Je jetais un énième débardeur dans ma valise. J'aurais dû emmener des maillots de bain, du monoï, mon passeport et un guide touristique d'Indonésie ! A la place, des jeans, des débardeurs, des baskets et mes médicaments contre l'anxiété se livraient une lutte sans précédent pour s'encastrer dans le modeste espace vacant à l'intérieur de ma valise pleine à craquer.
— Chérie, as-tu vu mon polo rouge ? hurla Grégory.
— Sur le fauteuil, dans le bureau ! criais-je en retour.
— Ah ouais. Merci !
— Et un copain encombrant ! soupirais-je en fermant ladite valise.
— Qu'est-ce que tu dis ?
— Rien, je parle toute seule, sursautais-je.
— Tu es mignonne quand tu fais cela, dit-il d'une voix condescendante.
Je n'en revenais toujours pas d'avoir accepté d'annuler mon voyage. Cela faisait deux ans que nous parlions du voyage de la liberté ! Une virée sans petit-ami, sans impératif, sans cours à réviser ! Une expédition pour célébrer notre liberté retrouvée après des études harassantes.
Un mois avant le départ fatidique – alors que je rêvais d'avoir un peu de temps rien que pour moi- j'avais reçu un appel qui avait tout changé.
J'étais en train de me préparer un énième café pour rester éveillée toute la nuit. Attablée à l'îlot de la cuisine, je devais impérativement finir le dossier étalé sous mes yeux. Mon portable avait vibré, troublant le calme nocturne. Mon cœur s'était accéléré sans raison apparente. Un pressentiment surement. J'hésitais à répondre, j'étais sur ma lancée et je ne voulais pas perdre le fil de mes idées.
L'importun refusait de s'avouer vaincu. Je regardais le nom sur l'écran. Maman. Je me mordis la lèvre un peu trop fort. Je pouvais imaginer la voix de ma meilleure amie, Cécile, me charrier. « Alors ? Tu ne réponds pas à Môman ? Tu vas perdre ta médaille de petite fille parfaite ! ». Je fermais les yeux et le vibreur s'arrêta. Parfois, je détestais Cécile. Elle avait beau être loin, je la connaissais si bien qu'il m'arrivait d'avoir l'impression que son fantôme me tenait compagnie.
— Et merde, jurais-je à voix basse comme si quelqu'un pouvait m'entendre.
Le rire fantomatique de Cécile me poursuivit alors que je composais le numéro de la maison.
— Maman. Que se passe-t-il ?
— Ah enfin ! Pourquoi ne m'as-tu pas répondu ?
Je levais les yeux au ciel devant le reproche.
— Maman, je te rappelle sur le champ. Je n'ai juste pas eu le temps de répondre, m'excusais-je.
— Hum...Quand c'est moi, tu ne réponds jamais !
— Tu sais très bien que c'est faux, maman ! Que se passe-t-il ? lui redemandais-je pour échapper à ses accusations.
— Ton père et moi faisons rénover le manoir !
— Génial, lui répondis-je en cherchant le coup fourré.
Elle ne m'appelait pas à cette heure-ci pour me parler de travaux dans ma maison d'enfance.
— Enfin, bref, reprit-elle enthousiaste. Nous partons avec des amis aux Etats-Unis et... il faudrait que tu viennes superviser les travaux !
Une chape de plomb envahit mon estomac.
— Quand ?
— Oh, ne t'inquiète pas ! Après tes examens. Disons, tout l'été...et peut-être aussi une partie de l'automne.
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Lui ou toi (plus moi)
RomanceEffacée, Théodora ne vit que pour faire plaisir à son entourage. Habituée à tout faire pour eux, elle s'est perdue en route et ne sait plus vraiment qui elle est et ce qu'elle veut. Son chemin va croiser celui d'un jeune homme mystérieux bien décidé...