Satire des cons ? Ou satyre des cons ?

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"Le Satiricon" ou "Le Satyricon" de Pétrone a grâce à son titre polymorphe -tradition française- fait rire plus d'un, y compris moi et ça tombe bien le roman est drôle. Pour beaucoup, il s'agit du premier roman de l'Occident, l'œuvre ayant inspiré le rocambolesque, la parodie aventureuse, le roman picard, puis l'aventure de ce roman digne héritière des "Histoires extraordinaires" de Lucien ce cher philosophe syrien de culture grecque dans une colonie latine. Je sens l'excitation monter en vous, je vous donnerais l'information qui vous fera grimper au rideau: son auteur a vu le jour en plein cœur du putaing de Marseille ! Donc les marseillais, on se calme avec le Vieux-Port, on prend Pétrone en monument. (Note, si vous êtes marseillais, ne vous inquiétez pas, je ne le suis pas et je ne suis pas parisien.)     

Place aux extraits avec ou non en fond une messe en l'honneur de Priape, la traduction est de Pierre Grimal, je n'ai pas mis le latin, ni d'autres traductions pour un confort visuel. (Il se peut que je revois ce segment sur ce point)


"Enfin, survint un inverti habillé de bure couleur de myrte et haut-troussé, jusqu'à la ceinture. Tantôt, tortillant les fesses, il nous donna de grands coups de derrière, tantôt il nous souilla des baisers les plus puants, jusqu'au moment où Quartilla, une baguette de baleine à la main, et troussée elle aussi, fit signe de mettre fin à notre supplice."     


" « Oui, oui, dit Quartilla, tu as une bonne idée.Pourquoi pas, puisque c'est une excellente occasion ? Pourquoi ne pas faire dépuceler notre Pannychis ? » Immédiatement, elle fit venir une fillette fort belle, qui paraissait bien n'avoir pas plus de sept ans (...) Je restai stupide et m'écriai Giton, enfant fort pudique*, ne se prêterait pas à cette infamie, que d'ailleurs, la petite n'avait pas l'âge de pouvoir subir ce que l'on fait aux femmes. « Est-elle donc, répondit Quartilla, tellement plus jeune que je n'étais lorsque j'ai reçu l'homme pour la première fois ? Que Junon me damne, si je me souviens d'avoir jamais été vierge. Toute petite, je me suis dévergondée avec des gamins de mon âge, et, au fur et à mesure des années, je me suis donnée à des garçons plus grands, jusqu'à l'âge où je suis aujourd'hui. C'est même là, je crois, l'origine du proverbe: On peut le porter taureau quand on l'a porté veau. » Ainsi, pour éviter que mon petit frère ne fut en mon absence traité encore plus mal, je me levai pour servir de témoin au mariage."


"Giton à Encolpe: « Aussi, je te rends grâce,parce que tu me portes une affection digne de la pureté socratique.Alcibiade n'a jamais dormi si chastement dans le lit de son précepteur. »

Encolpe à Giton: « Crois-moi, petit frère, je ne me découvre plus homme, je ne me sens plus homme. Elle est morte et enterrée, cette partie de moi-même qui faisait autrefois de moi qui faisait autrefois de moi un Achille. »


" Oenothée sort un phallus de cuir, qu'elle enduit d'huile, de poivre broyé et de graine d'ortie pliée, et, à petits coups, se met à me l'introduire dans le derrière. La même préparation sert à la cruelle vieille à me badigeonner les cuisses à plusieurs reprises.

Elle mélange du jus de cresson à de l'aurone et, après m'en avoir enduit le bas-ventre, elle saisit une poignée d'orties vertes et se met à me frotter d'une main souple toute la partie de moi-même qui s'étend sous le nombril."

*C'est de l'ironie.  


L'histoire loin d'être simple car l'œuvre nous est parvenue de manière fragmentaire, un trio de "copains" : Encolpe, Ascylte et Giton vivent des péripéties et rencontrent des personnages haut en couleur. Encolpe et Giton sont amants, le premier nourri par du Homère, du Virgile et l'autre davantage par la débauche (même si personne n'est en reste sur le sujet). Giton sûrement un affranchi, contrairement à ce que les extraits peuvent vous laisser à penser, il n'a aucun lien de sang avec Encolpe, pas plus qu'avec Ascylte avec qui il couche aussi, deux étudiants perdus dans un Pompéi tout fumant d'activité sans que cela aie un lien avec le Vésuve.

Encore une fois, je vous en fais la recommandation, vous auriez tort de me demander de me la mettre en un lieu que la décence réprouve ! Puisque Pétrone est le Queneau antique, il se rit de tout sans se soucier du vocabulaire trop haut ou trop bas, rien ne le retient, sa vie méconnue on connaît mieux sa mort qui possède un point commun avec celle de Sénèque en la personne de l'empereur Néron.  

Honteuse LittératureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant