Chapitre 13

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- Je n'étais plus moi-même. J'avais tout le temps l'impression d'être dans le flou. Ma vision, mon jugement, les autres, tout était flou.

- Pourquoi tu n'as pas montré les messages à tes parents ou la police ? demande l'homme.

- Le lendemain, tout avait disparu, dit l'adolescent.

Il est toujours assis par terre, frigorifié. Il fixe ses mains ensanglantées, c'est comme s'il les avait plongées dans de la peinture.

- Il reste quatre mois, dit l'homme, que s'est-il passé pendant ces mois ?

L'homme, assis sur la chaise, le regarde. Le jeune garçon s'est habitué à sa présence et à sa façon d'agir. Son impassibilité et sa froideur, calme sa folie. Il est face à un immense vide et le regard de l'homme le retient de sauter. Le garçon a un sourire ironique face à la situation.
Il en a trop dit maintenant,
Il s'en fiche des conséquences. Il a l'impression de raconter l'histoire d'un autre. Il se sent détaché émotionnellement ou peut-être qu'il s'est habitué à vivre dans la peur. Son corps, lui, est en pleine détresse. Il souffre physiquement. Le harcèlement ne vient plus de l'extérieur, mais de l'intérieur.

- Septembre était l'antichambre de l'enfer. Les mois suivant étaient là descente aux enfers jusqu'à ce que j'y atterrisse, murmure le garçon.

- Ça a continué ? demande l'homme.

- Ça continue, dit-il en regardant l'homme dans les yeux.

Il voit qu'il le met mal à l'aise. Il sourit tristement et se calle contre le mur.

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A la fin du mois de septembre, Jungkook est épuisé. Grâce à Yoon-Gi, les autres élèves ne l'embêtent plus au lycée. Taehyung n'est pas revenu en cours et il n'a pas cherché à savoir pourquoi Jungkook ne vient plus chez lui le soir. Quant à lui, il n'a plus essayé d'apercevoir Taehyung chez lui. C'est la chose la plus dure qu'il n'ait jamais faite, mais il ne veut pas prendre le risque d'être témoin d'une nouvelle scène horriblement embarrassante. Chiyo, en revanche, lui manque beaucoup.

Par contre, ne pouvant plus l'embêter au lycée, les élèves le retrouvent à son travail. Ils cassent des produits, soit-disant, par erreur, ils l'insultent, le bousculent et, un soir, ils l'ont même attendu après son travail. Jungkook s'est enfui et il est rentré chez lui complètement essoufflé et en nage. Il ne se sent plus en sécurité nulle part. Ses harceleurs ont même réussi à le convaincre qu'il n'était pas normal et qu'il était un fardeau. La seule chose belle qui se passe dans sa vie, c'est quand il voit le papillon. En dehors de ça, Jungkook vit dans la peur des autres et de lui-même. Il a l'impression de devenir fou.

Il n'a toujours pas reçu de message de son frère et ça l'inquiète. Il se sent rejeté. Avec ses parents, c'est toujours tendu, même si sa mère est moins intransigeante que son père. Un soir, elle est venue le voir dans sa chambre pour lui demander s'il avait eu des nouvelles de son frère. Elle avait l'air triste. Elle lui a aussi demandé si lui allait bien et il lui a menti.

Le harcèlement et le chantage de la personne par sms sont devenus son quotidien. Son cerveau embrumé lui souffle qu'il mérite ce qu'il subit. Il est passé de l'anonymat le plus total au statut de la personne la plus détestée, mais il se sent vivant. Il existe aux yeux des autres, même si c'est de la pire façon qui soit. Peut-être qu'il aime se faire harceler....
En plus, il n'aurait pas été aussi proche de Taehyung et n'aurait pas eu des amis sans ce harcèlement.
Ces jours-ci, Jungkook se repose de plus en plus sur Jimin et Yoon-Gi.
Les jours passent et il attend le sixième ordre de son maître chanteur. Il est devenu une chose dont tout le monde peut en disposer comme il veut.

Le Bonheur À Portée De MortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant