxième étage.

Marron glacé, dit-il à la gargouille.

La statue de pierre acquiesça puis recula. Le mur qui se trouvait derrière elle se sépara en deux, laissant apparaître un escalier en colimaçon. La sorcière monta sur la première marche et, presque aussitôt, l'escalier monta en tournant sur lui-même. Rufus Sancejouche fit un petit signe de la main, puis s'en retourna en marmonnant : « Toujours des sucreries... »

En haut des escaliers se trouvait une porte de bois poli avec un heurtoir en forme de griffon, d'une couleur oscillant entre le cuivre et l'argent. Sarah le saisit et s'apprêta à frapper, mais la porte s'ouvrit d'elle-même. La sorcière s'avança dans une salle aux murs arrondis, décorée de nombreux tableaux. Il s'agissait de portraits des précédents directeurs de Poudlard. Le Soleil projetait une lumière orange sur les murs et le sol du bureau, arrangé de manière assez minimaliste, marque de la sévérité du directeur. Sarah s'approcha d'une des fenêtres et contempla les reflets du soleil sur le lac noir ; des collines verdoyantes s'étendaient à perte de vue de chaque côté de l'eau.

— Bonjour, Mlle Watson, dit Armando Dippet de sa faible voix.

Sarah se retourna en sursautant. Un vieil homme, petit et chauve, était assis à son bureau et rédigeait un long parchemin. La sorcière le salua et avança jusqu'à lui.

— Je suppose que tu sais pourquoi je t'ai fait venir.

La sorcière ne dit rien. Non, elle ne savait pas... elle décida d'attendre que Dippet se remette à parler.

— En travaillant aux cuisines durant toute l'année scolaire précédente, tu as largement remboursé ce qui était une dette. Tu continueras de bénéficier de la bourse accordée aux élèves en difficulté, sans aucune contre-partie, dit-il en souriant.

— Merci, professeur, répondit Sarah d'une voix sans timbre.

Bien sûr, c'était une tâche en moins, et une liberté en plus. Mais Sarah eut un pincement au cœur en pensant à tous les elfes de maison et aux moments qu'elle avait passé avec eux aux cuisines. Elle ne les reverrait donc plus ?

— Si tu t'es attachée aux elfes, libre à toi de leur rendre visite, glissa Dippet, comme s'il avait lu dans ses pensées. Cependant, je ne tolérerai pas que tu les gênes dans leur travail, ajouta-t-il sèchement.

— Bien sûr, se ressaisit Sarah. Bonne soirée.

Le directeur inclina la tête en signe de salutation et replongea dans l'écriture de son parchemin. En quittant le bureau, Sarah remarqua le vieux Choixpeau magique, entreposé dans une vitrine aux côtés d'une grande épée d'argent. « La prochaine fois, je lui demanderai », se dit-elle. La sorcière ferma la porte de bois massif et descendit les escaliers en colimaçon. Elle passa devant le grand escalier, puis s'enfonça dans les entrailles du château.

Sarah entra dans la salle commune, qu'elle trouva plus sombre que d'habitude. Sur une des tables en bois poli, une petite horloge affichait vingt-deux heures onze. La sorcière s'apprêtait à rejoindre le dortoir des filles, lorsqu'elle reconnut une silhouette familière assise sur un fauteuil au coin du feu.

— Bonsoir, Tom, dit-elle en s'asseyant sur un canapé en face du jeune homme.

— Bonsoir, Watson, répondit froidement Tom Jedusor en lisant son livre.

Sarah Watson et l'héritier de SerpentardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant