Sarah Watson et l'héritier de Serpentard

14. L'appât

Illustration réalisée par nuumouatua

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Le lendemain, Sarah alla porter sa lettre à Hedwige, dans la Volière. Elle lui demanda cette faveur avec de grandes précautions, en connaissance du caractère particulier de la chouette ; mais, à sa surprise, Hedwige accepta et attrapa le message dans ses serres. Après avoir gentiment tapoté la tête de sa propriétaire, l'oiseau s'envola par une des fenêtres sans vitres de la Volière.

Les quelques jours qui précédèrent la rentrée parurent interminables. Quel plaisir lorsque, le dimanche soir, la sorcière vit arriver une foule d'élèves par l'entrée principale du château ! Parmi eux, Walter Shafiq, Andrew Smith, Eowayn Callaghan et Mary Gercilni, qui semblait plus terrifiée que jamais. Le soir de la rentrée, Sarah se glissa parmi les Poufsouffle, à ses côtés.

     — Si jamais il décide de s'en prendre à moi ? se lamenta son amie.

     — Tu n'as pas à t'en faire, la rassura Sarah. Nous ne savons même pas s'il continue de frapper.

Une inquiétude légitime l'animait : Mary était née-moldue. À Poudlard, elle avait toujours été en compagnie d'Andrew Smith, préfet de Poufsouffle et son meilleur ami. Leur complicité était telle qu'on les prenait souvent pour un frère et une sœur ; bien sûr, le fait qu'ils aient tous les deux les cheveux ondulés et d'un blond foncé aidait. L'an dernier, elle avait séché tous les cours qu'avaient en commun les Poufsouffle avec les Serpentard ; Sarah ignorait comment, mais Mary s'était fait une image horrible des Serpentard, les croyant tous à l'image de Salazar Serpentard, pensant comme Gellert Grindelwald. Bien évidemment, ce n'était pas vrai, car les sorciers comme Jasmin, Sarah et Walter avaient été répartis dans cette maison ; parfois contre leur gré.

     — Mes parents m'ont proposé de rentrer chez moi, reprit Mary. Le directeur est d'accord. J'ai peur... et tout le monde sait que je suis née-moldue.

     — Tout le monde n'est pas contre toi, enfin ! s'exclama Sarah. Quand bien même quelqu'un chercherait à te faire du mal, appelle-moi et je te protégerai.

     — Mais l'école devient dangereuse... si même le directeur a accepté que je rentre chez moi...

     — Je t'en prie, reste ! Tu vas rater un semestre... et tu vas nous manquer ! N'es-tu pas mieux à Poudlard, entourée de tes amis, que chez toi ? Et puis, tout le monde sait que Dippet veut à tout prix éviter que l'affaire s'ébruite.

Andrew Smith vanta sa force et sa maîtrise de la baguette, aveuglant Mary avec l'insigne dorée qui brillait sur sa poitrine. En tant que née-moldue, Mary passait du temps à lui raconter sa vie et ses différences, persuadée qu'il la comprenait. Reléguée en arrière-plan, sans Jasmin, Sarah se sentait délaissée, abandonnée. Walter Shafiq, d'ordinaire étourdi et empoté, passait la majeure partie de son temps sur le terrain de Quidditch, à s'entraîner pour le prochain match ; la rencontre Serdaigle-Serpentard avait lieu le premier samedi de janvier, et les férus de Quidditch commençaient déjà à évaluer les chances de chaque équipe pour parier sur le cheval gagnant. Leonard Fawley, que Sarah avait peu vu depuis le début de l'année, était lui aussi absorbé par la préparation du match : en temps que préfet et capitaine de l'équipe de Serdaigle, il devait assurer l'entraînement de l'équipe ainsi que les rondes effectuées le soir en compagnie d'un professeur. Leonard était à l'écoute des élèves et savait se faire apprécier des enseignants ; il était intelligent, attrayant et juste. Sarah l'avait rencontré l'année passée – ou plutôt, elle lui était rentrée dedans l'année passée, en sortant de la Volière. Ils avaient fait connaissance lors du match opposant Serdaigle à Serpentard, que l'équipe avait gagné grâce à l'intervention de Sarah ; la sorcière avait remplacé Walter Shafiq, blessé à cause d'une vilaine chute. Elle n'avait disputé qu'un seul match de Quidditch dans sa vie, mais ç'avait sûrement été une de ses expériences préférées : sentir le vent courir contre sa peau, voler aussi vite qu'une libellule et, enfin, entendre la foule en liesse acclamer l'équipe gagnante ! Depuis que Walter était guéri, Sarah avait arrêté sa carrière d'attrapeuse et, désormais, elle se contentait d'encourager les membres de l'équipe depuis les gradins.