8. Le sifflement

571 50 24
                                    

Illustration réalisée par WatlPad

*

Les vacances arrivèrent avec l'humeur changeante du ciel. Tous les élèves qui passaient leur temps à jouer aux Bavboules durent se mettre à l'abri, poursuivis par une pluie battante. Près de la moitié des élèves rentrèrent chez eux, plongeant le château dans un calme inhabituel. Jasmin, Walter et Mary retournèrent chez leurs parents pour les vacances, mais Jasmin promit à Sarah de revenir à Poudlard pour Halloween ; toutes deux n'ignoraient pas le grand festin organisé chaque année pour l'occasion.

Sarah passait ses journées à la bibliothèque : en deux jours, elle avait lu tous les livres du rayon Sorts, mais aucun ne mentionnait ni la statue de sorcière, ni le moyen de « révéler un secret ». La jeune fille dut se résoudre à abandonner jusqu'à la rentrée. En novembre, elle espérait demander conseil auprès de Déméter Tilsèroge, la professeure de Sortilèges ; sûrement saurait-elle l'éclairer.

Chaque soir, la jeune fille prenait sa robe de sorcière et errait dans les couloirs du château en quête d'autres mystères à percer. L'école ne cessait de la surprendre, tout comme ses habitants : à plusieurs reprises, Sarah s'était perdue en empruntant un escalier farceur ou un couloir un peu trop long, et elle avait demandé son chemin à des tableaux. D'abord réticents devant le faisceau aveuglant de sa baguette, ils se révélaient souvent être un puits de connaissance sur le château. Cependant, le concierge ne semblait pas apprécier ses escapades nocturnes et, au bout de trois avertissements, il la conduisit par le bras dans son bureau.

— Je ne fais rien de mal ! se défendit-elle.

— À l'heure qu'il est, toutes les petites filles doivent être au lit, rétorqua le vieux moustachu sans se retourner.

— Mais j'ai quinze ans ! s'exclama Sarah en le repoussant.

Sancejouche s'arrêta soudainement et regarda Sarah d'un air mi-surpris, mi-sévère. Ses yeux lui firent le même effet que ceux de Dumbledore : ils semblèrent la scanner aux rayons X ; ce qui lui procura une sensation assez désagréable.

— En es-tu sûre ? dit-il avec mystère.

Sarah ne sut que répondre. Non, elle n'en était pas sûre ; en fait, elle ne connaissait pas son âge. Tout bien réfléchi, elle ne connaissait même pas sa date de naissance. Elle devait être née en 1927, puisqu'elle était en cinquième année, mais peut-être les classes étaient-elles différentes à l'Académie de Magie Beauxbâtons, d'où elle croyait venir. Mais alors, comment se faisait-il qu'elle n'en ait aucun souvenir ? Elle ne se rappelait pas de ses amis là-bas, elle ne se rappelait pas de sa famille, de sa maison, de sa vie ; véritablement, elle ne savait pas qui elle était.

Cette conclusion la troubla beaucoup, et Sancejouche le sentit. Il lui dit que cette fois avait été sa dernière chance et lui conseilla de vite aller se coucher, puis il disparut en faisant grincer sa lanterne dans les couloirs sombres du château.

Sarah cessa de traîner la nuit dans les couloirs et s'enferma dans une solitude morose. Le samedi matin, en cherchant sa paire de collants préférée parmi le fouillis de sa grosse malle d'affaires, elle trouva Le train bleu, d'Agatha Christie, et se souvint qu'on était le jour de l'anniversaire de Walter Shafiq. La sorcière replongea dans sa valise pour en sortir une plume, un encrier et un bout de parchemin, mais elle se ravisa bientôt en se disant que, vu qu'elle ne connaissait pas l'adresse de Walter, rien ne servait de lui écrire. Une idée folle lui traversa alors l'esprit. Elle s'habilla en vitesse, prit sa bourse avec elle et fila.

Sarah Watson et l'héritier de SerpentardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant