L'amante

(10) Prisoner of my feelings

Je me suis perdu.

Et je n'ai plus ni batterie, ni argent. Peut-être aurais-je dû utiliser ce qui me restait pour appeler un taxi au lieu d'acheter cette putain de bouteille de vodka qui en plus est déjà vide...

Alors que je suis en plein milieu d'un passage piéton et que le petit bonhomme est vert, je m'assois en tailleur devant les voitures immobiles et vrombissantes.

Le feu passe au rouge pour les piétons et les voitures commencent à klaxonner.

- Allez y, écrasez moi !! Qu'est-ce que vous attendez ?!! J'ai plus rien de tout façon ...

Criai-je, mais ce qui sort de ma bouche ressemble plutôt à du yaourt hurlé. J'ai envie de pleurer tant la honte m'assaille.

- Monsieur, vous ne pouvez pas restez là. Levez-vous.

J'essaie d'obéir à la personne penché au dessus de moi qui me parle avec une voix si douce et en même temps un brin autoritaire. Mais la tâche se révèle impossible à accomplir, mes bras ont perdu tout leur force et le reste de mon corps refuse purement et simplement de m'obéir. J'abandonne ma lutte acharné et éclate en sanglot au milieu de la chaussé.

- J'y arrive pas !!!!

Constatant ma détresse immense, une seconde personne arrive et aide la première à me soulever. Mes fesses décolles du sol et je peux voire le visage de mes deux sauveur qui portes tous deux la même casquette bleu marine brodé de l'écusson de la police de Séoul.

Je les gratifies d'un sourire mi-reconnaissant mi-inquiet qui ne leur fait ni chaud ni froid.

Ils me jettent sans ménagement sur la banquette arrière de leur véhicule de fonction puis démarre, direction la gendarmerie la plus proche. Bon je vais peut-être finir en taule mais au moins je ne mourrais pas en clochard.

- Rien de tel qu'une bonne petite nuit en cellule pour leut rafraichir les idées, ah les alcoolo... Mais j'ai pas l'impression qu'il c'est fini au Soju celui-là.

- Non, vodka, j'ai pris la bouteille vide en preuve pour le rapport.

- Ah... J'aurai du entrer dans les services secrets coréens, au moins j'aurai eu des chose un peu plus intéressant à faire que des constatations de pertes de chats ou des arrestations de guignoles qui se mettent à pleurer sur un passage piéton.

- Je confirme, parfois je me demande vraiment quand est-ce qu'on nous confiera enfin des affaires importantes.

Les deux policiers se taisent enfin après avoir poussé à l'unisson un soupir désespéré. 

♥♥♥

- Nom, prénom et date de naissance.

J'ouvre la bouche, puis la referme comme un poisson sorti de l'eau.

- Laisse le un peu dessaouler en cellule, on l'interrogera demain matin.

- Ouais, on va faire ça, emmenez-le.

Mes deux sympathique compagnons de routes me porte à nouveau pour me jeter cette fois sur le sol sale et froid de ce qui seras ma chambre pour le reste de la nuit.

Je me redresse tant bien que mal en position assise, la tête et le dos appuyé contre le mur, je ferme les yeux.

- Lâche moi !! Je peux marcher toute seule, j'ai pas besoin de toi sale chien !!

La grille de la cellule s'ouvre à nouveau et une aura imposante se fait ressentir. Néanmoins j'attends que le gendarmes s'en aille en jurant pour observer le visage de mon codétenu.