Lui ou toi (plus moi)

Chapitre 11

La confrontation avec Rémy occupait toutes mes pensées. J'avais beau me concentrer sur la conversation de Paola, mon esprit vagabondait. Il s'était montré si inquiet alors qu'il me connaissait à peine. Après avoir fait répéter trois fois la même chose à mon amie, je décidais de mettre les choses au clair dès le lendemain. Tant pis s'il se moquait de moi. Je pourrais même le détester une fois pour toute et le virer de mon esprit ! Quand nous nous séparions, je sentis mon sac vibrer. Je remontais le quai en direction du parking en farfouillant dans mon Cabas K. Un appel manqué. Cécile. Il n'y avait qu'elle pour m'appeler à 23 heures passées, et ma mère. Je la rappelais dans la foulée, peu désireuse de rentrer.

— Qu'est-ce que tu fais de ton corps pour ne pas me répondre au téléphone ? embraya-t-elle d'une voix joyeuse.

Je levais les yeux au ciel en souriant. Elle me manquait.

— Je me tords les chevilles sur des gravats pour récupérer ma voiture.

— Où es-tu ?

— Pourquoi ? Tu es de la police maintenant, me moquais-je gentiment.

Elle avait tendance à se prendre pour une mère poule même si elle avait horreur que je lui fasse remarquer.

— Ma chère, je suis bien au-dessus. Disons une grande espionne internationale, plutôt !

— Alors la grande espionne va trouver la réponse, toute seule, je ne lui dirais rien !

— Allez, me supplia-t-elle. Tu as eu un rencard, c'est ça ? Avec le beau brun ? s'enflamma-t-elle.

— Cécile, je suis en couple, remember ?

— Very well, répondit-elle avec son accent londonien plus vrai que nature, que c'est un connard !

— Absolument pas, dis-je sans grande conviction.

— Tu mens ! m'accusa-t-elle. Alors le beau brun ?

— Rémy, soupirais-je.

— Hum Rémy, roucoula-t-elle. Prénom validé !

— Calme-toi, tu veux.

— Pourquoi refuses-tu toujours de t'amuser ?

— Tromper son copain n'a rien d'amusant !

— Oh, tu as raison ! déclara-t-elle à mon grand étonnement. C'est exaltant, excitant, jouissif !

— Tu es vraiment irrécupérable, regrettais-je en déverrouillant la portière.

Son rire cristallin me fit sourire. Je l'adorais, elle était tellement différente de moi. Elle osait tout, disait ce qu'elle pensait sans se soucier du qu'en dira-t-on.

— J'ai quelque chose à t'annoncer, me dit-elle fièrement.

Je dressais immédiatement l'oreille et coupais le moteur. Cela avait l'air intéressant.

— Tu es promue ? tentais-je.

— Non, mieux !

— Mieux que promue ?

— Oui !

— Tu es amoureuse ?

Je l'entendis soupirer bruyamment.

— Tu es vraiment nulle en devinette, déplora-t-elle. L'amour c'est pour les nuls ! Mon cabinet veut embaucher un nouveau gestionnaire de patrimoine !

— Et ? lui demandas-je sans comprendre la cause de sa joie.

— Et j'ai parlé de toi à mon patron, il a semblé intéressé, je t'ai fait une pub de folie ! cria-t-elle.