Chapitre 21

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Depuis que nous avions emménagé dans la nouvelle aile, j'avais à peine croisé Gregory. Contrairement à ses habitudes, il ne sortait que très rarement. Il restait les trois quarts dans la pièce aménagée en cinéma et le reste du temps, il rasait les murs.

Le premier jour, cela m'avait en quelque sorte soulagée. J'étais énervée d'avoir déménager nos affaires sans son aide, et au moins, je n'avais pas à supporter ses sautes d'humeurs. Cependant, maintenant je m'inquiétais. Il y avait forcément quelque chose qui n'allait pas. J'avais beau lui demandé, il répondait par monosyllabe ou prétendait que tout allait bien avant de partir comme s'il avait le diable aux trousses.

Même le passage de Rémy pour boire un café ne lui avait pas fait d'effet. Aucune remarque, rien. Moi qui espérais pouvoir lui parler pour qu'il réalise que nous serions mieux chacun de notre côté, je n'arrivais pas à trouver le bon moment. Face à l'atmosphère étrange dans la maison, je préférais rester à l'air libre. J'attrapais mon nouveau livre et pris la direction de l'étang.

Confortablement installée sur mon banc, je feuilletais ma romance peu enivrante. Le chant des cigales était quasiment hypnotique. Je sursautais quand des mains se posèrent sur mes épaules.

— Rémy ? Qu'est-ce que tu fais là ?

— Je pensais à toi alors je suis venu te voir, dit-il en s'asseyant.

Nous étions si proches que nos cuisses se frôlaient. Je sentis mes joues rougir et je retins mon souffle. Il allait probablement se moquer de ma timidité. Je baissais la tête, espérant qu'il ne devine pas mes sentiments à son égard. Sa main frôla ma joue pour ramener une mèche de cheveux derrière mon oreille. Je soutins son regard tout en retenant mon souffle. Sa main glissa le long de ma joue et il orienta mon visage vers le sien. J'étais captivée par son regard. Il allait m'embrasser, mon cœur était au bord de l'implosion.

— Quand vas-tu te décider à te séparer ? s'éloigna-t-il.

Je sursautais et fit tomber mon livre. Je regardais autour de moi désorientée. Comment avais-pu m'endormir en si peu de temps. Je me secouais pour reprendre mes esprits. Je n'arriverais plus à lire et décidais de regagner la terrasse. A cette heure-ci, Alexia être partie. Même si elle semblait moins complice avec Rémy, les voir côte à côte m'horripilais. Ma jalousie m'étouffait.

Evidemment, en arrivant sur le perron, je croisais Rémy et virais au cramoisi intense.

— Alors princesse, tu reviens bredouille de la chasse aux princes charmants ?

Je lui tirais la langue sans m'arrêter.

Son rire me poursuivit et un bras me bloqua le chemin. Il fronça les sourcils.

— Est-ce que tu vas bien ?

— Oui et toi ?

— Ne me mens pas, Son deuxième bras prit appui sur le mur, me coupant de tout repli. Cette soudaine proximité après ma rêverie me troubla. Qu'est-ce qu'il y a ?

Je décidais de lui avouer.

— Je veux rompre.

— Tu es sure ?

Incapable de parler, j'acquiesçais.

— C'est la meilleure chose à faire. Quand vas-tu lui dire ? Tu veux que je reste dans le coin, s'adoucit-il.

Je secouais la tête avant de prendre la parole.

— Je ne sais pas encore. Il ne va pas bien.

— Pense à toi.

Il posa la main sur ma joue et je baissais les yeux.

— Tu as le droit d'avoir un mec qui te rende heureuse.

Si j'avais été courageuse, j'aurais relevé les yeux et lui aurait demandé si c'était lui, au lieu de cela, je murmurais piteusement.

— Et s'il n'y en a pas ?

— Alors ce sont tous des idiots, se rapprocha-t-il.

Mon cœur s'accéléra. Allait-il m'embrasser ?

Un verre éclata. Je retins un cri de surprise et nous nous écartions en vitesse. Sans réfléchir, je courus vers le salon et vis Gregory devant un vase cassé. L'eau avait laissé une trainée sur le mur.

— Qu'est-ce qu'il y a ?

Il sortit de sa transe, pris en faute. La panique envahie ses yeux. Il récupéra son téléphone, en cachant l'écran contre son torse.

— Rien, rien, bredouilla-t-il en prenant la direction de la chambre.

Je ramassais les morceaux quand mon téléphone sonna. Jeff. J'ignorais l'appel et repris mon ménage. Un bip m'annonça un message. Pourquoi m'envoyait-il un fichier multimédia ? Intriguée, j'ouvris le message en me disant que se devait être une bêtise, une sorte de vidéo gag.

Choquée, je fus incapable d'arrêter la vidéo... Comment avait-il pu ? Les bruits me donnaient la nausée, mon estomac se contracta violemment et mon téléphone explosa sur le sol. Je courus vers la chambre sans réussir à me débarrasser de ces visions perverses.

— Dégage !

— Il te l'a dit, répondit-il penaud.

— Va-t'en ! lui jetais-je un coussin au visage.

Sans se faire prier, il récupéra ses clés. Je le suivis dans les escaliers pour être certaine qu'il disparaisse.

La voiture partit en trompe et je vis Rémy arriver en courant. Je m'effondrais dans ses bras.

— Qu'est-ce qu'il se passe ? s'inquièta-t-il face à mes larmes.

— Il m'a trompée.

— C'est un minable.

— Je...je...

J'avais trop honte de le dire à voix haute. Avec toutes ses remarques sur ma frigidité, si je n'étais pas assez bien pour un homme...

— N'importe quel homme serait heureux d'être avec toi.

Il resserra son étreinte et je me laissais bercée par sa chaleur. Je ne vis pas Alexia nous observer au loin. 

Lui ou toi (plus moi)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant