Chapitre 2

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L'adolescent s'arrête de parler. Il gratte le sang séché sur ses mains, pour essayer de le faire partir. Ses tremblements n'ont pas cessé, tout son corps est parcouru de spasmes. Il n'arrive plus à continuer de parler. De nouveau, les sons sont bloqués dans sa gorge qui est serrée. La boisson dans le gobelet a refroidi. Elle ne réchauffe plus ses mains.
L'homme assis en face de lui n'a pas bougé pendant qu'il parlait. Maintenant, il le regarde, immobile. Il attend la suite.

Tout se bouscule dans la tête de l'adolescent. Il n'arrive pas à mettre de l'ordre dans ses pensées et ses souvenirs.

- Qu'as-tu pensé de la ville ? demande l'homme.

Le jeune garçon lève la tête et le regarde. Il ne comprend pas le sens de sa question. En fait, il ne comprend pas le sens de tout ça. Il ne comprend rien.

- Elle..... Elle est différente, dit l'adolescent.

L'homme se recule et appuie son dos sur le dossier de la chaise.

- Différente ? répète t-il.

L'adolescent hoche la tête.

- Quel était ton endroit préféré de la ville ? demande encore l'homme.

L'adolescent réfléchit un moment. Sur son visage, on peut voir son expression changer progressivement. Ses sourcils se froncent, ses lèvres se crispent, son teint blanchit et ses yeux se rétrécissent. Son regard devient vide, mais l'homme peut voir les larmes qu'il essaie de retenir.

Au bout de plusieurs minutes de silence, l'adolescent prend une grande inspiration et murmure :

- La colline.

- Pourquoi la colline ? Pourquoi ce n'est pas le parc ? demande l'homme.

Le jeune garçon grimace comme s'il souffrait physiquement et des larmes coulent le long de ses joues.

- Non. Pas le parc. La colline, dit-il. C'est un endroit où on amène ses amis. Un endroit pour prendre de la hauteur. Un.... Un..... Un endroit.....

- On y reviendra après, dit l'homme en interrompant l'adolescent. Parle moi de ton travail. Tu t'y plaisais ?

Le lycéen ferme les yeux et soupire. Il met ses mains entre ses cuisses, comme pour les cacher. Il a arrêté d'essayer de gratter le sang dessus, il semble incrusté dans sa peau.

- C'était un travail facile. Le magasin n'était pas loin du lycée, ce qui était pratique. Le propriétaire était gentil avec moi.

L'homme pose les coudes sur la table écoutant attentivement le jeune garçon.

×××××××

La semaine est passée très vite. Jungkook aime bien cette école. Taehyung ne lui a pas reparlé, mais ça ne le dérange pas. Il ne se sent pas intéressant par rapport à lui et il aurait peur de l'ennuyer.
Les cours sont faciles pour le moment, même s'ils le déstabilisent un peu, car les professeurs leur demandent leurs avis et leurs opinions. Dans son ancien lycée, c'était du par cœur. On ne leur demandait pas de réfléchir par eux-mêmes. Les professeurs sont aimables et rendent leurs cours intéressants. Les élèves sont gentils, ils ont l'air de tous bien s'entendre.

Par contre, Jungkook a surpris plusieurs fois sur lui le regard de ce garçon triste, mais, à chaque fois, il détourne les yeux. Ça l'intrigue, mais il a fini par se dire que ce n'était pas par rapport à lui. Peut-être qu'il a un air triste pour autre chose. D'ailleurs, un midi, il l'a vu parler avec Taehyung et ses amis. Ils avaient l'air de plaisanter.

Il n'y a pas eu d'autre incident que celui du premier jour, quand il a voulu s'asseoir à la place de Taehyung. Jimin et Yoon-Gi ne lui ont pas adressé la parole, tout comme les autres élèves. Chacun est occupé avec ses amis, ses clubs et ses révisions.

Le Bonheur À Portée De MortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant