Chapitre 9

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Le jeune garçon s'arrête une nouvelle fois de parler. Tout son corps tremble sous la couverture.
Ses yeux fixent le mur d'en face, sa respiration est saccadée.
L'homme allonge ses jambes devant lui.

- Qu'est-ce que tu ne me dis pas ? demande-t-il.

Le jeune garçon cache son visage sous la couverture. Si seulement il pouvait faire la même chose avec la vie. Il se mettrait sous une converture pour ne plus jamais en sortir, attendant qu'elle passe.
Soudain, la couverture est violamment tirée. Il se retrouve allongé sur le sol sans aucune protection, totalement démuni face aux images qui le hantent. Il gémit et cache son visage avec ses bras.
L'homme se lève et lui retire les bras de son visage. Il ne s'attendait pas à ce contact et la douleur irradie dans son corps.

- Lâchez moi ! Ne me touchez pas ! crie l'adolescent.

L'homme continue à tenir ses bras, essayant de l'empêcher de bouger et de le calmer. D'autres images se superposent. Des gens, des voix, des rires.

- Non ! Pitié ! Lâchez moi ! Je vous en supplie ! crie de désespoir le jeune garçon en pleurant.

- Calme toi, dit l'homme.

Le garçon ne l'entend pas, ne le voit pas. Son esprit s'enfonce. Son bon sens disparaît. Il se sent soulevé du sol, puis on le pose sur une chaise. Enfin, il ne sent plus les mains sur lui. Cette chaleur dérangeante, cette proximité écœurante, tout a disparu. Il retrouve le froid et la solitude qui l'entourent depuis un bon moment déjà.

- Ouvre les yeux, dit l'homme sèchement.

C'est un ordre. Le garçon obéit. Tremblant violamment de la tête aux pieds, il lève les yeux et croise le regard froid de l'homme. La folie qui est prête à prendre possession de lui s'éloigne peu à peu face à ce regard, lui laissant un sursis. Tout doucement, il reprend conscience de l'endroit où il est et de l'homme qui est en face de lui. Sa froideur le rassure.

- Dis moi ce que tu évites de me dire, exige l'homme.

L'adolescent ferme les yeux et a frisson de dégoût. Il laisse ses larmes couler, il n'a plus la force de les retenir ni de les essuyer.

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Jungkook est revenu chez ses parents. Il n'a plus adressé la parole à son frère. Il est toujours en colère après lui. Même si c'est injuste, il se dit que c'est en partie de sa faute s'il ne sait ps se défendre. C'est également en partie de ses parents et de la société coréenne qu'il n'arrive pas à gérer cette situation. Il est responsable bien sûr, mais on ne lui a pas appris à se protéger des autres.

Devant ses parents, il fait semblant que tout va bien alors qu'il est sur le point d'imploser. Quand il a passé suffisamment de temps avec eux, il se lève et leur dit qu'il sort faire un tour. Il prend son vélo et se met à rouler au hasard. Il aimerait ne plus penser à rien, ne plus se soucier de rien. Il a mal à la tête à force de repenser à ce qu'il a subi, à sa relation avec Taehyung et à sa famille.
Il a encore un mois de vacances. Comme il a 17 ans, il peut rester seul chez lui. Ses parents travaillent et ne seront pas là et ils ont accepté qu'il reste seul, maintenant qu'il est assez grand et responsable. C'est ironique de s'inquiéter pour ce genre de détails, quand on sait qu'ils ne remarquent même pas quand un de leur fils est harcelé et que l'autre ne va pas bien.
Jungkook se retrouve au pied de la colline que lui a montrée Taehyung. Comme il n'a rien d'autre à faire, il descend de vélo et la gravit lentement. Il prend le temps d'observer les arbres autour de lui et d'écouter les bruits de la nature. Cependant, son énervement est toujours là. Il continue d'avancer et atteint le sommet de la colline. Il regarde la ville qui s'étend à ses pieds, tout en essayant de s'imaginer ce que font les habitants à cet instant. Est-ce que, eux aussi, doivent affronter des secrets de famille ? Une amitié compliquée ?
Il lève la tête et regarde le ciel. Il fait chaud et le soleil réchauffe sa peau. Il pleut beaucoup en Corée, pendant l'été, mais pour le moment le ciel est clair.

Le Bonheur À Portée De MortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant