Chapitre 4

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TAYRON

Je suis assis face à Malik, l'un de mes plus proche ami. Nous sommes dans le quartier périphérique de Burr Ridge, dans un manoir qui ressemble à une forteresse digne des plus grands films de science-fiction.

D'origine irakienne et saoudienne, il approche du mètre quatre-vingt-treize. Bronzé, d'épais cheveux bruns, des yeux vairons. Il ne passe pas inaperçu et s'assemble contre toute attente parfaitement avec Coralie, peau claire, rousse, yeux marrons.

Il doit bien y avoir trente centimètres d'écart entre eux et parfois je me demande si, quand les gens nous croisent dans la rue avec Victoria, ils s'imaginent que nous sommes ensemble.

« Alors ?

—  J'ai tout essayé et il ne parle pas.

J'observe son visage contrarié, il est rare que quelqu'un lui résiste. Notre captif d'hier en est pourtant à trois bonnes heures de torture.

— Vraiment tout ?

— Je sais être convaincant, je suis le meilleur pour ça et tu le sais. Si on continue sans lui faire une transfusion il ne va pas tenir pour la suite.

A Chicago les affaires se font dans l'ombre, ceux qui parlent trop ne parlent pas longtemps.
Nous devons obtenir des informations avant de leur livrer notre captif pour qu'il transmette notre message.
Ils ne le laisseront pas en vie, qu'il ait parlé ou non.

Je me lève et regarde par la fenêtre, pensif. J'ai raccompagné Victoria chez elle ce matin après que nous ayons nettoyé le bazar de cette nuit. L'herbe a été arrosée pour absorber le sang et l'ensemble de la maison arrangé au mieux. Elle n'y a vu que du feu.

Les filles sont avec elle pour vérifier son état mais j'ai eu droit à un sourire au réveil et elle a mangé son bol de céréales avec enthousiasme.

Cette jolie blonde me hante. J'essaie de me rassurer en me disant que c'est normal d'être inquiet pour celle que je connais depuis petite. Mais mon amitié à son égard s'est transformée en un désir féroce de protection puis d'obsession malsaine.

Je ne peux pas l'avoir par peur de la perdre car je foire tout et que j'ai une vie compliquée mais je ne veux pas qu'un autre lui vole son cœur. Est-ce qu'elle se doute de ce que je ressens ? Que j'imagine ses longues jambes autour de ma taille alors que je l'embrasse ?

Je reporte mon attention sur mon environnement.

Des meubles en bois massif de couleur acajou, deux canapés en cuir et un bureau soigneusement rangé au fond de la pièce. Il n'y a aucune âme entre ces murs, seule la cheminée apporte un peu de vie.

L'immense bibliothèque encastrée remplie de livres ne me fait plus aucun effet, pas plus que les quelques œuvres d'art et objets de collection qui traînent. Rares sont ceux qui ressortent du manoir vivants mais tout est fait pour les impressionner, c'est comme ça que marchent les affaires.
Le pouvoir ne se demande pas, il se prend.

— Ils n'avaient rien dans les poches donc ils étaient là pour finir ce qu'ils ont commencé.

Je réfléchis à voix haute. Ce n'était pas un cambriolage.

— Oui. Tarek et Jared ont passé la maison au peigne fin et il n'y avait aucun dispositif de télésurveillance installé non plus.

Les jumeaux sont plutôt bons dans les tâches annexes. Jared sort avec Romane, une brunette qui est chez Vicky. Tarek profite de son célibat, disons.

— La situation est plus grave que ce que je pensais. Nous n'avions pas besoin d'une alliance entre les Wolves et les Cobras.

— Qui te dis que c'est le cas ?

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