Le prix de la vengeance

Chapitre 28

Moustapha avait en face de lui ses trois fils et ne maîtrisait plus sa colère.

On ne l'avait mis au courant de ce qui s'était passé la veille que ce matin et maintenant il en voulait à chacun d'entre eux pour leur rôle dans cette histoire.

Pape pour avoir raccompagné Aldiouma chez elle, Cheick pour l'avoir renvoyé et Balla qui s'en prenait toujours à elle.

-Vous me faites honte ! Tous, sans exception!

Il était assis mais sa colère n'en était pas moindre.

-Toi Pape, tu n'aurais jamais dû la raccompagner sans m'en informer d'abord et toi Cheick tu n'aurais jamais dû la faire sortir d'ici, un problème de couple se règle à la maison. Et toi Balla, son regard se tourna vers ce dernier, ne pourrais-tu pas tout simplement la laisser en paix ? Mais ou sont passés tous vos principes, bon sang?

Moustapha avait mal pour Aldiouma.

Après ce qu'on lui avait raconté, il était dépassé.

Cette jeune fille si douce qui passait chaque matin lui dire bonjour et qui ne s'était jamais plainte de sa situation, qui avait enduré son sort sans broncher ne méritait pas cela.

Lui qui pensait que son fils l'appréciait mais après ce qui venait de se passer, il avait des doutes.

Anta avait sûrement raison lorsqu'elle lui avait affirmé que Cheick ne s'attachait à personne.

Il s'adressa alors à celui-ci.

- Prépare-toi pour aller la chercher.

Cheick assit au milieu de ses frères n'avait pas encore prononcé un mot depuis que son père les avait fait monter. Mais cette fois ci, il ne comptait pas se laisser faire et le fit savoir.

-Il n'en est pas question.

Moustapha regarda son fils sévèrement. C'était la première fois que Cheick lui refuse une faveur, il voulait comprendre.

-Qu'est-ce qu'elle t'a donc fait ?

Cheick ne répondit pas et malgré le respect qu'il avait pour son père garda son air buté. Il ne laisserait plus personne décidé pour lui ou l'obligé à quoi que ce soit. S'en était fini. Aldiouma, il ne l'a reprendrait que si lui-même le décidait ni avant ni après.

Voyant qu'il n'obtiendrait rien de son fils, Moustapha se leva et se tourna vers Pape.

-Apprête la voiture et viens me déposé chez elle.

Il s'adressa une fois de plus à Cheick.

-Tu ne veux rien me dire mais sache que je vais la ramener ici que tu le veuilles ou non.

Il sortit se préparer sans un autre regard pour ses fils.

Et un peu plus tard, Moustapha entra dans la modeste demeure de la famille Ba.

C'était la première fois qu'il y mettait les pieds.

Il y trouva Almamy et sa femme assis dans la cour.

Le couple parut étonné de le voir et Almamy se leva immédiatement à sa rencontre.

-Entrez, entrez Bismilah !

Les deux hommes se serrèrent la main avec beaucoup de respect.

Almamy lui fit ensuite place sur la natte et Salla se leva pour aller servir à boire.

Moustapha après un court silence commença.

-Je suis venu parce que je n'ai appris que ce matin ce qui s'est passé entre mon fils et Aldiouma. Je suis vraiment désolé pour ce qui est arrivé et si j'avais été mis au courant de la situation bien avant, tu peux être sûr que jamais elle n'aurait quitté la maison.