Lui ou toi (plus moi)

Chapitre 23

Le lendemain, j'étais fébrile en attendant Rémy. J'avais envie de le voir mais je ne voulais pas ressembler à une loque. Je me changeais plusieurs fois, mettant ainsi ma chambre à sac. J'étais restée bien plus longtemps que d'habitude devant mon miroir pour dompter mes cheveux et éclairer mon teint.

J'optais pour des vêtements simples, une queue de cheval travaillée et un maquillage naturel qui cachait mes défauts. Je ne voulais pas ressembler à la cocue de service qui pleurnichait sur sa vie minable. Je fis un tour du salon, regonflais les coussins. Satisfaite, j'allais vérifier mon allure dans le miroir de l'entrée quand il frappa à la porte.

Le stress m'envahit, me paralysant. Et s'il me regardait avec pitié ? Immobile, je contemplais sa carrure à travers la porte fenêtre.

— Tu te décides à m'ouvrir ou je te reparle du tueur, se moque-t-il gentiment.

Je me ruais sur la porte et je m'entendis rire sous cape.

— Salut, murmurais-je dans un souffle.

— Salut, me répondit-il les yeux brillants. Il me détailla de la tête au pied. Je peux ?

Je m'effaçais pour le laisser passer et le suivis dans la cuisine. Il saliva en voyant la tarte aux poires sur la table.

— Café ?

— Volontiers, s'assit-il.

— Alors les travaux ?

— Tu crois vraiment que je suis là pour te faire un rapport ?

— Pourquoi tu es là ?

Par pitié, ne sois pas là parce que je te fais de la peine.

Il effleura ma joue.

— J'avais envie de te voir...Tu me manquais.

Mon rythme cardiaque s'affola. Je lui servis une part de tarte et préparais le café avant de faire une crise cardiaque. Je ne savais plus où me mettre. Ses yeux braqués sur moi me donnaient l'impression d'être un animal traqué. Je l'entendis ricaner.

— Je te rends nerveuse.

Je déposais nos tasses et rougis violement.

— Ça va ? me demanda-t-il inquiet.

Je hochais la tête en plongeant dans mon café.

— C'est un con, tu sais. Tu n'as rien à te reprocher.

Je faillis ne pas entendre ses paroles, trop obnubilée par sa main qui enveloppait la mienne.

— Qu'est-ce que tu en sais ?

— Tu essaies tellement de faire plaisir à tout le monde que tu te perds en chemin. S'il ne l'a pas vu, il est idiot. S'il l'a vu, il est idiot de n'avoir rien fait. Il aurait du tout faire pour te garder pas de prendre pour acquise.

— Dis donc tu parles bien quand tu veux, le taquinais pour détendre l'atmosphère et masquer ma gêne.

— Je ne suis pas un imbécile contrairement à ce que tu crois, rit-il.

Je fixais nos mains entrelacées sans avoir aucune envie de bouger. Retenant mon souffle, je bougeais délicatement mon pouce. Sa main se resserra sur la mienne.

— Quoi ? demandais-je gênée alors qu'il ne me quittait pas des yeux.

— Rien.

Brusquement, il m'attira contre lui et je faillis tomber de ma chaise. Je me rattrapais à son torse, le souffle coupé. Sa main se posa sur mon cou et me fit relever la tête.

— Tu veux te remettre avec lui. Réponds-moi sincèrement.

— Non.

— Tant mieux.

Sa main glissa derrière ma nuque et ses lèvres frôlèrent les miennes. Je fermais les yeux en priant que je ne rêvais pas. Sa bouche se fit plus audacieuse et j'eus l'impression de prendre feu. Je savourais la chaleur de son contact en espérant que rien ne vienne achever cet instant.

Il s'écarta doucement en me gardant contre lui. Sa main traçait des lignes invisibles sur ma hanche.

— Est-ce que ça va ? chuchota-t-il en replaçant une mèche de mes cheveux.

J'acquiesçais.

— Tu as donné ta langue au chat.

Je lui tirais la langue et attrapais le col de son t-shirt. Sans se faire prier, il se pencha vers moi et je l'embrassais à mon tour. Une pensée dévastatrice vint briser ce moment. Et s'il faisait cela par pitié ?

— Arrête de penser, grogna-t-il contre ma bouche. J'en avais envie depuis longtemps.

Euphorique de ses quelques mots, je ne fis pas attention à Alexia qui s'éloignait à reculons.