Chapitre 25

251 13 7
                                    


Le ciel volé aurait dû m'alerter. Aucun oiseau en vue, selon tatie cela était un mauvais présage. Trop accaparée à l'idée de voir Rémy aujourd'hui, je n'y pris pas garde. Il devait m'emmener dans une crique secrète. Cela m'avait fait rire, avec toute la saison touristique, il pensait vraiment que nous serions les seuls. J'en riais d'avance. Celui de nous deux qui aurait raison donnera un gage au perdant. Je n'avais plus qu'à trouver le gage parfait ! J'avais hâte. Mon cœur accélérait à chaque fois que je pensais à lui, et je pensais à lui à chaque instant.

Face au miroir, j'étais satisfaite de mon apparence. J'avais perdu mes kilos en trop et mon corps commençait tout doucement à se raffermir. Je n'étais toujours pas une top modèle mais je n'avais plus l'impression d'être une empotée en surpoids négligée. C'était déjà un bon début.

— Allô ?

— Salut, je suis obligé d'annuler, j'ai un empêchement de dernière minute, m'annonça Rémy d'une voix empressée. Je suis vraiment désolé, je te rappelle ce soir et on essaie de remettre ça, ok ?

— D'accord. Qu'est ce qui se passe ?

— Une merde de dernière minute.

— C'est grave.

— Non, je ne sais pas. Ecoute, je te rappelle ce soir, faut que j'y aille.

— Ok.

Il avait déjà raccroché.

Décue, je m'écroulais sur mon lit. Que pouvait-il bien se passer ? Pourquoi n'avait-il pas pris la peine de m'expliquer ?

Plus la journée passait, plus j'étais angoissée. Je n'avais aucune nouvelle, pas un message. Ce n'était pas dans ses habitudes. Avait-il eu un problème ? M'avait-il tout simplement poser un lapin ? Je déambulais comme une âme en peine, incapable de me plonger dans un livre pour me changer les idées.

Le jour déclinait et il n'avait toujours pas appelé. Ne voulant pas faire le premier pas, je sélectionnais un navet à la télé. J'hésitais à appeler Cécile mais elle risquait de deviner que quelque chose n'allait pas. Elle avait été ravie que je rompe avec Gregory mais voyait déjà d'un mauvais œil mon rapprochement avec Rémy. Une consolation, oui, mais certainement pas une autre histoire aussi vite. Je n'arrivais pas à lui faire comprendre, que Rémy n'était pas un lot de consolation. J'avais appris à le découvrir alors que j'étais en couple et j'étais tombée sous son charme bien avant d'être célibataire. Cela était horrible à dire mais c'était la vérité. Il avait toujours eu une place à part comme si mon cœur l'avait reconnu dès le premier instant.

A la fin du film, je fixais l'écran de mon téléphone, dépitée. Ravalant ma fierté, je lui envoyais un message.

*****

Je me réveillais en sursaut. Ce n'est pas l'heure matinale qui me marqua mais l'arrivée d'un message. « Oui excuse-moi cela a pris plus de temps que prévu ». Je m'autorisais enfin à souffler. J'espérais qu'il passerait et que j'aurais enfin le fin mot de l'histoire. Je dévalais l'escalier en entendant une voiture approchée. Allais-je être exaucée ? Malheureusement non. Mon moral fut en berne quand je vis Alexia descendre de sa mini. Qu'est-ce qu'elle fabrique ici ? Son sourire jusqu'aux oreilles ne me disait rien qui vaille. Prenant sur moi, je l'accueillie.

—Bonjour, Théodora. Désolée de passer à l'improviste mais votre mère choisie des coussins pour sa chambre et ils viennent juste d'arriver.

—Bonjour. Oh, ce n'était vraiment pas la peine de passer juste pour cela.

Je m'effaçais pour la laisser entrer.

—Vous voulez voir pour la disposition ?

—Non, allez-y, je vous fais confiance.

Tu parles, qu'est ce que cela peut me faire quelques coussins. J'en profitais pour consulter mon portable. Rien de nouveau. Devais-je l'appeler ?

—Voilà, c'est fait.

—Très bien.

—Oh, vous faites du café ?

—Vous en voulez ? proposais-je sans entrain.

—Volontiers.

Génial, le chat de Chesire prenait ses aises. Non, mais pourquoi elle souriait autant ? Elle était sous acide ou quoi.

—Alors quoi de nouveau ? demandais-je en lui servant son café.

—Oh vous savez, les choses se sont enfin arrangées pour moi, sentimentalement, me dit-elle sur le ton de la confiance.

—Ah les disputes sont enfin finies avec votre amie.

—Oh non, nous avons rompu, baissa-t-elle les yeux. Je dois vous avouer quelque chose.

—Ah bon quoi ?

Comme si cela pouvait m'intéresser.

— J'avais des sentiments pour une autre personne, mais je ne voulais pas lui faire du mal et je n'étais pas sure...enfin...vous savez parfois c'est compliqué, hein ?

Je hochais la tête par politesse.

— Enfin bref, il m'avait avoué ses sentiments et a accepté de m'attendre, le temps que je mette les choses à plat avec ....

— Il ?

Mon ventre se retourna.

— Oui, Rémy. Il a été adorable, ajouta-t-elle, les yeux dans le vide. J'avais toujours été plus attirée par les femmes, mais avec lui... tout est parfait, on est sur la même longueur d'ondes. Heureusement qu'il m'a laissé le temps d'ouvrir les yeux.

Un jet d'acide me brûla la gorge.

—Excusez-moi, mais j'ai une course à faire, j'avais complétement oublié.

—Oh pas de soucis. Je suis si heureuse, je ne voulais pas vous monopoliser. Passer le bonjour à vos parents, je me sauve.

Je refermais la porte et guettais sa voiture. Dès que celle-ci disparut, je m'écroulais, plaquant mes mains sur ma poitrine. Comment avait-il pu faire ça ? Comment avais-je pu croire une seule seconde que j'étais assez bien pour lui ?

Gregory m'avait été infidèle après plusieurs années, il n'avait pas fallu longtemps à Rémy pour se lasser, à moins que...Il l'avait attendue ? Je n'étais qu'une distraction. Il n'avait jamais rien ressenti pour moi.

Je restais prostrée dans l'entrée, mes yeux me brûlaient d'avoir tant pleurer. Je ne sais pas combien de temps, je restais ainsi. J'avais la tête qui tournait, des fourmis dans les jambes, mais aucune envie de faire un geste. On toqua à la porte et je me levais tant bien que mal. Je n'avais même pas entendu de voiture. J'allais faire semblant d'être absente quand je reconnus la voiture de Rémy. J'ouvris la porte d'entrée à la volée et le vis sursauter.

— Ca va ?

— J'ai l'air d'aller ?

— Qu'est-ce qu'il t'arrive ?

— Qu'est-ce qu'il m'arrive ? hurlais-je. Casse-toi, je ne veux plus te voir !

— Mais...

— Mais rien du tout.

Je refermais la porte et la verrouillais. Je l'entendis sonner et mis le volume de la sono à fond. Quand sa voiture partit enfin, je m'autorisais à pleurer sur mon sort. Je ne pensais pas pouvoir avoir aussi mal. A qui bon vivre avec cette plaie au cœur ?

Lui ou toi (plus moi)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant