Fiction OrelxGringe - Le hasard de l'amour.

L'inconnu du cinéma.

« Bonjour. »

Aurélien sortit de ses pensées en entendant une voix grave et suave s'adresser à lui. Ses yeux se posèrent sur un homme qui devait avoir la trentaine, aux cheveux courts et marrons, la barbe bien taillée et aux yeux malicieux. Ceux-ci, marrons clairs, tiraient étrangement sur le vert et il s'y perdit un instant dedans avant que la voix de l'autre voix ne lui parvienne de nouveau, le sortant de sa contemplation.

« J'aimerai une place pour le dernier Miyazaki, s'il-vous-plaît.

— Pardon ? balbutia-t-il.

— J'ai dit que j'aimerai une place pour le dernier Miyazaki. » rit l'autre homme.

Ah oui, il était au cinéma. Il travaillait. A la caisse. Aurélien secoua la tête pour se reprendre et sourit timidement à l'homme qui le regardait d'un air confus, se demandant sûrement s'il l'avait entendu cette fois-ci.

« Euh oui, tout de suite... bafouilla-t-il en lui tendant un petit ticket coloré pour sa séance. Ça vous fera cinq euros.

— Seulement cinq ? s'étonna l'homme. C'est pas très cher chez vous.

— C'est un petit cinéma de quartier, c'est pour ça. » expliqua-t-il en lui souriant doucement.

L'homme acquiesça en écoutant ses explications puis lui tendit un billet de cinq euros.

« C'est vraiment cool que vous passiez les films d'un réalisateur comme lui ici, sourit l'inconnu.

— Oui, j'aime beaucoup ses œuvres moi aussi, sourit à son tour Aurélien. Elles devraient pouvoir être accessibles au plus grand nombre. C'est pour cela que ce cinéma les diffuse.

— Vous avez raison. »

L'homme lui sourit et tourna les talons, se dirigeant vers la salle indiquée sur son billet. Aurélien le suivit du regard et sentit son cœur battre à mille à l'heure dans sa cage thoracique. Pourquoi est-ce que son palpitant s'excitait ainsi dans sa poitrine ?

***

Il regarda les personnes sortir de la salle et les remercia d'être venues. Il fut surpris de ne pas voir l'homme parmi celles-ci et entra dans la salle pour vérifier qu'aucun objet n'avait été oublié. Il s'arrêta en apercevant l'inconnu toujours assis sur son siège et en l'observant plus attentivement, il s'aperçut qu'il était endormi. Il s'approcha prudemment et se pencha légèrement vers lui d'un air curieux. Il avait la bouche fermée mais il pouvait voir sa poitrine monter et descendre régulièrement. Il hésita puis le secoua légèrement afin de le réveiller. L'homme papillonna des yeux et le regarda d'un air surpris, penché au-dessus de lui. Aurélien se recula et lui sourit timidement :

« Vous vous êtes endormi. Le film est terminé alors je suis venu vous réveiller.

— Désolé, s'excusa l'homme en s'étirant légèrement. Je devais vraiment être fatigué.

— Le film ne vous a pas plu ? s'inquiéta Aurélien.

— Ah si, si... le rassura l'autre homme. Mais j'étais épuisé alors j'ai dû succomber à l'appel du sommeil.

— D'accord, vous me rassurez. » rit Aurélien.

L'inconnu lui sourit puis se leva et il se décala pour le laisser passer.

« Merci encore de m'avoir réveillé et à une prochaine alors. »

Aurélien répondit à son sourire et hocha la tête. L'homme tourna les talons et il le suivit du regard jusqu'à ce qu'il eut disparu derrière la porte de la salle de cinéma. Il resta songeur un moment, se demandant pourquoi il s'était senti si bien à parler avec cet homme. Il sourit, secouant la tête à l'idée idiote qui lui était venue, et balaya du regard la petite salle à la recherche d'objets perdus. Il haussa les sourcils en voyant à ses pieds une petite carte verte. Il la ramassa et fronça les sourcils en reconnaissant une carte d'identité :

« Guillaume Tranchant. » lut-il.

Il reconnut l'homme en regardant la photo apposée sur la carte et se mit alors à courir hors de la salle, espérant le rattraper. Mais il avait déjà disparu. Il reprit sa respiration, essoufflé, et glissa la carte dans la poche de sa veste. Il alla fermer les caisses et fermer le cinéma tout entier avant de rentrer chez lui, après cette journée mouvementée.