10. Un parfum de Lavande

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Illustration réalisée par BrniceBorderan

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Dès qu'elle eut un après-midi de libre, Sarah fila à Pré-au-Lard, accompagnée de Mary, Eowayn et Andrew Smith – Jasmin étant occupée à faire les devoirs qu'elle n'avait pu terminer à cause de ses retenues. Eowayn ne cessait de maudire la défaite des Gryffondor face aux Serpentard, le samedi précédent ; elle était tout de même forcée d'avouer que l'équipe de Quidditch de Serpentard était douée – et ce malgré les deux buts marqués par McGonagall, le capitaine de l'équipe.

Ils allèrent au bar des Trois Balais, incontournable du village. Lorsque Lavande, la serveuse aux formes généreuses, demanda aux adolescents quelle était leur commande, Sarah répondit « quatre Bièrraubeurres, s'il-te-plaît ! » ; en entendant sa voix, Lavande manqua faire tomber le plateau qu'elle tenait en main ; ses yeux aux iris couleur olive devinrent humides. Sarah sortit de table et se jeta dans ses bras. La jeune femme l'étreignit avec amour, et leur embrassade dura de longues minutes. L'année précédente, la sorcière avait travaillé aux Trois Balais presque tous ses week-ends. Elles étaient devenues de très bonnes amies, et Lavande ne la laissait jamais partir sans un regard maternel. En fin d'année, pour la fête organisée par Slughorn, elle lui avait confectionné elle-même une magnifique robe de soirée, que Sarah gardait encore précieusement.

     — Gustave est au comptoir, viens lui dire bonjour ! s'exclama la serveuse en désignant un vieil homme en train de discuter derrière le comptoir.

Sarah s'excusa auprès de ses amis et suivit Lavande entre les tables et les chaises du bar. La jeune femme portait une large chemise blanche, bouffant aux poignets, qui laissait ses pâles épaules nues. Une grosse ceinture de cuir sombre, serrée autour de sa taille, retenait une jupe pourpre de tissu plombant, parcourue de nombreux plis. Ses épais cheveux d'un blond vénitien étaient relevés en un chignon négligé, qui laissait flotter comme une auréole d'épaisses mèches ondulées.

Au comptoir, Gustave abandonna son ami pour échanger une vigoureuse poignée de main avec Sarah, la saluant chaleureusement. Les rides de sa peau parcheminée s'accentuaient davantage alors qu'il souriait ; des pattes d'oies marquées ne quittaient plus le contour de ses yeux. Gustave Nicholson était le propriétaire des Trois Balais ; lui-même vivait dans une maison à quelques dizaines de mètres, pendant que Lavande occupait l'étage du bar. Après s'être rappelés les souvenirs de l'année passée, il souhaita bonne chance à Sarah, qui put retourner s'asseoir auprès de ses amis – apportant elle-même les quatre chopes débordantes de Bièraubeurre (« On va voir si tu sais toujours tenir un plateau ! », avait raillé Gustave). En rentrant au château, Sarah observa longuement la Cabane du père Jefferson, vieille bâtisse isolée dans un champ de hautes herbes sauvages.

Le samedi, après avoir fini une dissertation sur les Astres que leur avait donné Fatumon, le professeur de Divination, Sarah se dépêcha de rejoindre le grand escalier, où elle devait retrouver Godric Monet. Lorsqu'elle arriva, le jeune homme était assis sur une des premières marches de l'escalier, tenant contre lui un vieil accordéon qui produisait une suite d'élégies. Le visage du garçon se tordait dans une moue d'artiste au plus haut de sa concentration, en symbiose avec son art. Quand il aperçut Sarah, il sauta sur ses pieds, provoquant un son terrible.

     — Chic, te voilà ! dit-il en français, avec un grand sourire. Allons-y.

     — Aller où ? demanda Sarah en le suivant, alors qu'il sortait du château.

     — Dans le parc, bien sûr ! répliqua-t-il. Je suppose que tu ne veux pas être vue ou entendue par tout le monde.

     — Non, c'est vrai. Je te suis.

Sarah Watson et l'héritier de SerpentardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant