Chapitre 20

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Le lundi suivant, je me levais de bonne humeur. J'allais revoir Rémy et avoir l'occasion de le remercier de vive voix pour cette soirée. La veille, il m'avait envoyé un message pour savoir si Gregory était rentré et si tout se passait bien. J'aimais bien l'idée qu'il veille sur moi. Je le rassurais, Greg n'était pas rentré et quand il rentrerait, il n'y aurait pas d'éclat. Je profitais pour lui avouer que j'avais passé une super soirée. Il avait eu une excellente idée qui m'avait permis de me défouler. Le soir même, j'avais dormi comme un bébé, bien que mes rêves n'aient pas l'innocence enfantine caractéristique. J'avais rêvé d'un corps puissant, brûlant de désir. Je m'étais tortillée dans mes draps, me cambrant à la recherche de caresses torrides. Une onde de chaleur à me couper le souffle m'emporta et je m'étais réveillée pantelante. Je n'arrivais toujours pas à y croire. Je culpabilisais de ne pas avoir de plaisir au lit, et voilà que j'arrivais, je ne sais comment, à avoir un orgasme en dormant. Rien qu'en y repensant, mon corps s'alanguissait, dans l'attente d'une danse érotique.

J'entendis le manège des véhicules commencer, et je m'installais sur la terrasse avec mon café. Profitant de quelques minutes de paresse, avant de transférer mes affaires dans l'aile gauche. Celui-ci quasiment fini, allait nous accueillir, Gregory et moi, le temps que les ouvriers s'occupent de l'aile droite. Cette dernière demanderait moins de travail que la précédente, il suffisait de repeindre et de changer quelques bricoles abîmées.

— La vie est belle apparemment ! s'exclama Rémy en venant me saluer.

— Pourquoi ne le serait-elle pas ?

Mon excès d'optimisme du le surprendre car il se figea pour m'étudier, sceptique.

— J'ai raté quelque chose ? demanda-t-il. Des retrouvailles torrides ? insinua-t-il, le ton graveleux.

— Non, rien du tout, secouais-je vivement la tête.

Au même moment, le moteur de la Maserati se fit entendre. Dans un rugissement, Greg se gara à l'écart et claqua la portière. Rémy me fit un signe de la tête et alla rejoindre les autres. Il s'était à peine éloigné qu'il se retourna.

— Si tu as besoin...

— Tu es là, je sais, complétais-je avant lui.

Il hocha la tête en souriant et gravis les marches du perron quatre à quatre. Je pivotais sur mon fauteuil pour voir Greg approcher. Sa démarche tendue et penaude, ne me disait rien qui vaille.

— As-tu reçu mes fleurs ?

— Oui, admis-je en finissant mon café.

— Tu aurais pu répondre, fit-il remarquer.

— J'aurais pu, effectivement, répondis-je sur le même ton.

Je refusais de m'écraser. Il me manquait de respect et il fallait que je le remercie d'avoir passé une commande de fleurs en ligne !

Il se tassa et chercha une issue des yeux.

— J'étais énervé, se justifia-t-il, je ne pensais pas ce que j'ai dit.

— Je sais, me radoucis-je.

— Tu aurais pu m'envoyer un texto au moins.

Je gardais le silence. Si je lui donnais raison, il allait faire en sorte de me culpabiliser et je n'en pouvais plus. J'avais envie de vivre, mais de m'excuser d'oser respirer, sans demander la permission.

— Qu'as-tu fait ce week-end ? poursuivit-il.

J'aurais pu mentir, mais je préférais être franche, je n'avais rien à cacher, à part des fantasmes inexplicables. Je n'avais rien fait de mal, enfin pas vraiment.

— Je suis sortie samedi soir. Rémy m'a invité à un stand de tir.

Mon enthousiasme le blessa mais il ne dit rien, et rentra dans la maison s'affaler sur le canapé. C'était idiot, il méritait mieux que cela. J'avais cru que, même sans être amoureuse, je pouvais le rendre heureux. Aujourd'hui, je réalisais que ce n'était que de la comédie. Il n'était pas plus heureux que moi. Seulement, les apparences étaient sauvegardées. Je décidais d'arrêter de culpabiliser. J'avais rêvé de Rémy, ce n'était pas un drame. Je ne l'avais pas embrassé, il était juste un ami, je ne contrôlais pas mon subconscient. J'allais enfin sortir de mon cocon, et prendre mes propres décisions. Plus facile à dire qu'à faire.

J'aperçu Alexia et je la suivis du regard. Elle serra la main à la plupart des ouvriers, et fit la bise à certains. Quand vient le tour de Rémy, je les scrutais, cherchant un indice sur une relation plus intime. Ils se firent la bise rapidement et Rémy se détourna à la recherche d'un outil. Je sentis mon sourire s'étirer. Il l'avait saluée sans lui accorder plus de temps que nécessaire. Ces paroles de samedi soir me revinrent.

— Je suis bien célibataire, me dit-il après que je lui ai raconté mon histoire avec Greg. Enfin parfois, disons que j'aimerais bien me remettre en couple, mais pour le moment je ne suis pas pressé. Et toi ?

— Quoi et moi ? Je suis en couple. Je viens de passer dix minutes à me plaindre, riais-je nerveusement.

Je détestais me plaindre, mais il avait une faculté à me faire parler, sans que je m'en rende compte. Si je ne faisais pas attention, je lui déballerais toute ma vie. Il aurait dû être psychologue.

— Oui, mais la question est... ménagea-t-il son suspens, est-ce que tu vas le rester ?

Je n'avais pas su répondre. Je ne le savais toujours pas aujourd'hui, enfin pas complètement. Je savais que j'allais rompre avec Gregory, il n'y avait pas d'issue. La question était plutôt quand et comment. Je ne voulais pas le faire souffrir, mais nous étions tous les deux malheureux, il fallait bien que l'un de nous prenne la décision.

*****

A ma grande surprise, Rémy vint me chercher alors que je finissais les valises. Adossé à la porte de ma chambre, cette vision allait me poursuivre.

— Qu'est-ce que tu fais là ? demandais-je en m'efforçant de ne pas regarder son jean qui tombait bas sur ses hanches, à cause de ses mains dans ses poches.

— Je viens te chercher. La décoration est finie et Alexia veut ton avis.

Je souris à l'idée qu'il lui avait surement annoncé qu'il venait me chercher à sa place.

— Génial ! J'arrive.

— Tes valises sont finies ? Je pourrais t'aider à faire le transfert, si tu veux.

— Ce n'est pas la peine, j'ai Greg si j'ai besoin d'un coup de main.

Il pencha la tête, l'air de douter sérieusement de ce que je racontais. Il y avait de forte chance pour que je sois la seule à déménager nos affaires.

— Au fait, merci encore pour samedi, lançais-je alors que nous rejoignons l'aile gauche.

— Oh, de rien. Je suis content que tu ais passé une bonne soirée.

— Moi aussi, confessais-je tout bas.

Il s'effaça pour me laisser entrer, et je surpris Alexia qui nous regardait curieusement. Elle se reprit et me fit faire le tour du propriétaire. Rémy nous accompagna et m'expliqua ce qui avait été fait. Loin de se lancer des fleurs, il mit en valeur tous ses collègues et ne se vanta pas une seule fois. Je le regardais admirative. Dans ma profession, il était rare que les gens ne s'attribuent pas tous les mérites.

*****

Après avoir fait le tour, je les laissais récupérer leurs affaires et partir, avant de m'attaquer au changement temporaire de chambre. La chaleur du mois d'août allait rendre ma tâche harassante. Heureusement, je n'avais qu'à récupérer nos vêtements. Je sentais que j'allais regretter bien vite le nombre considérable de valises.

Je longeais le séjour pour rejoindre les escaliers quand je tombais sur Greg.

— Tout va bien ? lui demandais-je, anxieuse.

Il semblait complètement ailleurs.

— Oui, murmura-t-il renfrogné, avant de rejoindre la salle de billard.

Lui ou toi (plus moi)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant